Jarvis Cocker reprend Christophe, Dutronc, Gainsbourg, etc… pour Wes Anderson

Jarvis Cocher Tip Top Chansons d'ennuiLe film de Wes Anderson, The French Dispatch, n’a pas été particulièrement bien accueilli par les critiques qui en ont eu la primeur en festival mais il constitue, de la part d’un grand réalisateur hollywoodien, l’une des plus belles manifestations de francophilie depuis le discutable Minuit à Paris de Woody Allen. Les plus observateurs avaient noté, à la fin du premier trailer, une reprise encore assez sibylline du Aline de Christophe qui semblait chantée par Jarvis Cocker mais cela n’avait pas donné lieu à une communication particulière.

C’est aujourd’hui chose faite avec la mise en ligne par l’artiste de l’intégralité de ce premier morceau, assorti de l’annonce d’un album entier de reprises de chansons françaises (en français) par l’ancien leader de Pulp. Le disque s’appelle Chansons d’Ennui et regroupe des pièces venues des années 60 et 70 essentiellement. Il sera proposé en complément de la BO du film qui mêlera, on l’imagine, certains de ces morceaux avec la musique composée par Alexandre Desplat. Le disque n’est pas signé Cocker mais attribué à un alias de circonstance Tip-Top. Ma foi. Parmi les morceaux qui sont repris, on trouve Mon Ami la Rose de Françoise Hardy, le Requiem pour un con de Gainsbourg, Contact de Bardot ou encore les Gens sont Fous, les temps sont flous de Dutronc. Que du bon et de l’assez pointu, donc.

On est pas certains que ce snobisme francophile accouche d’un album mémorable et digeste mais la démarche est intéressante et la sélection impeccable. Cocker réalise un bon travail sur Aline, son accent conférant un charme insoupçonné à l’original (dont il plombe néanmoins une partie de l’émotion). Le jeu en vaudra-t-il la chandelle ? C’est à voir. On se souvient que Cocker s’était déjà essayé à chanter du Polnareff dans le cadre d’un double disque hommage collectif. Mais son heure de gloire en français (ou du moins, en partie en français) est beaucoup plus ancienne. L’occasion idéale de réécouter le terrifiant Manon, parmi les plus beaux morceaux du Pulp des origines. C’était en 1985 et quand même autre chose.

Dans les jardins on peut voir Manon un enfant de quarante-cinq ans
Sa femme est morte, oui, c’est vrai, mais il cueillit la peau de ces os
Derrière les arbres, il voit une jeune fille en jouant avec son frère
Il les approche
Je vous renonce Manon
Vous êtes un vrai chien
Laissez son corps en paix Manon Manon.

Pour rappel, le film de Wes Anderson sort en octobre.

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