BBDA – Benjamin Biolay vs Dominique A : le match des Kaijū

Benjamin Biolay - Rends l'amourA l’échelle de la chanson française, c’est King Kong contre Godzilla ou plutôt Snizzard contre… Rodan. Vous aurez saisi la métaphore Kaijū, deux poids lourds et chouchous de la critique française sortent un nouveau single au même moment. A droite (enfin, on se comprend aussi), Benjamin Biolay jette (de la falaise) un Rends l’amour plutôt fédérateur, bien écrit et astucieux. Le texte est intelligent, chanson de séparation haut de gamme qui se caractérise par la complexité de son approche (entre désamour, idées suicidaires, humour cruel, vulgarité et cette idée de rendre l’amour après… utilisation). Bref, du bon Biolay chanté sur une mélodie attrape-tout entraînante et soulignée de jubilatoires et gentilles ponctuations synthétiques, mais chantée peut-être un peu trop bas pour la tessiture (habituelle) du chanteur. Biolay annonce en même temps un nouvel album Saint Clair et renforce ici son image de lover désabusé. C’est efficace et ça passe crème, même si on n’en prendra pas tout un album.

A gauche (on se comprend), trois minutes et quatre secondes d’orfèvrerie made in Dominique A. En attendant la sortie de son nouvel album, Le Monde Réel, prévu pour mi-septembre, Dominique A lance dans la mêlée le magnifique Nouvelles du Monde Lointain, titre assez archétypal dans sa construction (chant et mélodie) mais très soigné musicalement (cordes et piano), qui fait preuve d’une belle ambition et d’une emphase toujours redoutable. Parmi les titres « épiques » et quasi fantasy du chanteur, ce nouveau single résonne d’une forme de nostalgie pour un futur anonyme et connecté. L’addiction aux écrans est au cœur du nouveau morceau. L’homme est devenue une créature connectée aux écrans, irréelle et presque abstraite. Le mouvement conduit à une libération anti-technologique qui fait mouche dans un mouvement de retour aux sources (et aux étoiles) émouvant et très réussi.

Biolay ou Dominique A : le match des Kaijū débouche sur une alliance au sommet. L’amour vache pour l’un, la critique sociale pour l’autre. Le vers prosaïque et un peu cheap pour Biolay, la poésie ailée pour A. Le bonus pop et la séduction pour BB, la majesté pour A. Match nul mais bon match. Les Kaijū sont immortels. Il y aura d’autres occasions. BBDA fera à n’en pas douter de nombreuses victimes en septembre.

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