Cela faisait plus de deux ans qu’on avait pas eu l’occasion de parler du jeune prodige du hip-hop français et nouvelle pépite du label Banzaï Lab, Yudimah. Pour dire la vérité, cela fait aussi une petite éternité qu’on avait l’album entre les oreilles, puisque ce dernier s’apprêtait à sortir au siècle dernier avant qu’on nous coupe les vivres, l’électricité, l’eau et qu’on nous mette sous cloche. Résultat : ce qu’on tenait pour l’un des favoris au titre de disque de l’année (mais laquelle?) a été différé, puis différé encore, si bien qu’à le réécouter aujourd’hui on a l’impression 1/ que tout le monde le connaît déjà 2/ que ce disque est encore meilleur et fait déjà partie du patrimoine.
Dans notre monde alternatif, tout le monde a écouté Yudimah et le gars est devenu une célébrité française du calibre de Johnny ou disons, dans son registre, d’un mec comme Kanye West, rien que ça, en français et en beaucoup beaucoup moins chelou. Bref, Yudimah déboule et on espère bientôt en reparler en large et en travers avec ce qui n’est de fait que le premier single tiré de cet album remarquable qu’on découvrira (sauf cataclysme majeur désormais, mais on ne voudrait pas lui porter la poisse) le 1er octobre. Yeah permet de tenir jusque là et donne une assez bonne idée de ce à quoi on peut s’attendre : le flow le plus souple et le plus élégant entendu dans ces contrées depuis l’invention du genre, une fluidité proche de celle qui nous avait fait crier au génie la première fois qu’on avait entendu Patrice, avec un peu plus de rap et de hip-hop que de reggae dedans. La voix de Yudimah respire le groove, l’intelligence et la sensualité. C’est une voix de rappeur naturel qui se déploie sans effort en incorporant avec une facilité extraordinaire des décennies d’histoire de la soul et du rap. Yudimah est plus soufi et moins drôle qu’un Mau, moins énergique aussi, mais offre un équilibre quasi parfait entre l’intensité de la livraison, la vigueur du flow et la douceur d’une caresse.
On s’en tient là de sorte à garder quelques louanges pour l’album mais tout y est. Oui, et en plus, il est super beau…