Un feu de cheminée qui crépite, le chat qui ronronne sur les genoux, un bon Armagnac qui réchauffe le gosier et une musique crépusculaire alors que le reste de la famille est déjà endormie. Et généralement, ce n’est pas vers les disques de Jon Hopkins qu’on s’oriente, lui qui excelle pour les labyrinthes électroniques où l’esprit se heurte à des infrabasses et des coupés-décalés implacables jusqu’à ce que le corps s’abandonne jusqu’au bout de la nuit. Dans ce registre qui nécessite de lâcher prise, Singularity (Domino), son dernier album en date (2018), et son prédécesseur Immunity (Domino – 2013) sont absolument géniaux – même si vos voisins ne les apprécient pas.
Même si le producteur–compositeur anglais n’a pas son pareil pour les subtilités insidieuses et les compositions mouvantes, on ne l’imaginait quand même pas couper toutes pulsations et s’embarquer dans des travées méditatives – quand bien même, le dernier album s’effondrait déjà en son milieu le temps de Feel First Life aux relents de chants grégoriens.
Jon Hopkins revient aujourd’hui avec une reprise de Thom Yorke, Dawn Chorus, extrait d’Amina (2019). Fasciné par le morceau effondré du leader de Radiohead, il l’a réinterprété au piano et l’a enregistré vite fait-bien fait, sans fioriture (il faut tendre l’oreille pour déceler quelques apports synthétiques), en ne s’éloignant pas formellement de l’original – le chant en moins. Cette relecture fait suite à plusieurs morceaux divulgués par Hopkins ces derniers mois, comme Scene Suspended. Manifestement, privé de concerts, il file un spleen qui confine à la dépression. Faudrait pas que ce confinement dure plus longtemps, au risque de le voir reprendre Yves Duteil à la flûte à bec.