Kurt Vile s’impose, avec ce sixième album sorti fin 2015, comme l’un des plus intéressants guitaristes/chanteurs de la scène indie folk rock américaine actuelle. Originaire de Philadelphie, âgé de 36 ans, Vile nous offre une musique élaborée et assez novatrice faite de riffs, rythmiques ou arpèges joués à la guitare acoustique, électrique ou encore au banjo, instrument qu’il a appris dans sa prime jeunesse. Il est accompagné d’un bassiste, d’un batteur et d’un deuxième guitariste également claviériste.
L’aspect assez unique de ses compositions tient au fait qu’il en ressort une atmosphère hypnotique découlant de la répétition des motifs joués par les guitares. Pour enrichir son jeu, Kurt a recourt à des accordages en open tuning ce qui permet des sonorités nouvelles notamment sur le titre intimiste That’s Life Tho. Un autre bel arpège ou finger picking est à relever sur le titre All In A Daze Work. Kurt y joue une ligne rythmique avec les cordes basses de la guitare et une mélodie avec les trois autres cordes aigües de l’instrument.
D’une esthétique folk roots, folk-rock indé, ses morceaux guitare/voix se rapprochent de certaines chansons de Jay Mascis du groupe Dinosaur Jr., artiste avec lequel Kurt partage un état d’esprit et une façon de chanter nonchalants. L’apprentissage précoce de la trompette a très certainement permis à Vile de développer une solide technique vocale (gestion du souffle et puissance des notes expirées). Effectivement ses mélodies chantées sont loin d’être monocordes, parfois reprenant à l’unisson la suite de notes complexes jouées à la guitare notamment sur le très bon morceau Pretty Pimpin’ ou encore alternant voix de tête et de poitrine à l’image d’un véritable yoyo vocal sur le titre Dust Bunnies. Ce dernier titre est joué à la guitare électrique Fender Jaguar ou Jazzmaster comme il se doit pour tout admirateur de Sonic Youth dont la singularité a sûrement influencé Kurt dans sa recherche de son passant par une utilisation de multiples pédales d’effets. La grille d’accords sur le titre Dust Bunnies relève d’une réelle créativité, on a à faire ici à des accords enrichis ce qui change de ceux à trois sons souvent récurrents dans les compositions pop-rock. Les arrangements apportés par la basse, claviers ainsi que les parties batteries se superposent harmonieusement et de manière originale à l’essence des compositions.
En ce qui concerne les textes, l’ambiance est partagée, oscillant entre un Kurt profondément décontracté voir dans un état second (il suffit d’écouter les paroles du titre Pretty Pimpin’ pour s’en faire une idée) ou alors plus mélancolique comme sur le morceau That’s Life Tho. Un disque multi facettes donc mais au titre toutefois univoque : B’lieve I’m Goin Down… Ce musicien semble tiraillé entre une approche contemplative, compassionnelle de la vie et un côté moins rigoureux et festif comme dans le titre assez funk Lost My Head There.
Mais globalement même si les couleurs musicales des chansons s’alternent tout au long du disque, il en ressort un certain désenchantement général, peut-être un état des lieux assez critique de cette orientation que peut offrir la musique associée à la défonce.
02. I’m An Outlaw
03. Dust Bunnies
04. That’s Life, Tho (Almost Hate To Say)
05. Wheelhouse
06. Life Like This
07. All In A Daze Work
08. Lost My Head There
09. Stand Inside
10. Bad Omens
11. Kidding Around
12. Wild Imagination