Il va falloir qu’on se fende un de ces jours d’une vraie rétromania consacrée au pape du spoken word, au William Burroughs de la poésie chantée, au Mark E. Smith des corbeaux baudelairiens, au Neil Gaiman punk, John Cooper Clarke. Le gars qui traîne depuis une éternité entre Colchester et Salford est une figure au moins aussi importante de la scène indie rock britannique (mancunienne) que disons… Peter Hook, Ian Curtis ou Mark E. Smith. De tous les combats, de toutes les joutes, mi-poète, mi-punk, mi-chanteur, mi-junky, John Cooper Clarke est l’invité surprise de nombreux concerts rock, un fantôme de légende d’un peu plus de 66 ans qui aura été produit par Martin Hannett, aura joué avec Pete Shelley, été admiré par les Artic Monkeys ou The Fall mais aussi aura vécu (et couché, même s’il ne s’en souvient pas vraiment, et partagé ses meilleures seringues) quelques années avec le mannequin chanteur de légende Nico.
John Cooper Clarke est l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours qui a vu l’aiguille qui a vu le bras qui a vu la coupe en pétard qui a vu la new wave qui a vu le punk qui a vu la corde qui a vu le vers (libre) dans le fruit. C’est un bandit manchot, un épouvantail gothique et une bible ambulante, en même temps que l’auteur de poèmes parlés à se damner à base de vie quotidienne à la John Betjeman, amour et volupté, cité et classe ouvrière, mais aussi de délires puissants sur les extraterrestres et les poulets avec ou sans tête. Ecouter John Cooper Clarke est un truc complètement snob et inutile si on ne pige pas l’anglais mais comme il est assez facile de se procurer ses textes et de les lire en l’écoutant, on serait fou de bouder son plaisir. Du coup, cela devient vite un truc indispensable, enivrant, à la fois drôle et divinement poétique. Il faut imaginer une sorte de Grand Corps Malade en 10 000 fois plus cool et moins bidon, la cane en moins et la came en plus, une sorte de Keith Richards sans guitare, qui passerait son temps à faire du stand up avec la classe de Dorian Gray, snifferait ses parents à la paille et aurait la tronche ravinée façon falaises de Douvres par l’histoire du rock. Pour la première fois le 16 octobre (c’est à dire tout de suite), sort une Anthology du maître en 3 CDs et 1 DVD. Le coffret qu’on a reçu il y a quelques jours n’a pas encore livré tous ses secrets mais on peut déjà dire que c’est un machin qu’il faut avoir chez soi pour les longues soirées d’hiver et si on veut avoir une (seule) chance de capter quoi que ce soit à l’Angleterre. Punk et poésie. Rock et littérature. John Cooper Clarke aura été le seul type dans l’après 1976 à pouvoir se dresser pendant une heure sur une scène, seul avec un paquet de feuilles dactylographiées, devant 120 punks sans se faire défoncer la gueule ou ratatiner. Que ce genre de type existe témoigne à lui seul de la supériorité de la culture britannique sur la nôtre. A la place, on se tape Abdel Malik et je ne sais quel autre pantin du free verse. Autant dire qu’on n’est pas vernis. Mais on le savait déjà.
CD1
1. Evidently Chickentown
2. I Wanna Be Yours
3. I Travel In Biscuits
4. Conditional Discharge
5. Valley Of The Lost Women
6. I Don’t Want To Be Nice
7. Drive She Said
8. (I Married A) Monster From Outer Space
9. A Distant Relation
10. Midnight Shift
11. Post-War Glamour Girl
12. Beasley Street
13. Readers Wives
14. Teenage Werewolf
15. Health Fanatic
16. Night People
17. The Day My Pad Went Mad
18. A Heart Disease Called Love
19. Limbo (Baby Limbo)
CD2
1. (I Married A) Monster From Outer Space (John Peel Session 1978)
2. Gimmix! Play Loud
3. Health Fanatic (John Peel Session 1978)
4. Mustn’t Go Down To The Sea Again (Live at Hulme Playhouse 1983)
5. Spilt Beans (John Peel Session1978)
6. Twat Hulme (Live at Hulme Playhouse 1983)
7. Readers Wives (John Peel Session 1978)
8. The Barber (Live at Hulme Playhouse 1983)
9. Bronzed Adonis (Live at Hulme Playhouse 1983)
10. Drive She Said (Live at Hulme Playhouse 1983)
11. The Scarlet Snow
12. Never Seen A Nipple In The Daily Express (Live at Hulme Playhouse 1983)
13. Conditional Discharge (Alternative Mix)
CD3
1. Midnight Shift (John Peel Session 1982)
2. Gaberdine Angus (Live)
3. Marjorca
4. The Day My Pad Went Mad (John Peel Session 1982)
5. Film Extra’s Extra (Live at the Manchester Ritz 1978)
6. I Don’t Wanna Be Nice (Alternative Take)
7. Nothing
8. Limbo (Baby Limbo) (Live)
9. Night People (John Peel Session 1982)
10. Intro and Salome Maloney (Live at the Manchester Ritz 1978)
11. The Pest (Live at the Manchester Ritz 1978)
12. Sperm Test (Live at the Manchester Ritz 1978)
13. (I Married A) Monster From Outer Space (Live at the Manchester Ritz 1978)
14. He Doesn’t Try
DVD
1. See The World (Evidently John Cooper Clarke)
2. I Don’t Want To Be Nice (Old Grey Whistle Test 1978)
3. Evidently Chickentown (BBC Something Else)
4. Glasgow Apollo (BBC documentary)
5. Readers Wives (Old Grey Whistle Test 1978)
7. Post-War Glamour Girl (Old Grey Whistle Test 1981)
8. The List Of Things That Don’t Exist (Evidently John Cooper Clarke)
9. I Wanna Be Yours (Live at Palace Theatre Manchester 2014)
10. Evidently Chickentown (Live at Palace Theatre Manchester 2014)
11. Beasley Street (Live at Palace Theatre Manchester 2014)