Avec l’afflux de bons sentiments que nous ont commandés les fêtes, on n’a pas résisté à l’envie de se faire un dernier plaisir de « hater », de gros ravagé de la tête et d’amateur de sons crasses et bas du front. C’est exactement ce que nous fournissent les Dalla$ (putain, on vient de s’apercevoir que le sigle dollar a disparu de notre clavier et que cet article va être le plus chiant du monde à écrire à chaque fois qu’on va devoir citer le nom du groupe!) avec ce nouvel EP surprise, baptisé Haine Lowcost. La pochette rappelle ces atrocités rap à la MF Doom où des trucs dégoulinaient de partout en sentant bon la graisse et la musique de caniveau. Dalla$ a cette élégance naturelle des déglingos, des enragés et des punks à chiens. Le titre enclipé pour l’occasion, Haine Gratuite, est confus, vibrant et désespérément agité du bulbe. Le chant rappelle une version encore plus trash de Philippe Katerine, voix blanche et criarde, carburant au speed (rabbit) de supermarketstein, tandis que la rythmique mi-rock mi-rap envahit un espace étrange et transgenre qui ressemble vaguement à du trap ou à du gabber, cette forme un hardcore de l’electro où la pulsation est si vive qu’on a envie de sauter dans tous les coins et d’agiter sa calvitie. Speedcore et ta mère. Celui qui mettra un nom sur ce genre de musique ira droit en enfer ?
De quoi Dalla$ est-il le nom, dirait l’autre ? On n’en sait rien du tout. On ne pige qu’un mot sur deux, on n’est pas emballés par la mélodie ni l’inventivité du morceau (qui se soucie encore de ça ?) mais l’énergie est extraordinaire et la vibration envoyée par le morceau irrésistible. Il y a quarante ans, on disait « punk » ou « trash »‘ puis DIY-je-ne-sais-quoi, voire garage (dans ton c***) : enfin, l’idée est posée. Entre deux parties de Nintendo et un shot de Tequila Banga, c’est la musique qu’il vous faut avant de défier votre belle-mère à l’enfournage d’huîtres creuses. Les 5 titres de Haine Lowcost ne ressemblent à rien de connu, ils sont punks jusqu’au bout des orteils, électro clash, mais aussi étrangement foutraques, comme si les types qui avaient composé cela sortaient d’une semaine entière en boîte de nuit ou en rave party. Les textes sont drôles, acides, caustiques, aussi méchants que la musique est sourde. Les punchlines font mouche et on s’amuse devant tant d’audace. Le producteur Pakun Jaran est aux manettes et payé sans doute pour rajouter du bordel au bordel, noble mission dont il se tire, d’après le résultat, avec beaucoup de talent !
La crasse à Dalla$, on disait. Le Père Noël est une ordure de Bordeaux.