Même les meilleurs peuvent se planter. Auréolé d’une carrière quasi parfaite avec The Fugees, auteur d’une bonne dizaine d’albums et compositeur d’une série impressionnante de tubes imparables ces vingt dernières années pour le gratin du hip hop et du Rnb depuis Shakira jusqu’à Carlos Santana, Wyclef Jean a eu la bonne mauvaise idée de reprendre en amont de la promotion de son nouvel ep, J’ouvert, le Ne Me Quitte Pas de Jacques Brel.
L’exercice de la reprise en français pour les chanteurs anglophones est toujours casse-gueule mais cette version restera probablement parmi les plus lamentablement grotesque de l’histoire. Le pourquoi de cette reprise est pourtant noble: Wyclef Jean a expliqué que sa mère lui faisait écouter le titre lorsqu’il était enfant, la présentant comme la chanson d’amour la plus belle du répertoire français. Malheureusement, l’hommage à Brel se solde par une version complètement foirée et foireuse, aussi bien dans les arrangements à contresens que dans l’interprétation encore plus surjouée que ne l’interprétait Brel. Dommage évidemment mais on ne peut pas toujours sonner juste. On se consolera avec le mini album J’ouvert, qui sort ces jours ci chez Modulor et qui devrait être autrement plus intéressant. A quelques encâblures des 20 ans de son album culte Carnival, le EP célèbre pêle-mêle les ambiances et origines caribéennes du chanteur, son enfance dans le New Jersey et à sa manière l’élection de Donald Trump (If I Was President 2016). Le premier morceau de ce mini-album de 10 titres, Hendrix, est sublime et évidemment autrement plus consistant que son Ne Me Quitte Pas.
Le bonhomme devrait revenir prochainement en 2017 avec un Carnival III, très très attendu. De quoi oublier, qui s’oublie déjà, les malentendus.