Tubes de l’été : Stick garde ses chaussettes à la plage

Stick - Tubes de l'été pour gothique dépriméLa mode sur les grandes antennes n’est plus tellement aux tubes de l’été. C’était pourtant une tradition admirable qui nous a valu des chansons mémorables comme La Lambada, Get Lucky, Chihuahua ou Choopeta. Le toujours audacieux Stick, dont on réécoute 18 mois après toujours l’impeccable Glossolalie avec autant d’appétit, a décidé de renouer avec cette tradition capitaliste : nous donner de quoi nous trémousser dans les campings et jouer à frotti-frotta avec les touristes hollandaises ou brésiliennes (ou même allemandes, tiens, pourquoi pas). C’est pour cette raison qu’il a choisi la touffeur (relative) du mois d’août pour aligner un nouveau 7 titres (rien que ça) intitulé le plus bêtement du monde Tubes de l’été (pour gothique déprimé).

Au programme, de la danse, de la rumba, des béguines et aussi des titres dansants aux influences flamenco, soit l’environnement musical rêvé pour musarder au soleil et exprimer sa joie de vivre entre deux parties de badminton transgenre. La danse est le propre de l’homme, la danse l’été, l’acmé de son expression sentimentale et corporelle. Le premier morceau extrait de ce ep à la tracklist prometteuse, Insanités, Golmon, Tube de l’été (pour gothique déprimé), DNDM, La meuf en robe rouge, Kidispliff, Si Diable veut…,  est le morceau éponyme.

A l’écoute, quelle surprise ! Notre déception est immense. Ce tube de l’été est une catastrophe et n’est pas du tout fait pour danser ou faire des cunnilingus dans les dunes. Le rythme est down-tempo et le chanteur aligne les punchlines agressives et ironiques qui témoignent de sa tristesse et de sa jalousie envers les vrais artistes qui ont du succès et vendent des CDs dans les supermarkensteins. « J’tape ma dépression estivale pendant que les autres rappeurs tapent la tournée des festivals. Combien j’vais voir de ces trous de balle me passer d’vant ? » Tu n’as qu’à t’en prendre à toi-même, loser. Stick est amer, semble avoir un problème avec le sexe et aligne les références ultraviolentes évoquant pêle-mêle des objets culturels pop dangereux pour la jeunesse comme Evil Dead (dont on déconseille par ailleurs formellement la série Ash vs Evil Dead) et Massacre à la Tronçonneuse. Ce n’est pas drôle du tout et ça finit par mettre mal à l’aise. Il nous avait déjà fait le coup avec Grippe-Sou le clown. Sa conception de la femme (qu’il assimile à son sexe, « abricot » comme il dit) est détestable et rétrograde. Enfin bref, ce morceau n’est pas la tuerie annoncée et n’a pour toute qualité qu’une utilisation franche et très qualitative de l’autotune en fin de bande. Pour le reste, c’est vraiment n’importe quoi.

Non, Monsieur Stick, il ne suffit pas de mettre une chemise hawaïenne pour faire bip-bip dans les discothèques. Ce n’est pas ainsi que vous monterez sur un podium de l’été à Argelès ou que vous décrocherez le titre de Mister Cocktail. Si vos autres morceaux sont du même acabit (on espère que Golmon, ne veut pas dire Mongol à l’envers), il est inutile de penser qu’on pourrait inciter quiconque à télécharger votre affaire sur les plateformes qui devraient avoir honte de vous héberger. Mieux vaut encore écouter The Cure ou Alain Souchon quand on a un coup de moins bien. Ca c’est de la vraie mélancolie avec des textes de poésie. On a l’insuccès qu’on mérite. Bonnes vacances.

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