Mais qu’est-il arrivé à Ladyhawke (alias Pip Brown) ? La belle Néo-Zélandaise avait pourtant frappé fort, en 2008, avec un premier album self titled (porté par les tubes Paris is Burning et My Delirium). À l’époque, ce faucon de nuit (au patronyme chipé à un navet culte de Richard Donner) ressemblait à une Kim Wilde indie-pop, à une inspirée baroudeuse des soirées nightclubbing. Or, dès l’opus suivant (Anxiety, en 2012), l’inspiration commençait à suivre un chemin routinier, un peu patraque, pas très exaltant (les hymnes d’hier se changeaient en grosses ficelles). Wild Things (disque quitte ou double) confirme un alarmant surplace, du vintage sans folie, une mécanique pop aux sonorités trop voyantes.
Le fan originel pourra retourner cet album dans tous les sens, le constat rend maussade : chaque tube potentiel (autrement-dit, onze titres sur onze) s’écroule dès l’apparition du refrain. Comment expliquer telle bérézina ? Pip Brown, dans sa volonté d’offrir du commercial « ambitieux », abuse des leitmotivs mielleux (« This is love / This is everything » sur Chills), elle pousse les vocalises jusqu’au FM, se planque derrière le gros son au détriment de la chanson. Wild Things est une Ferrari à la parfaite carrosserie (ça brille, c’est clinquant, ça explose les enceintes) ; sauf que le moteur tombe en panne dès qu’il s’agit d’accélérer la vitesse. Le premier Ladyhawke concourrait aux 24 heures du Mans, celui-ci n’irait pas plus loin que la distance Place d’Italie / Kremlin-Bicêtre.
L’échec Wild Things s’explique également par un cliché parfois détenteur d’une part de vérité : dès qu’un artiste respire le bonheur, sa production en pâtit. Et Pip Brown, aujourd’hui, semble très heureuse, très amoureuse. Tant mieux pour elle. Reste qu’elle nous inflige ici un concours de chant dédié à la passion, à « l’insondable mystère du cœur qui palpite » (ce genre) – sujets fillettes qui n’aident pas vraiment à l’identification. Et puis, honnêtement, qui donc éprouverait le besoin de se farder un disque affichant son bien-être, tout en clichés et complet déphasage avec une époque qui n’incite guère à l’optimisme ? Dans son petit monde, Ladyhawke aborde des thématiques dont-il est légitime de se contrefoutre.
Excellente critique qui a su trouver les bons mots !