C’est un beau cas d’école pour Anthony Reynolds : comment un groupe de seconds couteaux, pur produit de la scène post-power-émo-pop américaine de la toute fin des années 90, peut-il gagner avec le temps une crédibilité telle que, dix-sept ans après son seul et unique album (éponyme, Polyvinyl Record Company), la parution de leur second album le 05 octobre 2016 soit annoncé comme un événement, qui plus est via un label influent comme Wichita ?
Car, même si on pu apprécier cet album d’American Football dès sa parution en 1999, on n’aurait jamais imaginé que ce disque soit érigé en référence après avoir été réédité en 2004, puis publié une première fois en vinyle en 2008, et enfin réédité et remastérisé en version deluxe en 2014. Un joli coup du sort pour le quatuor de l’Illinois mais qu’on aimerait plus fréquent (et pourquoi pas Seam la prochaine fois ?). D’autant que si le chanteur-guitariste Mike Kinsella a continué sous le nom d’Owen, il n’a pas connu un grand succès – même si c’est toujours mieux que ses partenaires, plongés dans la confidentialité de leur projet The Geese.
A l’instar de nombre de groupes mastodontes alléchés par le bruit du tiroir-caisse et/ou du mirage de renouer avec une jeunesse évanouie, American Football remontait sur scène en 2014. Naturellement, les quadras qui n’avaient donc jamais rangés les guitares, se retrouvèrent en studio avec une poignée de nouvelles chansons. Bien évidemment, tous les attachés de presse diligentés pour mettre en exergue ce retour inattendu s’appliqueront à souligner l’évolution du groupe : un son plus large, des paroles moins naïves, une production plus profonde, etc. Oui, peut-être, mais cela ne saute pas aux oreilles à l’écoute du single Desire Gets In The Way.
Et c’est tant mieux. On veut juste se laisser piéger par ce break malin, cette mélodie toujours en rupture et ce chant braillard.