Possible que son nom ne vous dise pas grand chose mais Mike Kellie aura été depuis le milieu des années 60 jusqu’à récemment l’une des plus fines paires de baguettes du Royaume-Uni. Batteur de son état, l’homme a figuré (d’où notre titre spirituel) à l’affiche du supergroupe formé par Johnny Thunders et son compagnon de route Peter Perrett, baptisé The Living Dead. Cette formation (sous haute influence) n’aura laissé qu’une petite trace discographique et 100% rock punk. Kellie avait fait ses armes bien avant dans une série de groupes devenus cultes du psychédélique garage. On le trouve en 1967 à l’affiche de l’unique album du groupe Art, le génial Supernatural Fairy Tales, qui deviendra l’un des plus emblématiques albums annonciateurs du rock progressif. Art devient très vite Spooky Tooth, autre ensemble référence emmené par son chanteur Mike Harrison. Kellie y assure une rythmique métronomique et solide assez proche de ce que fait Ringo Starr pour les Beatles. Fort et costaud, Kellie développe un jeu puissant, incisif et néanmoins varié. Sa taille et son allure lui donnent une envergure et une aura appréciées par la gente féminine.
Avant de rejoindre The Only Ones, le groupe formé par Peter Perrett, John Perry (guitares) et son complice Alan Mair (basse), Kellie fait un détour par la France où il accompagne notre Johnny national pour sa tournée des plages 1974. Il gardera de cette période (outre quelques conquêtes amoureuses) un goût pour les associations célèbres et conservera, notamment dans les années 80, une intense activité de « batteur des stars » pour des sessions studio et des tournées. Kellie apparaît ainsi aux côtés des Who (période Tommy), Joe Cocker, Peter Frampton, George Harrison, Nick Kent ou Jerry Lee Lewis. Joli CV donc qui sera complété en 2010 par un album solo, Music From The Hidden, qu’on n’a pas écouté.
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Mais pour les connaisseurs, ce grand gaillard chevelu restera, avec Alan Mair, le grand artisan de la dynamique propre aux Only Ones, l’un des groupes pré-post punk les plus intéressants de la période. Au service de son leader, le génial Perrett, Kellie participe entre 1978 et 1980 aux trois albums du groupe, lesquels abritent une série de chansons remarquables depuis Another Girl, Another Planet, jusqu’à The Beast, No Peace For The Wicked, Lovers of Today ou encore Me and My Shadow ou Why Dont You Kill Yourself.
Au gré des ravages causés au sein du groupe par l’héroïne (et des éclipses légendaires de son chanteur), Mike Kellie continue son bonhomme de chemin, allant jusqu’à se retirer à la campagne pendant plus de 20 ans entre le Pays de Galles et l’Ecosse pour élever des brebis.
Mike Kellie est mort hier d’une longue maladie déclarée en septembre 2016 et dont il n’avait tenu informé personne.