Les choses terribles de Jon Kennedy, maître trip-hop

Jon Kennedy - My TechnologyLes pionniers de la période trip-hop se font de plus en plus discrets ces temps-ci. Soit qu’ils aient peu à peu fait évoluer leur son, soit qu’ils aient choisi de fermer boutique. Parmi eux, l’Anglais Jon Kennedy fait figure de résistant, puisqu’il a choisi, depuis sa retraite tchèque, de continuer à travailler assez exactement dans la ligne esthétique de ses vingt ans.

En activité depuis près de vingt-cinq ans, le musicien et batteur s’était fait connaître en 2002 sur son deuxième album, sorti sur le mythique label Grand Central Records. Avec les contributions de Kate Rodgers et Aim, notamment, ce disque, Take My Drum To England, reste encore aujourd’hui une référence (méconnue) du genre. Kennedy avait alors établi sa résidence à Bristol pour y travailler avant de quitter l’Angleterre pour l’Est de l’Europe, faire le DJ international et continuer à composer tranquille. On avait rendu compte de son chouette MMXX en 2020.

Depuis ce temps, Jon Kennedy a appris à chanter, à s’entourer aussi évoluant souvent sur scène avec quatre ou cinq musiciens et a délivré régulièrement des albums impeccables marqués par un usage savant remarquable des rythmiques, la batterie étant clairement son instrument de prédilection et la colonne vertébrale de ses morceaux. Ce nouveau single, Terrible Things, ne fait pas exception, qui brille par sa simplicité atmosphérique, sa belle profondeur et l’usage de samples et vocaux intrigants. Le morceau se développe avec beaucoup de finesse pour créer un climat angoissant et infectieux. Le tempo est volontairement ralenti comme si le monde avait été mis sous cloche pour mieux y faire entrer les spectres.

Ce morceau fait partie du nouvel album à paraître de l’artiste, dont la promotion a démarré en septembre dernier avec la mise en ligne d’un premier extrait, Drifting. A raison d’un titre par mois à peu près, ont suivi Suicide, Step On One, Narcotize et Incubus, morceaux dont on imagine qu’ils pourraient bien se retrouver sur le LP. Les titres trahissent des préoccupations plus sombres, voire ésotériques, que d’ordinaire mais sont surtout caractérisés par la force des ambiances qu’ils créent, la puissance suggestive des arrangements et des mélodies. L’artwork est tout aussi somptueux.

On ne sait pas encore quand sortira My Technology mais il se pourrait bien qu’il soit le plus bel album de trip-hop originel sorti depuis une éternité. On peut suivre l’actualité de Jon Kennedy sur son Bandcamp et on reparlera bien sûr du disque en temps utile.

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