Sapristi ! Enfin non Mazette est plus de circonstances. On a loupé la sortie fin février du gros EP Moods du beatmaker tourangeaux. Passé l’étonnement, les deux oreilles sont mises en position d’écoute attentive pour vingt-neuf minutes d’abstract hip-hop léché.
Le bain est chaud et on y rentre équiper d’un Zaï qui joue parfaitement le rôle de poisson-pilote. Il résume à lui seul les qualités de ce projet. Une puissance tranquille se dégage de la musique proposée par Mazette sur Moods. Jouant bien moins sur l’esprit Dub qu’on lui avait connu sur son précédent essai datant de 2017. Le chef d’orchestre sonore s’en va proposer un abstract hip-hop résolument pêchu aux accents humains. L’utilisation parcimonieuse et à bon escient d’extraits sonores de film ou de musique (on retiendra Un Disque Rayé de C-Sen) permet de lui donner un caractère engagé. Que le blase de Mazette ait été associer à Banzaï Lab (présence sur le volume 10 des compilations des bordelais) n’a rien d’une surprise. Tant ce que propose Mazette se rapproche de la ligne musicale défendue par l’écurie girondine.
L’artwork de Moods diverge résolument de ses précédents projets Chimères et Multi-Facettes. L’onirisme amphibien se voit remplacer par un visuel plutôt empreint d’irréel qui reste cependant bien ancré dans le réel. Un appel aux mystères de la nature en somme.
Nul doute que les prochains projets de Mazette iront dans une autre direction (ou pas) tant la palette du gaillard semble vaste. Pour vous en faire une idée, l’écoute de Multi-Facettes est indispensable. En bref, Moods est une des belles surprises de cette année 2020 qui réussit l’exploit de dissiper les nuages énoncés par Anne Sylvestre sur Tout Ira Mieux.