Chaque année les évadés d’Anticon nous donnent chacun de leur côté de leurs nouvelles. Délaissant son Ohio d’origine pour Berkeley en Californie, en bon voisin d’Alcatraz, Odd Nosdam est de ceux-là et confirme sans se renier son émancipation de son collectif originel.
Producteur du groupe cLOUDDEAD et collaborateur de Serengeti sur les très réussis albums C.A.R. et Kenny Dennis, Odd Nosdam dépose sa musique devant un Mirrors et celui-ci n’a rien de déformant. Le beatmaker s’en va conter le contraste entre l’apaisement et la perturbation mentale de la musique qu’il offre depuis vingt ans. Son abstract hip hop peut être d’un classicisme qui en ferait perdre son flegme à un aficionado d’hard tek (Mirrors I – Re : Flect) mais quand il revient à des productions aux rythmiques lentes, triturées et remplies de saturations (Air Up – Cookies), l’intérêt et le plaisir reviennent. De la période cLOUDDEAD, on retrouve des interludes d’ambiances planantes qui permettent de faire respirer le tout et d’apporter le liant nécessaire à la cohérence de ce récit de drum & space. Mirrors II point culminant de cet essai par son changement de rythme et de ton, ne dépareillerait pas en fond sonore d’une scène épique de la série, diffusée par HBO, Westworld. Ce projet à l’atmosphère noir rempli de lueurs manque de consistance par moment bien que sa construction eut été parfaitement maîtrisé par Nosdam, digne d’un canevas brodé avec précision. On regrettera par ailleurs la durée très courte (32min) de cet album proposé par le label allemand Alien Transistor chapeauté par les frères Acher du groupe d’indie pop The Notwist.