Covid ou pas, l’actualité continue de nous abreuver de son lot de groupes de rock tellement genré qu’il serait naturel d’en avoir la nausée. Et pourtant, dans les palettes de revival post punk qui passent les frontières sans pass vaccinal, certains émergent auréolés d’une empreinte d’authenticité hybride imprimée au fer rouge d’un vécu tumultueux et dont les racines (re)prennent pied dans une créativité chauffée à blanc par le cynisme de certains, à peine contre balancé par le panurgisme d’autres., mais ceci est un autre débat.
S’il ne fallait s’intéresser qu’à la musique, celle de NOV3L se nourrit ou restitue, au choix, un éventail d’influences qui ouvrent la porte aux plus sincères marques de respect et aux meilleurs vœux de longue et florissante carrière, tant les sujets abordés n’auront, eux, de cesse à continuer à sévir malgré tous les espoirs d’un monde d’après que l’on fantasmait meilleur que celui d’avant. Raté !
Group Disease, Apath, Violent and Paranoid, Falling in Line, Notice of Forclosure… sont des titres qui font écho à une certaine actualité… pour cet album évidemment intitulé Non-Fiction, que les Canadiens assortissent d’un avertissement du style « toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est pas fortuite puisque c’est notre histoire ».
On y entend, retrouve, décèle la fureur d’une poésie sombre, contestataire (et) prolétaire (?)… On pense au Rattus Norvegicus des premières heures des Stranglers, au Relaxed Muscle de Jarvis Cocker mais aussi à l’influence qu’ont pu avoir Talking Heads sur beaucoup plus de groupes qu’il n’est usage de l’admettre…
Tandis qu’ils évoquent d’eux-mêmes et revendiquent avoir grandi à l’ombre de DEVO et Public Enemy, difficile d’éviter de name-dropper à la marge Gang of Four, Girl Band et autres crack cloud*… quand l’irruption de lignes de saxophone ou de piano ne viennent pas comme une convocation de James Chance… dont ils ont assuré en partie le backing band lors d’une prestation parisienne en 2019 !? (source).
C’est dans ces interstices que NOV3L se développe. Le groupe présente comme « un moteur de divertissement et de critique sociale … contre les pouvoirs malsains » avec une dénonciation anti-système marquée face aux similitudes d’addictions capitalistico-pharmaceutiques qu’il pose sur un socle sonore mélodique qu’il présente comme une proposition artistique innervée de « new-wave rigide, funk anguleux, disco polyrythmique et (de) punk intellectuel »… en oubliant de dire que c’est, avant-tout – ou presque, très (très) dansant.
*l’album est produit par Bryce B.H.C Cloghesy du collectif crack cloud