Qui a besoin du retour de Shed Seven ?

Shed Seven - Instant PleasuresLa réponse est claire : PERSONNE. Déjà en 1994, lorsque le groupe s’était fait connaître après quelques singles avec son album Change Giver, on avait un peu fait de Shed Seven notre bête noire et le groupe qui suffisait tout entier à faire peser un doute sur l’excellence britannique de la brit pop. La faute sans doute à un dosage des ingrédients qui nous paraissait, même à l’époque, forcé et trop relevé. Trop de voix : celle de Rick Witter nous a toujours paru affreusement envahissante, affectée et artificielle, en plus d’avoir un grain désagréable. Trop de rythmique :  entre la guitare virtuose de Paul Banks, la section rythmique du groupe de York pèse des tonnes. Puissante, massive et démonstrative, la dynamique de Shed Seven n’a jamais été d’une grande subtilité. Même lorsqu’elle s’essayait comme ici à sonner comme du Oasis, la musique a toujours eu une sorte de « je ne sais quoi » qui paraissait la clouer au sol et l’empêcher de passer pour du grand art. On peut ainsi trouver quelques qualités à ce Going For Gold, mais rien ne nous empêche d’y voir une sorte de potion indigeste où tous les ingrédients qui ont fait le succès des grands groupes de ces années là, de Blur aux Boo Radleys, sont présents mais arrangés de telle sorte qu’ils nous agacent ou nous font voir la réalité sous un autre angle : la brit pop serait non pas une période glorieuse mais un mirage qui nous a aveuglé pendant des décennies.

On fera peut-être juste une exception pour le magnifique Chasing Rainbows, à juste titre le morceau le plus emblématique du groupe, et qui est l’un des deux ou trois seuls hymnes du groupe à trouver grâce à nos yeux. Pour une fois, Witter réussissait à ne pas brailler tout du long et son groupe à ne pas s’embarquer dans un montage pompier qui aurait fait passer My Life Story pour un groupe de folk acoustique. Les paroles elles-mêmes étaient plutôt cool, bien qu’assez génériques pour l’époque. Dans ses meilleurs moments, Shed Seven réussissait à devenir une version acceptable de Gene.

« there are things that i regret/
like being called a nervous wreck/
and working up another sweat for you/
there’s nothing that i can do/
for counterparts and bleeding hearts/
and all the things that fall apart for you/
i don’t keep my secrets there/
i hide them everywhere/
i could deny/
but i’ll never realise/
i’m just chasing rainbows »

Malheureusement pour nous (on ne s’inquiète pas pour eux), le nouveau single, Room In My House, tiré de leur album à venir Instant Pleasures (un écho aux Unknow Pleasures de Joy Division, peut-être), premier LP en seize ans qui sera accompagné d’une tournée MAOUSSE au Royaume-Uni, est assez atroce et concentre, intact, tout ce qui nous avait fait fuir vingt ans auparavant. Difficile de tenir le choc au de-là des deux premières minutes d’écoute, le single s’étirant toutefois sur plus de cinq minutes. …

La seule bonne nouvelle là-dedans est que le groupe s’est aussi associé au brasseur Rudgate pour lancer une bière de prestige baptisée Going For Gold. A défaut d’écouter leur musique, on pourra ainsi se saouler (avec modération s’entend) en pensant à eux. Longue vie à la Brit Pop.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots clés de l'article
, , , ,
More from Benjamin Berton
The Ever After : nouveau single des orfèvres pop de Marble Sounds
Oubliez Belle and Sebastian. Ou alors souvenez vous de la période où...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *