Pale Honey / Some Time, Alone
[Bolero Records]

9 Note de l'auteur
9

Pale Honey - Some Time, AloneLa passion rend aveugle. On peut ainsi espérer qu’un jour Set Me Free résonnera dans les stades comme l’hymne Seven Nation Army de The White Stripes. On l’a déjà écrit à propos d’un précédent single mais c’est parce qu’on nourrit une ferveur sans faille à Pale Honey.

Malheureusement à l’heure du troisième album, le trio suédois reste un groupe confidentiel malgré toutes ses qualités. Tuva Lodmark et Nelly Daltrey auraient pourtant tout, absolument tout, pour être promues en icônes pop : les compositions, la formule (2 filles accompagnées par 1 garçon), la posture (cool, rebelle et sexy). Il suffit de regarder les photos de la jolie paire de (jambes de ces) filles pour raviver l’iconographie de l’indie-pop, qui de Kim Gordon à (la jeune) Kim Deal en passant par la sulfureuse Courtney Love ont su poser et s’imposer dans un milieu de mâles libidineux.

Après l’irrésistible single précité, on imaginait que les filles (avec le producteur, guitariste, claviériste et super membre, Anders Lagerfors) enfileraient les brûlots poppy comme les clichés saisis au cours des tournées sur leur compte Instagram. Mais patatras. Some Time, Alone s’ouvre sur un mid-tempo patraque et moite. Certes sautillant, mais il y a un truc qui cloche chez les Scandinaves.

Il suffit de lire le tracklisting pour piger le pitch : ça ne doit pas aller fort, mais alors pas fort du tout, à Göteborg. Ça pue la passion qui étouffe, l’amour qui tourne à la haine. Chaque titre est un manifeste à la libération, à l’émancipation, à l’affirmation de soi – et à chercher le réconfort auprès des membres de « son gang » (la vidéo de Friends est géniale !).

Tuva Lodmark feule toujours sur des mélodies bubble-gum qui pourraient rivaliser sans peine aucune avec le meilleur versant pop de Pavement et Sebadoh (on renvoie les sceptiques à l’écoute de Real Thing bâti dans la même veine que le Free To Go de The Folk Implosion). Dans ce registre power-pop direct, efficace, faussement bancale et savamment attifé, le trio reste un des meilleurs combos en activité pour se déplacer les cervicales ou tenter de rentrer dans une rame de métro en faisant du stage-diving, casque sur les oreilles, un vendredi soir à Châtelet. Mais même les morceaux les plus entrainants, comme le bagarreur Killer Scene aux accents heavy, dégagent une mélancolie touchante. Quand précédemment Pale Honey faisait courir un frisson jusqu’au creux des reins à chaque gimmick de guitare doublé par ce chant érotogène (là, on vous invite à visionner une captation live de Get These Things Out Of My Head), aujourd’hui, le sentiment est bien différent. Elles baissent la garde et on leur ouvre les bras pour les envelopper. On pose un regard bienveillant et protecteur sur ces moues contrariées. Trouble Is The Only Thing I Know se place dans la catégorie des chansons qui impose de baisser la garde pou partager sa peine. Il y a du vécu dans cet album, entre les voix qui se taisent ou qui s’envolent, entre les regards fixes sur l’horizon ou qui se dérobent.

La chaine YouTube du groupe permet d’écouter tout l’album. Chaque chanson est superbement illustrée par Nelly Daltrey en personne :

Tracklist
01. Some Time, Alone
02. Treat You Good
03. Friends
04. Beat Me
05. Heaven Knows How Far I´ve Gone
06. Killer Scene
07. Bad Thing
08. Set Me Free
09. Trouble Is The Only Thing I Know
10. 3 AM
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