Quand Peter Kernel a sorti White Death, Black Heart en 2011, le certes talentueux groupe suisse n’était encore pour beaucoup qu’un nom parmi d’autres dans l’écurie AfricanTape. Depuis, le langage idiosyncratique imaginé par Aris Bassetti et Barbara Lehnoff a transporté bien des fans dans un nouvel univers, univers parfaitement restitué par des concerts fiévreux dans lesquelles moments de transe et excitation mutuelle donnent une bonne idée de ce que devrait être le rock’n’roll au 21ème siècle. Puisant à des sources variées des scènes art-punk/indie et les transcendant en un ensemble cohérent et original, Peter Kernel passe à la vitesse supérieure avec Thrill Addict. Aris Bassetti nous en dit plus ici sur les idées qui ont présidé à la conception de l’album, ce qui s’est passé pendant l’enregistrement, les influences secrètes, leur autre projet électro-clash synth punk Camilla Sparksss, ainsi que plein d’autres anecdotes ayant à voir avec la répétition, ce qui rend la musique sexy, et le destin d’un chat, qui, comme bien d’autres choses, restera mystérieux jusqu’au bout…
Interview réalisée par Cyril Servain.
Photos : Jérôme Sevrette et Olivier Donnet.
Thrill Addict démarre et se termine dans une ambiance feutrée avec Ecstasy et Tears Don’t Fall In Space, avec plein de moments explosifs et de pics d’intensité entre les deux (High Fever, You’re Flawless, etc.). Avez-vous toujours eu l’intention d’aller dans cette direction ou est-ce que ce type de tracklisting vous est apparu quand vous avez terminé l’enregistrement de l’album ?
Dès qu’on l’a écrite, on a pensé utiliser Ecstasy pour ouvrir l’album. On aimait l’idée de commencer avec une chanson sans grosse partie de batterie. Et puis comme cette chanson parle du fait de tomber du ciel et d’arriver sur Terre, et on a pensé que c’était un bon moyen de se projeter dans l’album. Vu que Tears Don’t Fall In Space est une chanson sur le fait d’aller dans l’espace et d’y trouver l’apaisement, on a trouvé que cela marchait bien pour compléter le voyage. Voilà ce qu’étaient nos premières intuitions.
Avant de se décider pour l’ordre des morceaux, on a toutefois eu à tester des listes différentes : on les a écoutés dans le van, à la maison, et dans différents endroits pour voir si on pouvait trouver un enchaînement qui nous illumine le cœur. Ce n’est qu’ensuite que nous avons pris notre décision.
Dans le texte promotionnel qui accompagne la sortie de l’album, il est dit que ce dernier parle de l’idée de « prendre des risques afin de savoir comment construire sa vie », et aussi des « erreurs », des « mauvais choix » et des « conséquences ». Avez-vous l’impression d’avoir pris des risques musicalement, avec ce nouvel album ? De même, pensez-vous avoir eu besoin de corriger, ou au moins d’éviter, certaines « erreurs », et certains « mauvais choix » ?
On n’a pas eu d’erreurs à corriger et on ne regrette rien de particulier, que ce soit musicalement ou dans nos vies personnelles. Barbara et moi on se dit souvent que si on mourrait demain, on aurait accompli tout ce dont on rêvait. On n’a aucun regret. Les mauvais choix et les erreurs font partie des processus de la vie. Ils nous rappellent qu’on est vivants et sont de fait très importants. Le seul truc pénible, c’est que ça vous fait perdre du temps ou de l’argent. Musicalement, nous pensons avoir pris quelques risques avec certaines mélodies, certaines parties vocales, et peut-être quelques passages techniquement compliqués et donc difficiles à jouer. Il faut dire que nous ne sommes pas du tout des musiciens ‘techniques’.
Dans le texte de promo, il y a aussi un passage qui explique que Thrill Addict parle de se « regarder dans le miroir », de « s’adresser à son être le plus profond », de « poser des questions » et de « prendre soin des gens autour de vous ». Tout ceci est très personnel, voire introspectif. De même, pour la première fois, la pochette d’un de vos albums montre vos visages, en gros plan et très proches l’un de l’autre (avec des mèches de vos cheveux parfaitement cadrés mais vos visages légèrement flous à l’arrière plan). Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de cette pochette ? Aviez-vous en tête ce genre de tonalités et d’images personnelles et introspectives quand vous avez commencé à travailler sur l’album? Est-ce que cela vous a influencé pendant l’écriture ou l’enregistrement?
On a commencé à travailler sur cet album pendant l’été 2013. Avant de commencer, on s’est décidé sur un certain nombre de choses : l’album devait s’appeler Tears Don’t Fall In Space, il devait avoir très peu de cymbales (parce que c’est pénible), il devait être sympa à écouter en voiture, et il devait parler de l’espace, en tant qu’espace physique, mental ou psychologique, et d’espace interplanétaire, aussi. Puis, au cours des phases d’écriture et d’enregistrement, nous avons été naturellement influencé par ce qui se passait autour de nous : nos disputes, nos réussites, l’étrange matou qui venait nous rendre visite au studio à chaque fois que l’on enregistrait, et qui est mort ensuite écrasé par une voiture, les longues journées de pluie, mon psoriasis, la scoliose de Barbara, le concert de Moth Face, nos amis, mes crises d’angoisse, et toutes ces autres choses qui nous sont arrivées pendant cette période. On est vraiment comme des éponges.
Nous avons terminé l’album en septembre 2014, et pour la première fois, nous avons pu vraiment l’écouter et saisir de quoi il parlait. Il sonnait à la fois désespéré et plein d’espoir, sombre et lumineux, romantique et branleur… Et on a pensé que le meilleur médium pour représenter toutes ces émotions était d’utiliser un scanner. Alors on a scanné nos visages, et ça a été très long. Techniquement ce n’était pas chose aisée : on a dû retenir nos respirations pendant une éternité. Mais le résultat était parfait. Ça dégageait toute la profondeur, tout le romantisme, et toute la noirceur contenus dans l’album.
En parlant d’images, les vidéos de vos chansons, comme la toute dernière, celle de Your Party Sucks, développent souvent une atmosphère particulière, dissonante, mi-oppressante, mi-second degré. On sait que vous vous êtes tous les deux rencontré à l’École de Communication Visuelle et de Design de Lugano. Comment procédez-vous pour les visuels et les vidéos ? Quels sont les éléments qui motivent vos choix dans ce domaine ?
Nous mettons les images et les vidéos sur le même plan que la musique. C’est la façon dont on s’exprime. On n’est pas doué pour les mots, les grands discours, on ne parle pas beaucoup. On préfère communiquer avec le monde à l’aide d’images et de sons. Et, comme dans notre musique, on préfère rester simples et minimalistes. Ou, tout du moins, on aime avoir l’air simple et minimaliste, même si derrière cette simplicité apparente, il y a en fait un travail complexe pour construire une chanson ou une vidéo. Et oui, on donne aux images la même importance qu’au son. En fait, on était en train de se dire il y a quelques jours que ce serait peut-être cool de transformer Peter Kernel en agence de communication visuelle dans un futur lointain.
Une des spécificités de votre musique est liée à cette atmosphère dissonante évoquée tout à l’heure à propos de vos vidéos. Il semble que tu adores inclure des sons à la tonalité légèrement fausse sur certains passages et à certains points précis de vos structures, souvent avant la déflagration finale. Je pense par exemple à l’étrange son synthétique au milieu de Your Party Sucks. Comment avez-vous créé ce son ? Était-ce un ajout de dernière minute, ou est-ce que cela faisait partie de la chanson depuis le tout début ?
On a trouvé ce son à l’aide d’un Yamaha SY22. C’est un vieux synthétiseur analogique qu’on utilise pour Camilla Sparksss. J’ai toujours eu à l’esprit une sorte de son désaccordé pour ce moment précis de la chanson. Comme je n’ai pas réussi à trouver le temps de vraiment le chercher, on a procédé à un ajout de dernière minute avec le SY22. Il y a quelque chose de fascinant et de mystérieux dans les notes qui frottent, dans les voix, les guitares, les synthés ou n’importe quoi d’autre quand ils sont à la limite du juste. Cela génère de la vie.
Autre élément frappant dans votre musique, votre utilisation particulière de gimmicks ou de riffs répétitifs, voire même la répétition d’un groupe de notes le plus simple possible au sein de structures parfois « progressives »… Ce qui me renvoie au texte de promo pour l’album, qui dit: “ Tu vois quand tu fais quelque chose que tu sais que tu ne devrais pas faire, mais que tu fais quand même ? Et quand ça fout le bordel et que tu te promets de ne pas recommencer, mais qu’au bout d’un moment, tu recommences, encore et encore ? Ça, c’est Thrill Addict ”. Il me semble que cette compulsion de répétition se retrouve également dans votre musique. Pensez-vous qu’elle pourrait également devenir un « danger » pour elle parfois ? Y a-t-il une limite au nombre d’éléments que l’on peut répéter ? Ou, au contraire, l’utilisation de la répétition mène-t-elle toujours par un biais un peu tordu à une forme de libération ?
Quand je suis à la maison, je me mets souvent debout avec ma petite guitare classique et je regarde par la fenêtre tout en jouant une seule note pendant de longues minutes, qui deviennent ensuite des heures… J’ai lu quelque part un truc sur des peintres qui dessinaient le même sujet toutes leurs vies dans le but de recréer l’infini. Je crois que c’est vrai, la répétition crée un monde magique où tout va mieux. Du moins, c’est ce je ressens personnellement. Après ne serait-ce que quelques minutes, cela devient même addictif, ça devient dur d’arrêter. On ne veut pas s’arrêter parce que la répétition crée un cocon confortable. Et quand on finit par s’arrêter, c’est comme si on s’écrasait sur un mur. Voilà pourquoi beaucoup de passages dans nos chansons sont répétitifs, et à travers ces structures on aime raconter une histoire. Il est important pour nous que chaque chanson fonctionne aussi sans les parties vocales, c’est donc dans la musique que se trouve la véritable histoire. Non, je ne vois aucun danger dans le fait de répéter les choses.
Sur ce même sujet de la répétition et de la progression, les parties rythmiques et les structures de certaines nouvelles chansons, comme Supernatural Power ou Majestic Faya, me rappellent parfois des groupes tels que Can ou Silver Apples (voire même Portishead, qui a pompé quelques passages de ces groupes dans Third). Même s’il est vrai que votre son se rattache profondément aux scènes art-punk et indie-pop des années 90 et 2000, quelque part entre Blonde Redhead et Pixies, êtes-vous également influencés par des choses plus anciennes et moins évidentes ? Par exemple, c’est moi qui délire, ou vous avez écouté pas mal de krautrock à un moment donné ?
Ça fait toujours drôle de lire le nom des Pixies. On est tombé sur pas mal de journalistes qui ont écrit ça, mais je peux te garantir qu’on n’en a jamais écouté. La seule chanson qu’on connaît, c’est ce titre super connu, là, Where Is My Mind…
Bref, je crois que l’influence musicale la plus surprenante en ce qui nous concerne, le truc le moins « évident » pour beaucoup de gens, ce serait très certainement la musique de méditation. C’est principalement ce qu’on écoute ces derniers temps. Et sinon, oui, tu as tout à fait raison, on adore le krautrock et on adore Can. Bon, on ne connaît pas du tout Silver Apples, mais on adore également Third de Portishead.
La chanson Supernatural Powers démarre avec cette phrase : “It’s not about being the best at anything, it’s about finding your own way”, et se termine par “It’s about screaming your heart out”. Mis à part le fait de vouloir « être le meilleur », qu’est-ce qui menace selon vous le plus la spontanéité et la sincérité ?
Absolument tout. Aujourd’hui, c’est vraiment plus facile et confortable d’être faux et malhonnête que d’être quelqu’un de bien, sincère et spontané.
Vous sortez Thrill Addict sur votre propre label, On The Camper Record (tout en laissant Africantape le soin de s’occuper de la distribution). Si je vous dis les lettres “DIY”, quelles sont les premières choses qui vous viennent à l’esprit ?
C’est notre religion.
Où allez-vous tourner avec cet album ? Irez-vous dans de nouveaux pays ?
On va tourner en France, en Suisse, en Italie et au Benelux, mais on aimerait aussi essayer de tourner au Royaume-Uni, en Allemagne, en Autriche, au Canada, ainsi qu’aux États-Unis. Et on rêve de pouvoir aller au Japon.
Que prévoyez-vous pour votre deuxième projet musical, Camilla Sparksss ?
Nous allons nous concentrer sur Peter Kernel dans les mois qui viennent, mais nous allons également faire quelques concerts avec Camilla Sparksss. Je pense qu’on va faire une mini-tournée aux alentours d’avril. En attendant, on a déjà commencé à écrire de nouvelles idées.
Dans Majestic Faya, Barbara chante : “You’re like a god or something, believing in me”. Cette phrase m’amène à un souvenir personnel et à une question plutôt spécifique : Camilla Sparksss a joué l’année dernière dans la chapelle d’un ancien asile psychiatrique pour le festival Teriaki au Mans. L’endroit était plein à craquer et ça a été effectivement la folie dans le public. Vous souvenez-vous de cette expérience ? Comment était-ce pour vous ? Et avez-vous joué dans d’autres salles inhabituelles, que ce soit avec Peter Kernel ou Camilla Sparksss ?
Bien sûr qu’on se souvient de cette soirée. C’était étonnant, l’endroit, les gens… Je me souviens d’une anecdote : on était dans le jardin de l’endroit où on dormait, allongé sur l’herbe en écoutant Jon Hopkins quand soudain une fille est passée par dessus la barrière ou le grillage, a enlevé son pantalon, et s’est mise à faire pipi dans les arbres juste à coté de nous. Elle ne nous avait probablement pas vus…
Nous avons aussi joué dans quelques églises, dans une salle de mariage (mais pas pour un mariage), dans un cimetière, sur le sable de quelques plages, dans une salle de bain, une piscine, une passerelle, un château, et dans un atelier d’architecture.
En parlant d’expériences bizarres, mystiques, intenses ou même sensuelles, les paroles citées tout à l’heure ont beau mentionner l’idée de croire en Dieu, leur interprétation, ainsi que celles de beaucoup d’autres parties vocales, sonnerait très étrangement dans la bouche d’un moine ou d’une nonne. Peter Kernel a toujours été très « hot », sur scène et dans vos albums, mais niveau performances vocales un peu salées, vous avez tous les deux mis la barre très haut dans Thrill Addict, c’est le cas de le dire… Bref, qu’est-ce qui rend une musique sexy, selon vous ?
Je me souviens d’un moment particulier, après un concert à Zürich, où un gars m’avait dit qu’il trouvait que notre musique était sexy. Du coup je lui ai demandé ce qu’il voulait dire par là. Il m’a répondu que c’était la manière dont on écrivait et on jouait les chansons, de manière très minimale, avec juste quelques notes pour lier l’ensemble, et beaucoup de vide entre les différents sons. Il y a aussi le fait qu’on n’est pas vraiment des musiciens, mais qu’on a choisi de s’en foutre et d’y aller quand même. Et il a fini par ajouter que comme on est un couple, notre attraction sexuelle se reflète dans ce qu’on fait. Je ne sais pas ; peut-être qu’on trouve là les ingrédients qui permettent de créer des airs sexy… Ou alors, au final, peut-être que le mec était juste bourré !
When Peter Kernel released White Death, Black Heart in 2011, the admittedly talented Swiss outfit was still for a lot of us one name among many on the AfricanTape roster. But the idiosyncratic language imagined by Aris Bassetti and Barbara Lehnoff has since transported many fans into a new universe perfectly conveyed by feverish live shows in which exhilarating trances and playful teasing between the two give a good idea of what rock ‘n roll should be in the twentieth century. Borrowing from miscellanous Art/Punk/Indie sources and turning them into a seamless whole, Peter Kernel now raises the stakes with Thrill Addict. Aris Bassetti here tells us more about the ideas behind the album, what happened during the days and nights in which it was recorded, secret influences, Camilla Sparksss -their electro-clash synth punk side project- along with many other things dealing with repetition, sexy music and the fate of a mysterious cat…
Thrill Addict both starts and ends on subdued notes with “Ecstasy” and “Tears Don’t Fall In Space”, with many explosions and high points in between (“High Fever’, “You’re Flawless”, etc.). Did you always intend to go that way or did that specific tracklisting appear to you when you finished recording the album?
While we were writing Ecstasy we thought about using it to open the album. We liked idea of opening with a song without heavy drums. Also the song talks about the journey of falling from the sky onto Earth and we think this is a good way to fall into the album. “Tears Don’t fall in Space” is a song about going into Outer Space to find tranquility, we felt it works well to complete the journey of the album. These were our first impressions, but before deciding the final track list we tested different lists and listened to them in the van, at home and in different places to see if there was an order that lit up our hearts. Then we decided.
In the promotional text accompanying the release of the album, it is mentioned that it is “about taking risks in order to figure out how to shape one’s life”, and also about “mistakes, bad moves and consequences”. Musically speaking, do you feel like you’ve taken some risks with this new album? Likewise, do you think you needed to rectify, or at least avoid, some “mistakes” or “bad moves”?
We don’t rectify or regret anything specifically, neither musically nor in our personal lives. Barbara and I often say to ourselves that “if we were to die tomorrow, we did everything we dreamed of” we have no regrets in life. Bad moves and mistakes are all a part of the process of living, they remind us we are alive and are very important. The annoying thing is that often they make one waste time and money. Musically we believe we have taken a few risks working this way with melodies, voices and maybe some complicated, technically tricky parts (to play) considering we’re not at all technical musicians.
This promotional text, which explains that Thrill Addict is about “speaking to one’s deepest being”, “looking at the mirror”, “asking questions” and “taking care of the people beside you”, has a very personal, almost introspective tone. Likewise, for the first time, the cover of one of your albums uses a picture of your heads in a close position –with, interestingly, a clear shot of your hair, but your faces slightly out of focus in the background. What gave you the idea of that cover ? Did you have any of these personal, introspective overtones and images in mind when you started working on the record? Did they influence you during the writing process, or the recording sessions?
We started working on the new album in the summer of 2013. Before starting we decided on a few things: « the album will be called « Tears Don’t Fall In Space« , it has to have very little cymbals (because they’re annoying), it should be nice to listen to while driving, it will to talk about space intended as physical space, mental space, psychological space and outer space.” Then throughout the actual process of writing and recording the album we were naturally influenced by what was happening around us; our fights, our achievements, the mysterious cat that came to visit us in the studio every time we were there recording, then died run over by a car, the long rainy weather, my psoriasis, Barbara’s scoliosis, Moth Face’s concert, our friends, my panic attacks and all the other things that happened in our lives in that period. We’re like sponges.
We had the album complete in September 2014 and for the first time we could really listen to it and grasp what it was about. It sounded hopeful and hopeless, dark and bright, romantic and asshole; and we thought the best art form to represent all these feelings on the artwork was through a scanner. So we scanned our faces, it took a while, technically it wasn’t easy; we had to hold our breathes for quite a while. But the end result was perfect. It has all the deepness, romanticism and darkness contained on the album.
Speaking of images, videos of your songs, such as the latest “Your Party Sucks”, often have a peculiar, off-key atmosphere in them, one which is half-harrowing, half-tongue-in-cheek. We know the two of you met at the Visual Communications and Design School in Lugano. What is your process when it comes to visuals and videos? What are the things that motivate the choices you make in that area?
We consider images and videos like music. It’s the way we express ourselves. We’re not good at talking, and we don’t talk much; our favourite way of communicating in this world is through images and sounds. Like in our music we like to stay simple and minimalistic. Or at least we like to seem simple and minimalistic even if the construction and work behind a video or a song is complex. We give the same importance to images as to music; in fact a few days ago we were saying that maybe in the future it would be cool to turn Peter Kernel into a Visual Communication Agency.
One of the specificities of your sound is related to this “off-key” atmosphere I referred to earlier about your videos. It seems Aris loves to include sounds that are slightly out of tune at a certain point of your songs’ progression, often before a final deflagration. One of the latest examples in Thrill Addict is that strange synthetic sound (guitar effect, maybe ?) in the middle of “Your Party Sucks”. How was that sound created? Was it a last-minute addition, or was it part of the song from the get-go ?
That sound was done with the Yamaha SY22. It’s an old analog synthesizer we use in Camilla Sparksss. I always had in mind a sort of out of tune sound for that specific part of the song, but I never found the time to really search it out, so we did a last minute addition with the SY22. There is something fascinating and mysterious about at-the-limit tuned voices, guitars, synth or anything else. It generates life.
Another striking thing about your music is your specific use of repetitive gimmicks, riffs, or even the repetition of the simplest notes ever, within sometimes “progressive” song structures. This brings me back to the promotional text for the album, which says: “You know when you do something that you know you shouldn’t do but you do anyways? And it turns out a mess so you say to yourself “I won’t do it again”; but after a while you do it again and again and again? This is “Thrill Addict”. It seems this compulsion to repeat could be linked to the repetitions in your songs. But as in the excerpt above, do you think this sort of repetition could also sometimes become a “danger” for the music? Is there a limit to the amount of elements you can repeat ? Or, on the contrary, is the use of repetition in music always liberating in some kind of weird, twisted way ?
When I’m at home I often stand staring out of the window with my little classical guitar playing one single note for minutes then hours. I once read something about painters that draw the same subject all their life with the purpose of recreating infinity. I think it’s true, repetition creates a magical world where everything is better; at least that’s my feeling. And after only a few minutes it even becomes addictive and starts to be hard to stop. You don’t want to stop because the repetition is comfortable. And when you do stop it’s like running into a wall. That’s why in many parts of our songs we are repetitive, and through the structures we like to tell the story. It’s important to us that each song works also without the vocals, so the true story lies in the music. I don’t see any danger in repeating.
Speaking of repetition and progression, the rhythm patterns and structures of some of your new songs, as in “Supernatural Powers” or “Majestic Faya”, sometimes remind me of bands such as Can or Silver Apples—or maybe Portishead, who ripped both of them off in Third. While it is true your sound is deeply grounded in the nineties/oughts Art Punk/Indie Pop scenes, somewhere between Blonde Redhead and Pixies, do you also have older or less obvious influences? Is Krautrock something you might for instance have listened to a lot, or am I completely out of my mind here ?
It’s funny to read Pixies. We often read about journalists saying that, but I guarantee that we’ve never listened to them; the only song we know is that famous song « Where is my mind ». Anyways, I think that the least obvious musical influence is probably meditation music; and it’s mainly what we listen to lately. And yes, you’re right; we love krautrock, we love Can, we don’t know Silver Apples and we love « Third » by Portishead.
The song “Supernatural Powers” starts with the following line, “It’s not about being the best at anything, it’s about finding your own way”, and ends with “It’s about screaming your heart out”. Apart from wanting to “be the best”, what is the biggest threat to spontaneity and sincerity, according to you ?
Everything. Today it’s way easier and convenient to be fake and dishonest than a spontaneous and sincere good person.
You release Thrill Addict on your own label, On the Camper Record – while Africantape distributes it. If I say the letters “DIY” to you, what are the first things that pop into your mind ?
It’s our religion.
What are your touring plans for the album ? Will you visit new countries ?
We will tour France, Switzerland, Italy and Benelux, but we would like to try to tour UK, Germany, Austria, Canada and USA as well. And we dream to tour Japan.
What are your plans for your other project, Camilla Sparksss?
In the next months we will focus on Peter Kernel, and play a few Camilla Sparksss shows. I think we will do a little CS tour in April. In the meantime we already started to write some new ideas.
In “Majestic Faya”, Barbara sings: “You’re like a god or something, believing in me”. This very line brings me to a personal memory and a rather specific question: Camilla Sparksss played in the chapel of a former mental institution for the Teriaki Festival in Le Mans, France last year – the place was full to the brim, and it was a hell of a night for the audience ! -. Do you remember this experience ? How was it like ? And did you play in other unusual venues recently, with either Peter Kernel or Camilla Sparksss ?
Sure we remember that night! It was special; the place, the people… I remember we where in the garden of our apartment/hotel in the afternoon, laying on the grass listening to Jon Hopkins when suddenly a girl jumped over the fence, took off her pants and started peeing in the trees just beside us. She probably didn’t see us.
We also played in a few churches, in a wedding hall (not for a wedding), in a cemetry, in the sand on a few beaches, in a bathroom, in a swimming pool, on a catwalk, in a castle and in an architecture atelier.
Speaking of weird, mystical, intense, or even sensuous experiences, the delivery of many lines in Thrill Addict is certainly not fit for a nun or a monk, even if those lines mention the idea of “believing in God”, as in “Majestic Faya”. Peter Kernel has certainly always been a “hot” band, in albums and on stage, but on Thrill Addict both of you have clearly raised the bar higher when it comes to sassy vocal performances—no pun intended, I swear… So, according to you, what makes a song or music sexy ?
Once, after a concert in Zürich a guy told me that our music was sexy so I asked him what he meant. He told me that it’s the way we write and play the songs; very minimal, with just few notes that bond together, and it’s thanks to the emptiness we leave around the sounds; also the fact that we’re not good musician but we do it anyway. And he told us that since we are a couple our sexual attraction is reflected in what we do. I don’t know; maybe these are the ingredients for some sexy tunes, or maybe he was just drunk.
White Death & Black Heart (2011)
How To Perform A Funeral (2008)