Poupard, peinards : le trésor (inestimable) de la chanson française

PoupardDans l’univers alternatif dont on appelle l’avènement par un recours intensif à la magie noire, au vote anti-Macron et aux incantations littéraires, Poupard serait un groupe que tout le monde connaît et dont notre mère chanterait les ritournelles en préparant le rôti du dimanche dans la cuisine. Ces deux-là viendraient présenter leur album Cérémonie Malgache chez Taratata (euh…. on est pas sûrs, là) ou devant le cadavre encore chaud de Michel Drucker. Ils s’étendraient sur son canapé en balançant des croquettes à leur whippet avant de s’égosiller à deux voix sur une reprise au poil du Elle est d’ailleurs de Francis Cabrel, au lieu d’essayer de grappiller dix vues sur YouTube. 

Après des années, on y croit toujours et Poupard avec nous. Leurs chansons sont des modèles d’intelligence et d’artisanat. Elles nous offrent des moments de grâce et d’authenticité, de justesse et de poésie qui n’ont pas d’équivalents modernes dans la chanson française. Tout est là ou presque, habillé avec des bouts de ficelle et des trésors d’audace. Les faire connaître est une mission aussi importante que de promouvoir le revenu universel ou l’accès aux soins pour tous. A lire pour mieux les écouter…  

On va parler surtout de Poupard pendant cette interview (encore que…) mais j’avoue que j’ai un peu de mal des fois à faire la part des choses entre ce qui relève de Poupard, de Bleu Russe ou de Biscornue Bitch. Vous pouvez me refaire un point rapide sur vos engagements respectifs en groupe, solo, les groupes, les participations ? Est-ce que tout ceci relève d’un jeu d’étiquettes ou est-ce que par exemple entre Biscornue Bitch et Bleu Russe qui sont techniquement vos projets solo, et Poupard, votre projet à deux, vous faites une vraie distinction ? 

Poupard, c’est Laurie et David. Bleu Russe c’est David en solo , Biscornue Bitch c’est Laurie en solo.  Du point de vue du genre de musique, plein de choses peuvent se recouper car le noyau de l’identité de tous ces groupes, c’est nous-même. Ce sont principalement les méthodes de création qui vont diverger : par exemple, Biscornue Bitch se fabrique intégralement avec un I-phone, que ce soit les musiques, les voix et les clips . Bleu Russe se caractérise par des chansons essentiellement basée sur les textes : si à un moment donné le texte est jugé bon, alors il y a un morceau.

Poupard se fait à deux, généralement d’abord une musique qu’on juge bonne seule, sans voix. Ensuite viennent les voix et les paroles.

De l’extérieur, j’adore voir qui a participé à quoi chez vous. On retrouve toujours les mêmes gens : Pierre Gheno, Ray Borneo, Petrol Chips. Ca donne le sentiment qu’on a à faire à une tribu, à une bande de potes, d’activistes. On se croirait face à la bande de Tarnac mais en mode chansons. C’est moi qui fantasme ou on a affaire avec vous à la communauté artistique la plus flamboyante et menaçante depuis Leonard de Vinci et son boys band de peintres ?

Avant la création de Petrol Chips comme label, nous étions déjà une sorte de communauté. Une communauté de musiciens, certes, mais de potes réunis par des apéros essentiellement. Forcément, ça implique des valeurs communes. Pour Poupard, il y a également le label Distag basé sur Rennes, qui nous a rapidement inclus dans son catalogue car notre musique correspond aussi à un certain courant. Et puis récemment, Choléra Cosmique.

Que ce soit Petrol chips, Distag ou Choléra, ce qu’on aime c’est de pouvoir avancer de façon fluide, sans échéances et sans prises de tête. C’est finalement assez rare dans le milieu de la musique, alors dès qu’on a l’occasion de trouver des gens avec qui on peut faire les choses comme ça, on fonce. Ces différents labels sont différentes communautés et différents réseaux, qui comprennent un grand nombre de groupes et un grand nombre de sorties, donc ça donne cette impression de boulimie. Pour ce qui est de l’aspect « activiste », je pense que le tempérament d’avoir chacun le besoin puissant de « faire des choses » nous caractérise fortement.

Plus sérieusement, parlons de Poupard. Comment est-ce que vous créez ce duo ? Est-ce que vous devenez un couple avant de faire de la musique ensemble ou est-ce que vous devenez un couple après ou pendant ? C’est quoi l’histoire du groupe ?

Disons que l’histoire du couple démarre par une colocation ambiguë, haha. De là, on a acheté un vieil orgue sur le Bon Coin pour décorer notre salon. L’orgue en question a rapidement délaissé sa seule fonction décorative, en peu de temps il y avait plusieurs musiques qui tournaient, même si au début on ne savait pas jouer du tout. Alors on a fait une chanson, la première c’était « un chienne ». On a tellement rigolé et pris du plaisir à faire ça ensemble qu’on a décidé qu’il était hors de question qu’on en reste là. Alors on s’est mis en tête de faire un album, et c’est devenu « Vésanie ». On a eu rapidement des bons retours sur l’album et des propositions pour faire des concerts, alors on a trouvé un synthé exprès pour, car on avait pas du tout envie de refuser.

J’en profite pour poser la question. Le nom vient de Série Noire avec Dewaere. Un film incroyable d’Alain Corneau. Qu’est-ce qui vous a amené à vous arrêter sur ce nom là ? Et pourquoi vous avez écrit le nom de votre groupe avec un D alors que le personnage s’écrit Poupart avec un T ?!

On a revu ensemble série noire pendant l’enregistrement de l’album, alors ça nous a paru évident quand il a fallu trouver un nom. On l’a écrit avec un « D » spontanément sans savoir que celui du film s’écrivait avec un « t ». On a pas changé, esthétiquement le D correspond plus à l’idée confortable de notre son.

C’est aussi suite au visionnage du film qu’on est tombé sur le morceau le policier de Patrick Dewaere. On a voulu instantanément en faire une reprise, car le texte est dingue.

Série Noire Espoir

Est-ce que ce qui vous a intéressé dans la référence au film c’était le côté réaliste du film ? Le côté vie banale du représentant de commerce, le truc minable mais en même temps intense et quasi héroïque  (et un peu tragique aussi) ?

On adore à un très haut point le film, c’est clair. L’esthétique, le scénario, les dialogues, la musique, évidemment la performance extra ordinaire de Patrick Dewaere. Mais pour le nom du groupe, disons que c’est un film qui incarne à lui seul tout un délire d’un certain cinéma pour lequel on se passionne. Il y a tous ces films français qui sont proches de Série Noire, que ce soit des Blier comme Buffet froid, Coup de torchon, de Tavernier, tiré également d’un livre de Jim Thompson (comme série noire), ou un film comme La femme d’à coté qui nous bouleverse, mais aussi le film Come and see, ou alors Le cheval de Turin, qui est un film beaucoup plus récent et assez éloigné dans l’ensemble de tout ce délire. Mais pour nous il y a un tronc commun à tous ces types de cinéma en ce sens qu’ils nous retournent complètement. Poupard synthétise tout ça.

Comment vous décririez ce que vous faites avec Poupard ? C’est de la poésie, de la variété, de la pop, de la chanson ? On entend des choses qui font penser musicalement aux années 70/début des années 80 mais vous parlez formidablement bien de la vie d’aujourd’hui, de votre vie en 2022. Est-ce que vous diriez que vous faites une musique « moderne » ou pas du tout ?

La poésie, oui, c’est l’élément qui relie toutes nos chansons. Pour ce qui est de l’aspect 70/80, il est difficile de le nier, mais je pense que c’est dû essentiellement au fait qu’on utilise du matériel ancien qu’on achète dans les brocantes. Très difficile de sonner comme Christine & the Queens quand utilise un Yamaha Electone pour créer la base d’une musique. Dans l’intention, je pense qu’on a plus envie de se diriger vers une musique « moderne » que vers une musique « vintage ». On est relativement indifférent face à des groupes qui se contentent d’appliquer une recette des années 60/70/80/90 pour être étiquetté « vintage ». Maintenant, la modernité contient le danger de l’éphémère. Je pense qu’on fait de notre mieux pour accéder à l’intemporalité. Lorsque le temps aura rendu son verdict, on mangera des pissenlits par la racine.

A vous écouter, j’ai parfois le sentiment que la vie n’a pas tellement changé. On est loin de ce qu’on nous vend : le changement, la modernité macronienne, les start-up, les robots. Est-ce que vous pensez que nos vies n’ont pas changé tant que ça en 30 ans ?

De manière générale, on observe beaucoup mais on ne juge que très peu.  Clairement, les start up comme de manière plus générale, le business ne nous intéresse pas. On peut trouver de la poésie de partout, même dans la modernité extrême de nos quotidiens, dans l’absurdité la plus totale des préoccupations sociales actuelles, et c’est un liant entre le passé, le présent et le futur. Nos vies ont extrêmement changé en 30 ans dans leurs formes, mais aucune start up, aucun robot, aucun gouvernement n’a inventé de nouvelles émotions. Pour ce qui est de ce qui nous intéresse, rien n’a changé et rien ne changera jamais.

C’est quoi la banalité pour vous ? La normalité ? Est-ce que c’est ça votre sujet ?

Nos vies personnelles sont remplies d’habitude et de routines que nous chérissons. On peut écrire des chansons qui subliment cet aspect au premier degré, on peut aussi écrire des chansons complètement absurdes et surréalistes au millième degré car la dualité qui caractérise notre humanité exige parfois de s’en échapper. Ce n’est pas « notre sujet » avec un grand S, mais fréquemment on peut dire qu’il tourne autour, oui.

Comment vous arrivez à vos chansons ? Ça se passe comment ? Vous parlez de ce qui se passe : il y a des histoires, des narrations, des portraits, du cul, des détails. On dirait du Houellebecq parfois mais à l’envers, avec plus d’amour et de tendresse que de cruauté ou d’amertume.

Ça démarre systématiquement par une musique. On ne se dit jamais « tiens, on va faire une chanson qui va parler de ça ». Il faut d’abord une musique qui tienne la route ,dans laquelle il se passe quelque chose qu’on estime « fort ». Là on se dit « ça c’est trop bien, faut en faire un truc ». C’est essentiellement Laurie qui écrit les textes, et la démarche est de trouver une adéquation qui va fonctionner particulièrement avec telle ou telle musique. Le contenu est souvent proche du « cut up », mais ce n’est pas systématique. De toute manière, il y a une retranscription forte et sincère de l’inconscient. Houellebecq, on a adoré l’acteur dans Near Death Experience, de Delepine et Kervern, mais on a jamais lu.

David & Laurie (Forever)

Ce que vous faites est presque une musique « sans référence ». J’ai beaucoup cherché. Vous savez que les journalistes adorent ça. Dire que ça ressemble à…. Mais j’ai jamais trouvé. Il y a de faux airs d’Elli Meideros parfois mais vous êtes plus crus, plus directs, plus tristes, plus sophistiqués. Ca n’est pas ça. Est-ce que vous vous êtes inspirés de certaines choses ? Est-ce que vous avez des modèles en chanson française ou pop ?

On écoute énormément de musiques différentes, alors on a un million de références. On ne peut nier une ressemblance avec Elli & Jacno, surtout dans l’album « nous avons joué tous les deux ». Ceci dit, encore une fois, cette ressemblance est essentiellement due au matériel utilisé et au paradigme « mec au synthé et fille qui chante » , car Elli & Jacno n’est pas un groupe qu’on écoute tellement. Nos références directes se dirigent vers une certaine chanson française avec un premier degré au premier plan, comme Pierre Bachelet, Pierre Perret, Nino Ferrer, Jane Birkin ou Alain Bashung. Disons que ce qu’on essaye de prendre dans notre influence, ce n’est pas tant la forme de ces artistes, mais surtout l’effet que ça nous fait. C’est à dire que si on adore une chanson de Nino Ferrer, comme la rua madureira, qui date de 1970, on sait pertinemment qu’on ne peut pas créer le même effet en la recopiant en 2022. Il faut chercher quelle forme aujourd’hui peut créer l’effet qu’une telle chanson pouvait créer en débarquant il y a 50 ans.

David : Récemment j’ai découvert le duo Stéréo Total, je trouve la démarche globale proche de la nôtre !

C’est quoi d’ailleurs la musique que vous écoutez chez vous ? Vous venez de quel genre de musiques au départ ? En tant qu’adolescents ?

À la maison, la musique a une présence quasi constante, et son contenu est complètement ouvert. Pour faire large, ça va de Napalm Death à Billie Eillish (la fille de David a 12 ans et vit ici une semaine sur deux) . Beaucoup de chansons dans des playlist, françaises mais pas que. Des musiques de film, Nonstop, GG alin, Daniel Jonhston

David : Ado mon truc c’était le néo-metal, j’ai commencé la guitare en 1997, j’étais à fond dedans. Puis de la guitare dans des groupes de rock. Jusqu’à Bleu Russe, démarré en 2014.

Je pose toujours la question du milieu social. Où sont vos origines ? Géographiques et sociales ? Vous vivez aujourd’hui à Grenoble. Vous en êtes originaires ? Vos parents étaient classe moyenne, prolo ou bourgeois ? 

Classe moyenne tous les deux. Ce n’était pas particulièrement une préoccupation à la maison quand on était petits.

Musicalement, comment vous en arrivez l’un et l’autre à devenir musiciens ? Comment ça se passe ? A quel âge ? Comment ça prend de l’importance dans vos vies ?

David : J’ai commencé la guitare à 13 ans, premier groupe à 15 ans, du métal, style Korn et Deftones, puis du punk rock avec les copains. Par rapport aux autres, j’avais vraiment envie de le faire à fond et d’en faire mon métier alors j’ai rejoint un groupe dans lequel j’ai joué pendant presque 10 ans. Beaucoup de concerts, de répétitions mais pas de revenus, alors j’ai mis la musique un peu plus « à côté », et finalement je préfère : c’est sacralisé, c’est quand j’ai envie, comme j’ai envie, et si ça ne marche pas je m’en fous !

Laurie : Ma seule expérience musicale avant Poupard était moult années de saxophone en école de musique provinciale, et notamment Sax 1 au POG (Petit Orchestre de Génissieux).

En tant que duo, comment vous occupez l’espace du disque pour Poupard ? Est-ce qu’il y a parfois des hésitations sur qui chante ? qui fait quoi ? Pourquoi inviter Pierre, par exemple, sur Cérémonie Malgache pour Pendant des mois ? Comment ça se met en place ?

La plupart du temps, chacun chante ce qu’il écrit, on n’essaie pas trop d’inverser. Pour Pierre, il y a qu’on avait cette musique et qu’on ne trouvait pas de voix dessus, alors on a essayé quelqu’un d’autre. Il a eu l’idée géniale de simplement suivre la mélodie du synthé.

On a l’impression que vous êtes super productifs aussi. Les morceaux sont brefs. Ca s’enregistre comme ça ? Paf, mais en même temps il y a aussi un super travail de prod, sur le son. Ca n’est jamais du lofi bas de gamme. Vous bénéficiez de bonnes conditions d’enregistrement ? Vous avez du matos ? comment ça se passe ?

A la maison il y a plein d’instruments, petits synthés, guitares sèches et éléctrique, pianos électriques… on a toujours plein de petits bouts d’idées dans le dictaphone du téléphone. Donc quand il s’agit de créer vraiment une musique, on a toujours une réserve pleine de trucs à essayer, on ne part jamais de zéro. Pour enregistrer Cérémonie malgache, on a acheté un 4 pistes à cassette qui nous faisait vraiment envie. Ce qui a été paradoxal, c’était que les possibilités limitées du 4 pistes nous ont également offert la liberté d’intégrer d’autres instruments que le synthé. Comme la guitare, ça faisait longtemps qu’on avait envie d’essayer. Pour Nous avons joué tous les deux, on avait composé les chansons en répétition, on les avait travaillées pour les enregistrer sur une date donnée au studio de Ray Bornéo. On a beaucoup aimé aussi, mais le 4 pistes tombait très bien avec notre envie de ne pas rester cantonnés à un genre « synth pop/synth punk ». De même que pour Cérémonie malgache et le son lo-fi, qui vient de la méthode d’enregistrement, qu’on aime beaucoup,  on n’aura pas spécifiquement envie de s’enfermer dans cette méthode. Ce qui était cool, c’était d’enregistrer à la maison, quand on avait envie, quand on avait le temps. Alors oui la plupart du temps on garde la fraîcheur des premiers jets, car on a tendance à se perdre quand on réfléchit trop. Les conditions matérielles sont très pauvres, on a un pc et un SM58, c’est pas terrible. Mais une fois que l’enregistrement est fait il y a un certain soin à travailler le mixage, la sonorité globale, et l’édition et le mastering confié à Ray Bornéo. Ce que permet l’ordinateur c’est par exemple de recaler des voix un peu + ensemble ou bien de les avancer ou les reculer un peu par rapport à la musique. Quand on est satisfait, on « apprend »la chanson telle quelle ensuite, lorsque par exemple on les re chante pour faire un concert. Pour la suite, les ventes de cérémonie malgache nous ont permis d’acheter une carte son un peu moins merdique que l’ancienne, et à priori ce sera moins compliqué de retranscrire plus fidèlement le son cassette du 4 pistes sur l’ordinateur. Quand on a acheté le 4 pistes on a rapidement rentré dedans 18 musiques haha. La première moitié est dans le volume 1, et la seconde moitié sera dans le volume 2. Mais ensuite, on fera probablement encore autre chose.

Je suis toujours fasciné par les duos de voix qui sont des choses au millimètre. Vous êtes très bons là-dessus. Comment on chante en duo ? Comment on s’écoute l’un l’autre ?

Merci pour le compliments, mais il n’y aucun travail de millimétrage, si ce n’est peut-être un peu sur l’ordinateur. Mais sinon, au contraire on se dit tout le temps « allez on se concentre sur ce qu’on fait soi pour le faire bien et on n’écoute pas l’autre pour ne pas se déconcentrer». Laurie ne chante jamais deux fois pareil une même chanson !

On a quand même le sentiment à vous écouter que le côté un peu maladroit et cheap est fait exprès et qu’il y a pas mal de travail. Comment est-ce que vous vous y prenez ? Vous bossez ? Vous passez beaucoup de temps sur les chansons, les textes ? Ca trotte sous la douche, dans la salle à manger avant de passer à l’enregistrement ?

David : Par exemple, parfois on peut entendre des rires à l’arrière plan dans les chansons, parce qu’on s’est fait rire en le faisant. Dans ces cas là, oui, la démarche de ne pas effacer le rire, ou le grincement du tabouret, est complètement intentionnelle car on trouve ça frais et touchant, et on aime se le rappeler quand on ré écoute nos propres enregistrements. A côté de ça, perso je peux passer du temps à chercher le « ton », essayer de chanter comme un bébé pour rigoler pour finalement me dire « ah bah c’est bien comme ça en fait ». Laurie, c’est un peu différent, elle agit instinctivement et ça définit la couleur de la chanson. Pareil pour les textes, je peux buter sur un mot pendant des mois, mais Laurie c’est spontané. Elle ne revient jamais dessus.

L’émotion en question

On ne va pas forcément rentrer dans le détail, savoir d’où vient l’inspiration mais, par exemple, un morceau comme Coma, comment il s’écrit. L’idée est géniale. Il faut le dire. Et l’ensemble est fou. Est-ce que vous réalisez quand vous trouvez un angle incroyable comme ça, ou une mélodie démente comme sur Pendant des mois, qu’il y a quelque chose qui se passe ? Est-ce que vous jetez beaucoup ? Est-ce que vous avez comme ça des fragments que vous tentez de développer à partir de quelques notes, d’une idée ? Quel est le processus ?

Déjà, on ne jette rien, on remet à plus tard. On attend une sensation quand on cherche à valider quelque chose, et tant qu’on n’a pas cette sensation, on remet à plus tard. « Pendant des mois », on était sûrs qu’on allait faire quelque chose avec cette musique, parce qu’on la jouait à la maison et elle nous rendait dingue, elle nous restait dans la tête pendant des jours. Pareil pour flic au cœur tendre dont la mélodie a été passée par une grande quantité de versions, toutes autant valables. Pour un truc comme Coma, on n’a pas trop la réponse à la question. On se rappelle bien avoir essayé d’autres textes et chant, quelque chose de plus « carré » et « mélodique » mais avec du recul ça nous ne plaisait pas trop, ça aplatissait trop la musique. Quand on a essayé ce talk over plus basique, tout s’est mis en relief et on a ressenti l’émotion en question. Après, pour ce qui est de l’inspiration du texte, clairement il y a le quotidien et ce que Laurie faisait ces jours ci, et des clins d’oeil plus ou moins intimes aux copains, mais c’est tout.

Vos textes sont souvent assez provocs. Innocents et provocants. Ca fait partie de ce que vous aimez. Il y a un côté déconne parfois mais qui est assez glaçant. Je pense au terrible O Mon Papa sur l’album précédent. Est-ce que vous en parlez parce que ce sont des choses qui font partie de la réalité ? On a le sentiment que vous affrontez tout le réel les yeux ouverts. Le joyeux comme le terrifiant.

Nous avons un tempérament « bon enfant », de manière générale. On aime rigoler, ne pas se prendre la tête et s’amuser. On ne fait pas toute une montagne de nos problèmes personnels ni de nos traumatismes. On ne s’habille pas en noir en disant « tout est foutu on est des merdes ». Cela ne nous empêche pas d’avoir conscience de problèmes réels,  personnels ou non, et parfois on peut en parler en musique. De toute façon, provoc ou pas provoc, on va être attirés par une forme de paradoxe : un texte horrible sur une musique fun, ou bien vice versa. Après, c’est comme pour le genre synth pop ou lo-fi, on a aucunement envie de rester enfermé dans un genre « provoc » ou « vulgaire », pour nos paroles. Maintenant, si c’est ce que tu voulais savoir, nous n’avons pas été victimes d’inceste, hein.

J’ai du mal à considérer votre musique comme pessimiste. Vous trouvez que la vie est belle ou que globalement on a eu des jours meilleurs ? HLM est superbe dans le genre, je ne sais pas si c’est joyeux ou triste…

Comme on te disait précédemment, le profil « dark typique » ne nous correspond pas du tout. Je pense qu’on valide une chanson à un moment précis où on trouve qu’elle nous ressemble à un haut degré de précision. Alors forcément cette précision implique une certaine complexité : joyeux, triste, ce n’est pas manichéen , mais tel degré . Ce n’est pas un degré dicible genre 47,8 degré sur  un rapporteur, mais un moment magique sur lequel on s’accorde. Après, que l’humanité aie connu des jours meilleurs, ce n’est ni une opinion ni une conviction politique, mais un fait avéré. Si nous-même on n’exprime pas ce degré précis de qui nous sommes, personne ne le fera à notre place. On aime bien l’idée que nos disques puissent être perçus comme un genre d’archivage. Des archives qui montrent que dans l’histoire, des personnes étaient ce degré de complexité dans leur façon d’être à tel moment. C’est ce qu’on demande à l’art, non ?

Dans votre musique, l’amour est à peu près le seul truc qu’il y a à sauver avec l’espoir. On a l’impression que dans notre société, le seul moyen qu’on a de survivre est de se retrouver dans sa petite bulle perso, avec sa nana, son mec ou ses gamins.  Tenter de se protéger, de survivre avec ce qu’on trouve de beauté ?

Oui.

Je suppose que vous devez travailler chacun de votre côté pour vivre. Qu’est-ce que vous faites comme boulot ? Étrangement, ce n’est pas un aspect que vous développez beaucoup. La vie au boulot, le travail. Ca ne se prête pas à chanson ? Ou vous ne voulez pas perdre vos jobs ?

Coquet Pustule

David : Je suis agent d’entretien et de cantine dans une école à Grenoble. J’ai commencé par être remplaçant et au bout de 3 ans j’ai dégoté un poste. Je suis dans ce qu’on appelle une «année de mise en stage ». Si tout va bien, en septembre je serai devenu fonctionnaire. J’ai beaucoup parlé de l’absurdité du monde du travail dans Bleu Russe, et je pense que je continuerai à le faire je pense, car c’est une préoccupation quotidienne. Il y a pour moi une grande richesse humaine à côtoyer des collègues tous les jours qui n’ont rien à voir avec moi. Ceci dit je garde mes activités artistiques secrètes car je redoute leur jugement de ma personne par rapport à l’aspect violent de tout ce qui concerne mes chansons, tous projets confondus. Mais aussi à moindre mesure, les remarques du type « tu fais de la musique ? C’est super , pourquoi tu essayes pas The Voice ? » comme si toute l’institutionnalisation de la musique était une réponse définitive au fait d’être musicien. Je vois les choses un peu différemment et je refuse de limiter ma propre définition au fait d’être musicien ou fonctionnaire : je suis ce que je fais, et ce que je fais est divers. Concernant Poupard, l’aspect qui nous réunit se dirige vers un ensemble que je qualifierais de surréaliste voire lunaire, donc un texte génial sur la labeur du travail à l’usine ne fonctionnera pas aisément entre nous.

Laurie : Je travaille au CHU de Grenoble dans un service de génétique. Je suis fonctionnaire, comme David (bientôt). Je fais plus ou moins de l’administratif. Je suis de formation très scientifique. Ce job me permet de garder un pied dans ce qui m’a toujours attirée sans avoir « la pression » d’un boulot où tu gagnes plus d’argent. De manière générale, j’aime bien aller bosser : m’apprêter pour y aller, les collègues du boulot, manger au self etc. Et contrairement à David, mes collègues connaissent ma vie musicale, et leur jugement m’importe peu.

Est-ce que vous arrivez à consacrer le temps que vous voulez à la chanson ? Avec le rythme quotidien, cela oblige à écrire, à enregistrer « sous contrainte » je suppose. Ca fait partie du jeu ?

Oui on peut dire que ça fait partie du jeu. Cependant la vie que nous menons est grosso modo celle qu’on a choisie. On ne peut occulter une forme de frustration à ne pas faire autant de musique qu’on voudrait, mais on ne fait pas le choix de changer notre manière de vivre sous prétexte de cette frustration. On ne peut occulter non plus les bienfaits de cette frustration : la satiété quand on répète, quand on enregistre, quand on fait un concert. Cette satiété dépend de cette frustration et vice versa. On n’a pas à se plaindre, on assume.

Quel est votre rapport à la mort ? On sent souvent chez vous que la vie est fragile, comme si elle pouvait s’arrêter à tout moment. Ça vous donne un côté romantique, mélo aussi. Sur Vous N’irez plus par exemple, il y a une beauté dans la disparition. Vous attendez quoi de votre propre mort ? Du réconfort ? Ça vous fout la trousse ? Ou non…

David : J’ai perdu beaucoup de gens, famille plus ou moins proches, et amis. C’est une influence forte dans la définition de qui je suis, donc de ce que je fais, donc dans ma musique. Mais par définition, je n’ai pas conscience de mon inconscient.  En revanche, j’ai une conscience aigüe de la fin de la vie, et ma propre mort ne me fait pas peur. La peur de la mort des proches est une autre paire de manches, surtout quand on a un enfant.  Vous n’irez plus, je ne me rappelle pas trop mais il me semble que Laurie a écrit ce texte pendant le confinement et qu’il fait référence directement à cette période particulière. Puisqu’il reste tellement abstrait, avec quelques mois de recul, le thème de la mort apparaît de façon plus évidente, tu n’es pas le premier à le dire. Si chacun peut jouir de sa liberté d’interprétation de nos chansons, je pense que c’est une bonne chose. Maintenant, on ne se dit jamais « faisons une chanson qui parle de la mort ». On ne saurait pas quoi dire.

Laurie : Moi j’ai très peur de ma mort et de celle de mes proches, alors qu’à contrario de David je n’ai pas eu beaucoup de décès autour de moi. Mais paradoxalement bosser dans un hôpital me rassure, cela me permet d’être plus dans le concret et de moins fantasmer.

Je reviens à mes questions sur les années 70. Est-ce que c’est à ce moment là que les choses ont commencé à être dégueulasses ou est-ce qu’il y avait encore une forme d’insouciance ? Giscard ? Vous n’avez pas dû connaître la période plus que moi mais c’est quoi votre lecture de cette époque là ? Dans les films, on voit quand même que les choses ont l’air plus simples, plus solides : la famille, les truands, le rythme de la vie.

Ce qui nous touche dans la musique et le cinéma des années 70, c’est grosso modo la même chose qui nous touche dans la musique et le cinéma des années 80, 90, 2000, 2010, 2020. C’est une chose qui ne fait appel à la forme des choses, mais à leur fond, et comme on disait plus haut, le fond des choses est cantonné à l’humain et non à une période définie de l’humanité. Il n’existe pas plus fortement une forme d’insouciance dans Les valseuses que dans Mandibules.

Pourtant entre ces deux films il y a 40 ans d’écart. La proximité de Poupard avec les années 70 est essentiellement le fruit du hasard, parce qu’on avait un matériel qui a un son « pré assimilé ». Adeline et Nicolas, par exemple, est très directement inspiré par 1982 de Miss Kittin & the hacker : rien à voir avec un délire 70’s. On ne connaît pas plus la réalité de cette époque que toi, mais la simplicité dont tu parles n’est pas exclusive au cinéma de Blier ou Philippe Noiret, mais appartient aussi à un film U.S comme Pecker de John Waters (1997), ou à un disque récent de Philippe Katerine. C’est vrai qu’on défend une forme d’insouciance, mais cette idée ne provient pas de notre culture. Elle provient du fond de nous, et c’est ce même fond de nous, qui, à la base, est le moteur de la formation de notre culture. Ça fait un peu intello, dit comme ça, mais tant pis.

Est-ce que vous diriez que votre musique a un côté engagé ? Vous n’êtes pas des milliers à chanter sur la vraie vie. Gontard ? Quelques autres ? C’est un engagement de ne pas chanter des trucs faussement poétiques sur l’amour comme les ¾ de la variété française, des machins abstraits et qui ne veulent rien dire ?

On ne peut pas faire complètement semblant d’être naïfs. On n’aurait jamais écrit une phrase comme « ceux qui ne sont rien sont ceux qui n’ont pas d’amour à donner », sans les propos de Macron, c’est évident. La nuance, c’est de comprendre qu’on n’a pas écrit cette phrase en réaction à l’actualité, mais que l’actualité influence parfois notre façon d’écrire. C’est une nuance de taille, on ne sent pas comme un groupe engagé qui scande des slogans de la CGT en guise de refrain collégial dans une chanson efficace. A la limite on se reconnaîtra un peu plus dans la définition du « rap conscient » des années 90 qui avait pour caractéristique de ne pas faire de politique à proprement parler, mais de relater un genre de blues personnel lié à un contexte social. Mais vraiment à la limite, car on va toujours chercher l’absurde et le surréalisme, comme si on voulait mettre en relation NTM et Ionesco. Pour le lien avec Gontard, on ne peut pas nier que l’un comme l’autre à sa façon « chante la vie ». Mais ça s’arrête là, bien qu’on se connaisse un peu et qu’on soit un peu potes. Et aussi qu’on a été un peu jaloux d’une de ses dernières chansons qui est un reggae, parce que ça fait longtemps qu’on a dans l’idée de faire du reggae.

Ceux qui n’ont rien sont ceux qui n’ont pas d’amour à donner 

Vous suivez les actualités ? La presque campagne présidentielle ? Comment vous vous situez par rapport à tout ça ? On a le sentiment que tout ça n’a plus vraiment d’impact sur la façon dont on vit notre vie….

On suit de près, on en parle souvent ensemble, et on vote. On observe et commente plus que l’on ne juge : oui c’est difficile pour la gauche depuis au moins deux décennies car elle est éclatée, mais ce sont des gauches qui sont des politiques différentes. On aura du mal à jeter la pierre à untel qui ne se rallie pas à untel sous prétexte d’un ralliement massif. C’est étonnant également d’observer la droite se diviser aujourd’hui, avec Zemmour/Le Pen notamment. On observe bien que la société se divise également dans la droite, et c’est probablement les conséquences de ce qu’on a nommé « la droite décomplexée » de l’époque Sarkozy. Maintenant, si c’est la société qui ne tourne pas rond et engendre un capharnaüm politique, ou bien si c’est la politique qui ne tourne pas rond et engendre un capharnaüm social, au fond c’est la même chose, car c’est la même conséquence : l’humanité a besoin d’un changement profond. Il serait superflu de se contenter d’attendre un changement de la politique ou d’un changement de la société sans agir soi-même. Vis-à-vis de Poupard, on joue le rôle qui dépend de nous : on ne changera pas la politique, on ne changera pas la société : on changera ce qu’on décide de faire. Si on fait un disque insouciant accompagné d’une poignée de concerts où règne une certaine humeur, alors à notre échelle on aura changé le monde. Ce qui dépend de nous réside là dedans. La résistance par le bonheur : on y croit.

Tout cela étant dit, malgré nos divergences individuelles, on va s’accorder sur le fait qu’on a besoin d’un service public de qualité, que chacun doit pouvoir être serein vis-à-vis de sa santé, de l’éducation avec un grand « E » , de son pouvoir d’achat, que l’évolution climatique et le sexisme ambiant doit être chapeauté  par des lois exécutives. La politique et la société ont mis ça de côté ces dernières années, et ça ne nous convient pas, peu importe qui de la poule ou de l’oeuf.

Le monde de Poupard est un monde ouvert mais un peu mal en point. Ça ne parle pas de grands voyages. Vos enfants sont souvent maltraités. C’est en même temps plus ouvert, avec des musiques variées. On n’a pas le sentiment que vous êtes… tournés vers l’international ! Il y a un côté français aussi. Sur le premier morceau du disque, vous chantez comme un chansonnier des années 30, comme Fréhel. C’est pas Kanye West ou Radiohead. Est-ce que le monde a rétréci de ce point de vue là ?

Le sentiment qu’on est pas tourné vers l’international, on peut le comprendre car sa causalité est probablement le fait qu’on chante en français. C’est tout. La raison pour laquelle on chante en français n’est pas culturelle. Radiohead est un bon exemple : c’est un groupe qu’on adore, récemment on écoutait ensemble Kid A suivi de Amnesiac et on se disait à quel point c’était ancré en nous. Notre culture n’a pas de frontière. Est-ce qu’il est très français de chanter en français ?

Ça me fait causer un peu d’économie ou d’ambition. Vous avez tourné pas mal (moins évidemment ces 2 dernières années). Il y a un bel artisanat autour de votre travail : le CD est beau, il y a du physique, des dessins. C’est pas le business international, mais du soin pour les clips. C’est satisfaisant de bosser comme cela, à petite ou moyenne échelle. Est-ce qu’il y a un dessein de grandir, d’intéresser plus de monde ou est-ce que vous pensez que ce que vous faites à vocation (je ne sais pas pourquoi) à rester un peu clandestin ? Un secret bien gardé ? Comment vous voyez ça ?

On ne peut pas dire qu’il y aie un dessein de grandir dans le sens où on ne fait pas de la musique pour devenir connus ni spécifiquement stars de la variété. On fait quand même ce truc de compter nos likes quand on sort un clip ou un album qu’on partage sur facebook, et systématiquement on est déçus. La réaction n’est jamais à la hauteur de tout ce qu’on a mis dedans ni de la qualité qu’on lui prête. Pour les concerts, on ne démarche jamais, on se contente de dire oui à ce qu’on nous propose si ça tombe ok avec nos emplois du temps, c’est pas évident . Cérémonie Malgache, on voulait le sortir en dématérialisé auto-produit à la base. Mais on a reçu un message de Choléra Cosmique (Gros Bisous) pour produire l’album en CD physique avec une duplication très limitée et artisanale, on a pas pu refuser. Même 25 exemplaires, on était un peu stressés, on espérait qu’on allait au moins réussir à vendre la moitié. Pour répondre à ta question, non il n’y a pas de volonté de rester secret, mais on fait comme on peut. Il reste quand même une frustration dans le sens où on se dit que notre musique a du mal à trouver toutes les personnes qui potentiellement peuvent y être sensibles.

On a l’impression aujourd’hui qu’il y a vraiment un fossé entre les radios, je ne parle même pas des télés, grand public et les musiques indépendantes, qui n’a plus été aussi marqué depuis quasiment les années 80. Vous ressentez cette coupure qui s’exprime dans la taille des salles, le public touché, les médias aussi ?

On a pas vécu de « avant/après ». Pour nous ça a toujours été comme ça : si on fait salle comble, c’est une petite salle de 100 max. On sent fortement une différence entre nous et les médias, c’est sûr, mais on ne ressent pas une différence entre le passé et le présent.

Dans votre travail, il y a beaucoup de références implicites à l’image. Le cinéma compte pour vous ? Les films ? C’est un truc que vous faites tous les deux ? Aller au ciné, voir des films. Comment est-ce que vous vous nourrissez dans ce domaine ? C’est quoi vos activités communes ? Celles qui après vont servir à écrire et à imaginer des choses ? Livres, peintures, etc. On sent que derrière la chanson il pourrait bien y avoir une approche un peu globale de l’art non ? Ne serait ce que dans vos clips.

Pour nous la passion du cinéma est aussi forte que notre passion pour la musique. On regarde beaucoup de films ensemble, à la maison et au cinéma (on habite à côté d’un petit cinéma indé). On échange beaucoup sur ce qu’on a vu ensemble et aussi sur ce qu’on a vu individuellement. On ne se dit jamais « faisons une chanson sur tel film » mais quand on exprime ce qu’on recherche, on a un tronc commun de compréhension l’un de l’autre. Ça ne vient pas forcément uniquement du cinéma, mais ça représente déjà une forte assise. On est influencé également par l’art brut, Biscornue Bitch avec un I-phone, pour nous c’est de l’Art Brut. On a parfois des idées de film, mais ça paraît inaccessible à réaliser, par rapport à une chanson ou un petit clip. Laurie fait pas mal de dessins aussi, sous le nom Coquet Pustule.

 

Coquet Pustule

J’ai posé des questions collectives surtout mais j’aimerais que chacun de vous s’exprime sur l’autre. David, c’est quoi les points forts et bluffants de Laurie en tant que musicienne ? Laurie, même chose pour David ?

Laurie : Il a un perfectionnisme très justement dosé et c’est un mélodiste de dingue.

David : Elle trouve toujours une justesse spontanée dans sa voix et ses paroles, je trouve ça incroyable.

Musicalement quand vous composez, qu’est-ce que vous trouvez agaçant chez l’un l’autre. Le truc que vous devez savoir contrôler… pour que ça fonctionne. Je suppose que de temps en temps vous n’êtes pas d’accord. Ou que vous trouvez que tel ou tel truc ne marche pas. Vous arrivez à exprimer cela facilement ?

Laurie : De manière générale je trouve que tout se fait de manière très fluide et c’est très rare qu’on soit en désaccord et qu’on doive argumenter pour défendre une idée musicale.

Je vais finir par vous lâcher. C’est quoi le programme pour Poupard et pour vous deux ? Les prochaines sorties ? Concerts ? Ca reprend ?

On a quelques concerts de prévus à Grenoble et à Gigors. Donc on travaille un nouveau set dans lequel on incluse le 4 pistes cassette en tant qu’instrument, c’est du boulot mine de rien. Et puis il faut qu’on se penche sur Cérémonie Malgache volume 2, les musiques sont prêtes mais il faut qu’on écrive les textes, qu’on enregistre les voix et qu’on mixe le tout.

On a envie de vous souhaiter des trucs bien ? Du courage, tout ça. De quoi est-ce que vous avez besoin en ce moment ? Les bonnes résolutions 2022 ?

Faut qu’on surconsomme moins, l’un pour les bières, l’autre pour les habits. Je te laisse deviner qui est qui.

Je termine toujours par le petit conseil musical du moment. Vous écoutez quoi les Poupard en ce moment ?

David : La soundtrack de Birdy  et la soundtrack de American Beauty ! William Tyler, Miss kittin & The hacker. Des choses qu’on a achetées en occases : le 33t de la musique de Tchao Pantin, une cassette de Gérard Depardieu de 1980. Des chansons écrites par sa femme de l’époque, Elisabeth. On m’a offert un album de Christophe aussi Pas vu, pas pris. Je le trouve trop bien.

Laurie : All The Pretty Little Horses Current 93, Projet Blue Beam Freeze Corleone, Pom pom Ariel Pink, Salvatore Adamo (ses plus grand succès).

Photo d’illustration : Poupard – livret Cérémonie Malgache // Dessins : Coquet Pustule


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