Au sein du jury SBO, parmi la défense, et parce qu’il faut varier les points de vue, chronique d’un auditeur qui aime Lonny mais attend de voir comment l’album se dégustera lors des prochaines années…
L’engouement des thuriféraires de Lonny atteignant ces jours-ci un tel niveau d’acclamation que l’on se sent d’abord obligé de ramener ce premier album, Ex-voto, à des hauteurs plus terrestres, plus appropriées pour ce qui n’est finalement qu’un bon disque de folk atmosphérique, languide et mélancolique comme il se doit – selon une certaine doxa musicale, pas la pire. Ex-voto ne véhiculera donc guère parmi les plus grands catalyseurs d’émotions de la décennie, et sans doute manque-t-il encore à Lonny cette dose d’incantations féériques qui hier ensorcelait chez Aldous Harding ou Julia Jacklin. Il n’en demeure pas moins un disque suffisamment personnel et habité pour accepter d’y investir quelques battements de cœur.
Constitué de complaintes évanescentes toujours à la limite de l’évaporation, Ex-voto poursuit ce que les précédents singles de l’artiste (Avril Exil et Incandescente, par exemple), ainsi qu’un remarqué concert parisien aux Trois Baudets en 2020, dessinaient déjà : une forme d’intimité écorchée qui n’oserait trop en révéler – pudeur des blessés légers –, une ambiance soucieuse d’absolue pureté aussi bien musicale que vocale, des brindilles de combativité irrésolue, des chansons brumeuses qui semblent aussi bien vouloir fuir l’auditeur qu’elles ne souhaitent échapper à Lonny, des douleurs apprivoisées aux cicatrices encore visibles quoi que modestes…
Et finalement, voilà qui devrait satisfaire les apôtres d’une musique à découvert, cathartique et empreinte de ferveur : un disque au visage humain, cousin d’un ancien Songs from a Room lui aussi baigné de piété religieuse et de dévotion artistique.