On s’en veut toujours de ne pas s’être fait l’écho, il y a un ou deux ans, de son projet avec Chris Hooson, le leader de Dakota Suite. Cela ne nous arrivera pas cette fois. Le nouvel album de Quentin Sirjacq paraît le 26 août et s’appelle Far Islands and Near Places. Le projet qui sort chez Karoake Kalk met évidemment en valeur la touche romantique du pianiste français, jamais aussi à l’aise lorsqu’il s’agit de dégager des horizons mélancoliques et d’ouvrir des perspectives.
Comparé parfois à Nils Frahm, Mertens ou Michael Nyman, le jeu de Quentin Sirjacq est parfois critiqué pour sa « facilité » par les amateurs de musique classique. Entre la musique de film, la musique contemporaine et une forme de musique paysagiste indé, il déploie pourtant un savoir-faire instrumental à très haut pouvoir suggestif. Le piano de Quentin Sirjacq fait voyager, décoller et suggère à merveille le voyage ou la transe amoureuse. Cette fois-ci, le piano n’est plus seul mais fondu dans une recherche de nouveaux territoires musicaux qui croisent la guitare, le vibraphone ou les marimbas. Far Islands and Near Places s’ouvre ainsi sur le lumineux Aquarius, premier morceau tiré du nouvel album et dont les harmonies cotonneuses et ultralégères renvoient instantanément à un sentiment de liberté totale et d’élévation. On entend bien sûr l’influence d’un Philip Glass ou d’un Max Richter mais aussi l’envie de mettre cette musique à la portée de tout un chacun. Piano pour fillettes ou piano ambient exigeant : peu importe à vrai dire tant qu’il y a l’ivresse. Quentin Sirjacq se consomme au frais et à l’ombre si possible.