Non, en fait, on ne va pas vous tromper sur la marchandise : Aukai n’a strictement aucune chance de connaître l’engouement populaire. Markus Sieber n’a rien d’une tête de gondole. Et à l’écoute des premiers extraits de son premier album, on peut immédiatement affirmer que l’Allemand ne fait pas dans la gaudriole.
Néanmoins, Aukai ne verse pas non plus dans le maniérisme et la désolation contrite. D’ailleurs, Cachoeira est un instrumental fourmillant, un dédale acoustique exaltant qui n’est pas sans rappeler Manyfingers, avec qui Aukai présente beaucoup de similitudes, alors que Hidden – également en écoute – évoque Max Richter lorsque piano et violons devisent de concert. Brian Eno, Nils Frahm, Ryuichi Sakamoto et The Album Leaf sont par ailleurs cités comme références ce qui constitue un saint patronage. Entièrement acoustiques et toujours délicates, ses compositions invitent à la flânerie, aux songes, au voyage (le musicien, qui fait aussi l’acteur, a d’ailleurs vécu un temps au Mexique, ouvrant ainsi sa musique à de multiples influences).
Avec une pochette qui rappelle fort, par un heureux hasard, celle de You Show No Emotion At All de Hood, Aukai, qu’il ne faudra pas confondre avec le japonais Akisai (même si musicalement, on reste dans des ambiances cotonneuses et mélodies diaphanes), publiera le 3 juin son album par ses propres moyens. De l’artisanat de belle facture.