Ravages / Renaissance
[Autoproduit]

7.5 Note de l'auteur
7.5

Ravages - RenaissancePour certains, Ravage sera associé au douloureux souvenir d’une fiche de lecture au collège. Être obligé de lire et surtout devoir essayer d’expliciter la thèse nihiliste de René Barjavel quand on a treize ans, c’est un coup à vous dégoûter à jamais de la lecture.

Pourtant, c’est bien cette pierre fondatrice de la science-fiction qui a motivé Simon Beaudoux et Martin Chourrouton à baptiser leur nouveau projet Ravages. Nouveau projet, mais les deux jeunes hommes ne sont pas des nouveaux venus, puisqu’ils œuvrent depuis plus de dix-sept ans au sein du groupe Exsonvaldes.

Si le groupe parisien s’est constitué une belle discographie et une solide réputation avec ses compositions nourries de références anglo-saxonnes ciselées, Ravages prend un autre chemin : celui qui conduit vers la chanson française. L’écriture est bien élevée, la plume est enlevée, mais Ravages ne peut se soustraire à cette nouvelle scène française qui doit assumer la parenté de la chanson d’ici : qu’elle soit auréolée d’un renouveau crédit critique (Gérard Manset, Christophe, Alain Chamfort…) ou enfouie sous le vernis d’une variété difficile à assumer (Michel Berger, Véronique Samson, William Sheller…). L’équation n’est pas aisée à résoudre, mais le duo s’en sort assez bien sur les cinq titres qui constituent Renaissance (Ep autoproduit) pour faire le grand écart entre les claviers de Kraftwerk, les tubes chewing-gum à la Phoenix et l’imagerie d’Indochine, tout en citant New Order et Diabologum alors que ses chansons ne sont pas si éloignées du registre de Lescop ou Julien Doré. Le dernier qu’on avait croisé sur ce jeu de piste impossible à suivre, c’était le suisse Soften. On voit bien les références, mais elles sont ici seulement évoquées et la production de Tobias Wilner (alias Blue Foundation croisé aux côtés de Trentemøller) finit de brouiller les pistes – on n’a pas l’habitude que des chansons en français soient traitées comme du shoegaze façon The Radio Dept.

Mieux vaut abandonner les a priori en route, tout comme l’idée de discerner de quel côté se situe Ravages sur la frontière du « bon goût » (de toute façon, c’est de la fumisterie) pour s’adonner à une Disparition Totale Et Définitive.

Tracklist
01. Gamma
02. Disparition totale et définitive
03. Renaissance
04. Syracuse
05. Abraxas
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