Arman Méliès / Vertigone
[At(h)ome / Wagram]

Arman Méliès / VertigoneMais où va donc Arman Méliès ?

Si son précédent album, AM IV (At(h)ome – 2013) pouvait dérouter par son parti pris synthétique, bien loin du registre folk de ses débuts, Arman Méliès confirmait aussi ses talents d’écriture. Cette fois, avec Vertigone, son cinquième album depuis 2004, l’homme à la peau parchemin n’évitera pas la collision. A n’en pas douter, ce disque attendu de pied ferme depuis qu’il a tutoyé le succès avec certaines gloires recommandables de la chanson française (Alain Bashung, Julien Doré, …) divisera. Car Vertigone ne fait pas dans la demi-mesure, dans ses réussites étincelantes comme dans ses ratés désolants.

Certains retiendront la ferveur du ton, l’incandescence instrumentale, l’intensité des compositions. Et une nouvelle fois, la production d’Antoine Gaillet qui n’a pas son pareil pour faire sonner les guitares, y est pour beaucoup, comme sur l’ascension casse-gueule d’Olympe (A La Mort). Ainsi, l’album s’ouvre sur l’incandescent Constamment Je Brûle, interprété avec classe et des tripes, gorge déployée et les yeux perdus dans l’infinité du ciel. Arman Méliès réussit là un tour de force en soufflant un vent épique grâce à un chant écorché, allié à des guitares véloces, tout en évitant l’écueil de l’emphase. Cette chanson, et certaines autres dans une moindre mesure (Mercure avec sa ligne de basse martelée, Tessa dans un registre plus intimiste, Fort Everest et sa mélodie chewing-gum), est mue par une telle puissance mélodique qu’on en oublierait les paroles.

Car, c’est bien là la grande faille, source de fracture, de ce disque.

D’autres en effet resteront aux portes de Vertigone, rebutés par un propos pour le moins abscons et l’emphase de l’interprétation (l’instrumental Vertigone suscite même l’ennui). Les velléités poétiques et le ton emprunté de Méliès qu’on a pu apprécier par le passé trouvent ici leurs limites. Dès lors qu’on commence à pointer certains refrains inintelligibles et quelques formules trop faciles, il est difficile d’apprécier ces chansons pourtant parfaitement carrossées.

Il n’y a toutefois pas grand monde, par ici, à pouvoir transcender une rythmique binaire en hymne épique ponctué par un saxophone (Mercure qui fait pense d’ailleurs à du M83), ou à trouver l’équilibre entre décharge énergique et mélodie bien arrangée.

Mais dès lors que le propos et le ton employés par Arman Méliès ne permettent pas de se projeter dans son monde, de s’approprier ces mots et de partager ces maux, c’est le goût amer du gâchis qui pointe au fil des écoutes dès lors qu’on a usé les belles mélodies.

Tracklist
01. Constamment Je Brûle
02. Fort Everest
03. A Deux Pas du Barrage
04. Tessa
05. Les Cheveux du Vent Fou
06. Olympe (A la mort)
07. Mercure
08. Vertigone
09. Le Volcan, Même
Ecouter Arman Méliès - Vertigone

Liens
Le site d’Arman Méliès
Arman Méliès sur FaceBook

Lire aussi :
[Clip] – Arman Méliès convie Fredrika Stahl sur Haunted

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