[Chanson culte #6] – Relax : y a-t-il un motard pour sauver Frankie ?

Frankie Goes To Hollywood

[article déconseillé aux moins de 18 ans]

Le succès d’un morceau tient souvent à la facilité avec laquelle il procure des émotions. Il y a des morceaux qui vous donnent envie de danser et vous rendent joyeux. Il y a des chansons qui brisent le cœur et d’autres qui vous donnent l’impression d’être plus amoureux de votre ami(e) que vous ne l’êtes en vérité. Relax est la seule chanson qui vous rappelle ce que cela fait de branler un sexe tendu et gorgé de sang à pleine main ou de faire fondre une bite dans votre bouche jusqu’à ce qu’elle vous inonde la joue de sperme chaud.

Lorsqu’elle sort en octobre 1983, Relax est une chanson taillée pour le scandale, conçue en laboratoire par l’ancien journaliste du NME Paul Morley, devenu cofondateur du label ZTT et son collègue producteur Trevor Horn. Morley est un personnage controversé et un brin machiavélique dont la place dans l’histoire du rock est toujours débattue. Certains le considèrent comme un type important, d’autres pensent qu’il s’agit d’un parasite qui aime se faire mousser. A l’époque, Morley est persuadé qu’il y a de la place pour un hit populaire (ce qu’il recherche par-dessus tout) reposant sur la provocation et le scandale. Son collègue Trevor Horn prend en charge les aspects musicaux et prêt à tout pour façonner un morceau efficace et qui envahirait les ondes. C’est lui qui s’entiche de Frankie Goes To Hollywood, un jeune groupe de Liverpool, qu’il découvre lors d’un passage télé pour Channel 4, dans l’émission The Tube. Frankie Goes To Hollywood (baptisé ainsi en référence à une scène où Frank Sinatra revient à Hollywood et se retrouve cerné par une bande de jeunes garçons bien faits et aux cheveux ras OU en référence à l’arrivée du crooner Frank Vaughn aux Etats-Unis dans les années 60 pour tourner avec Marylin – les avis divergent) est né une petite année plus tôt et s’est fait connaître peu à peu grâce à quelques chansons qu’on retrouvera en 1984 sur leur premier album, Welcome To The Pleasure Dome.

https://www.youtube.com/watch?v=OVJMMT9nXRI

A cette époque, Frankie n’est pas signé. Phonogram et Arista, un temps intéressés, ne concluent pas l’affaire. Peu avant The Tube, Frankie enregistre une Peel Session chez John Peel mais ne joue pas Relax qui n’est alors qu’une vague démo. Pour l’émission de Channel 4, c’est pourtant cette chanson qui sert d’appui à la prestation du groupe. La démo ne donne qu’une vague idée de ce que deviendra le tube de Frankie. Le texte est différent, moins scandaleux et explicite et le fameux refrain n’est qu’esquissé. La chanson ressemble plus à un jam maladroit qu’à un tube imparable. Pour les amateurs, on remarque que Holly Johnson, le chanteur et parolier, reprend les fameuses paroles de In Heaven à l’entame, le morceau qui sera chanté ensuite par les Pixies et un tas d’autres personnes.

Horn et Morley signent immédiatement Frankie Goes To Hollywood, convaincus par le potentiel du groupe et les emmènent en studio. L’idée de Morley est de lancer une série de singles outranciers et scandaleux portés successivement par les thématiques du sexe (Relax), de la politique (Two Tribes) puis de la religion (The Power of Love), et d’en faire trois numéros un. Morley veut, s’agissant de Relax, que la chanson mette en avant l’homosexualité revendiquée de Holly Johnson et Paul Rutherford, les deux leaders du groupe. A cette époque, les deux hommes font les quatre cents coups et passent leurs nuits à écumer les bars gays. C’est la belle époque des clubs, des backrooms et du sexe libre. Le Sida, découvert quelques années avant, est présent mais n’a pas encore entravé la frénésie de jouissance transgressive qui a suivi la libération des mœurs. Les pédés baisent à couilles rabattues. Le sperme est tendre et la chair est fraîche. Il existe ainsi un contraste terrible entre la liberté extrême dont jouissent les homosexuels dans l’enceinte des clubs et la relative discrétion avec laquelle ils évoluent et s’affichent dans l’œil public. L’homosexualité dans les médias reste, paradoxalement, encore un tabou. Lorsque Relax, le premier single du groupe sort, George Michael est toujours un serial lover. Le public s’amuse des attitudes ambigües de Duran Duran, du maquillage de Robert Smith, tandis que les adolescents français découvrent l’homosexualité féminine avec Mylène Farmer. La plupart des gens sont à des lieues d’imaginer ce qui peut bien se passer dans une backroom.

Trevor Horn qui travaille avec le groupe en studio est chargé par Morley de changer la démo de Relax en un cheval de course. Les deux hommes n’ont aucun scrupule et décident bien vite que le groupe, impressionné par les fondateurs de ZTT et leurs CVs (Horn a signé le tube Video Killed the Radio Star), ne leur sera d’aucune utilité dans leur entreprise de conquête. Ils travaillent avec Holly Johnson et les siens pendant un peu plus d’une semaine avant de les renvoyer chez eux à Liverpool pour les remplacer par les musiciens de Ian Dury, les fameux Blockheads. Frankie Goes To… Liverpool et ne reviendra à Londres que pour découvrir le mix final où ne reste de la maquette originale que la voix de Holly Johnson et les harmonies vocales de Rutherford. Pour le reste, Relax est devenue une toute autre chanson. Horn corrige, efface et fait évoluer le morceau pour trouver la meilleure formule. Il existera au final au moins trois versions du titre reflétant des orientations très différentes : une plus rock, une plus électro à laquelle travaille l’un des membres du groupe Art of Noise et une version médiane, marquée par la ligne de basse de Norman Watt-Roy et par l’apport du guitariste Stephen Lipston. C’est cette version qui emporte le morceau, après avoir été pas mal retravaillée par Horn, et qui vient s’intégrer au clip réalisé par Bernard Rose dans un authentique club sado-maso. Relax est musicalement un morceau qui a une vraie spécificité dans la production de l’époque, moins lisse que les productions dominantes, s’éloignant du courant new wave pour incorporer des rythmiques tribales et laissant présager d’une prochaine invasion de sonorités électroniques plus brutales et répétitives que ce qui avait cours alors. Welcome To The Pleasure Dome (puisque ce qui s’applique à Relax peut être étendu à l’album entier) est un album novateur, innovant et qui vieillit particulièrement bien.

Morley est très fier du résultat et met en avant le caractère scandaleux de la vidéo dans les annonces qu’il achète dans la presse musicale. Relax est l’un des premiers exemples de hit complètement fabriqué pour le succès. Si Welcome To The Pleasure Dome montrera que Frankie Goes To Hollywood n’est en aucune manière une sorte de boys band gay téléguidé par ses patrons, l’histoire de Relax, leur premier single, dit à peu près le contraire, tant tout est construit pour que la chanson fasse son effet. Le clip est un brûlot de la première (un pédé cuir invite Holly à entrer) à la dernière seconde (la satisfaction qui vient après l’éjaculation). Pendant la majeure partie du clio, tourné de façon mi-réaliste (pour ce qu’il représente) et mi-fantastique (il y a un côté Fellini dans l’orgie avec notamment ce gros Néro obèse qui préside aux débats), les types râlent et miment des sodomies, tandis qu’Holly Johnson, un peu perdu au départ, se reprend peu à peu et finit par afficher son fameux regard malicieux tout en enfilant l’un des personnages (le moustachu) pendant plus d’une minute. Étrangement là encore, et lorsque le clip sort, cela ne fonctionne pas.

Oh oh
Wee-ell-Now!

Relax don’t do it
When you want to go to it
Relax don’t do it
When you want to come
Relax don’t do it
When you want to come
When you want to come

Relax don’t do it
When you want to to go to it
Relax don’t do it
When you want to come
Relax don’t do it
When you want to suck to it
Relax don’t do it
When you want to come
Come-oh oh oh

Relax Frankie Goes To Hollywood

Relax sort en novembre 1983 et ne rencontre, pendant les sept premières semaines d’exploitation qu’un écho modeste. Le single progresse lentement de la 67ème place à la 35ème avant un premier passage à Top of The Pops qui le propulse début janvier à la 6ème position. Mais l’événement majeur intervient la semaine suivante et précisément le 11 janvier 1984 lorsque le DJ Mike Read, le fils d’un homme d’Eglise, natif de Manchester, et qui tient sur Radio 1 la case qui précède le show de John Peel décide d’interrompre en direct la diffusion du morceau en dénonçant le caractère obscène de la chanson. Read qui avait passé le titre auparavant prend conscience au moment où il soulève l’aiguille du disque que Relax est une horreur. Il contemple la pochette scandaleuse du disque avec ses corps enlacés et musculeux, relis le texte pourtant transcrit très clairement sur la pochette extérieure et devient… le catalyseur du succès planétaire de Relax. La BBC sous son impulsion bannit le clip de ses antennes et le morceau des diffusions. Relax passe instantanément n°1 des charts. Le disque déclenche une controverse. Morley fait retourner un clip en urgence (le fameux clip des rayons laser, plus soft et sans grand intérêt), lequel est très vite lui aussi mis au ban des listes de diffusion. Relax s’exporte aux Etats-Unis où, étrangement, les réactions sont beaucoup moins pudibondes. En Europe, le titre s’exporte bien et atteint là aussi la première position des charts… sans que personne sache vraiment de quoi il parle. En France, combien de gamins de 8 ou 9 ans ont passé trois ou quatre minutes avec leurs parents à en reprendre le refrain en dansant, devant le Top 50, en s’égosillant : « Quand tu veux jouiiiiiir, ne le fais pas…. Relax, retiens-toi, quand tu lances la puréééééeeee, retiens-toi. Relax. »

But shoot it in the right direction
Make making it your intention-ooh yeah
Live those dreams
Scheme those schemes
Got to hit me
Hit me
Hit me with those laser beams

I’m coming
I’m coming-yeah

Pour ceux qui ont suivi cela de près, les paroles de Holly Johnson n’ont rien de sibyllines. A les relire aujourd’hui, les paroles ne sont pas ce qui font la valeur de cette chanson plus importante qu’elle n’est vraiment réussie. L’ambiguïté du « come »/cum/venir-jouir-sperme dépassée, il ne reste pas grand-chose à prendre ici. On parle de sucer, de venir, d’éjaculer, de se retenir. Ce sont les ahanements bestiaux, les ooh et les aah qui sonnent comme autant de coups de reins, la rythmique moite et la ligne de basse qui font la force du morceau, ainsi que sa lente progression/descente aux enfers vers le feu d’artifice final. Relax est néanmoins une belle mécanique. Les critiques s’interrogent toujours pour savoir si on parle ici d’une fellation, d’une baise tout ce qu’il y a de plus classique ou d’une branlette. Les membres du groupe donneront des versions différentes. Au début, Johnson prétend que Relax évoque une « séance de motivation ». Il s’agit de se dépasser, de se motiver et de ne pas « venir pour rien ». Il en rigole lui-même. Très vite, le chanteur ne se fait pas prier et explique qu’il s’agit bien de baiser. Peu importe comment vous le faites. On parle du plaisir masculin, de couilles qui gonflent et de la queue qui durcit jusqu’à exploser en un jet bouillant qu’on dirige extatiquement vers l’objet du plaisir. Ejac’ faciale ? Les pédés du monde entier savent de quoi Johnson parle et le remercient pour cela. Relax ouvre une première fenêtre publique et populaire vers l’écosystème gay, pas celui de Zaza et de la Cage aux Folles, des belles sophistiquées, celui des clubs spécialisés, du Bandetoustan, des bears et barebackers. Freddie Mercury chante I Want To Break Free mais se contente d’un travestissement folklorique pour suggérer l’idée qu’un autre monde existe. Il y a bien Culture Club mais personne ne pense encore que Boy George finira par attacher son coup d’un soir à un radiateur. Il faudra attendre encore une bonne année avant que les Communards ne déboulent. En France, Hervé Guibert n’est pas encore le symbole de ces années-là. Edmund White a publié l’année précédente A Boy’s Own Story mais le livre ne s’est pas vendu en dehors de la communauté naissante.
Sur le plan strictement historique, Relax n’a aucune portée autre que de lever le voile sur une réalité qui est, à l’époque, encore irreprésentable.

La connaissance de la vie sexuelle des gays des années 80 ne viendra que bien plus tard. Pour le meilleur et pour le pire. Musicalement, il faudra des dizaines de titres et de morceaux pour que les perceptions évoluent mais sans véritablement ré-atteindre ce degré de précision dans la représentation du sexe pour le sexe. Rétrospectivement, Relax fait figure de sommet dans l’audace et le réalisme, même si, à l’époque, elle ne devait apparaître « à ceux qui ne savaient pas » que comme une variation baroque sur les figures exotiques déjà véhiculées depuis quelques années par… les Village People. « Mais qu’est-il arrivé au motard ? » – Que font l’indien et le cowboy ? Voilà les questions qu’on se pose en coulisses. Dans le clip, on peut même voir le sexe (au repos) de Néron vers la fin. Impensable. Schocking !
Frankie Goes To Hollywood paie ensuite très chère cette entrée tonitruante sur le marché du disque. Qualifié de groupe objet de la stratégie de Morley et Horn, puis plombé par le scandale,Frankie n’arrive pas à dépasser le carton international de Welcome To The Pleasure Dome. Liverpool, leur second et dernier album, est un flop retentissant, malgré de très beaux morceaux. Holly Johnston, séropositif, prend un peu de recul avant de revenir pour une carrière solo intéressante mais plus confidentielle. Paul Rutherford s’exile avec son boyfriend en Nouvelle-Zélande. Personne ne meurt, tout est bien qui ne finit pas. Don’t do it. Ou alors si…

Relax reste, en plus d’un tube majeur des années 80, une vraie anomalie historique. Sexuel avant l’heure, homo, hardcore, fellinien, excessif, moite, il s’inscrit à rebours de l’imagerie qui pointera ensuite dans les médias : le porno chic et l’érotisme hamiltonien. Le titre est dégueulasse, authentique et en même temps complètement trafiqué. Ce n’est pas un hasard si les Spice Girls, bien plus tard, viendront couvrir le record de Frankie Goes To Hollywood en alignant six numéros 1 avec leurs six premières chansons. Le monde de 1984 n’était pas prêt pour connaître la vérité. La musique est une saloperie. Le business finira par avoir la peau du rock avant de s’effondrer sur lui-même. Le véritable refuge : c’est le cul, la dope, la mort par arme à feu. La liberté est un gros doigt tendu. Vous avez dit un doigt ? Vous plaisantez, j’espère.

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1 Comments

  1. says: Dorian G(r)ay

    Ce titre m’a vraiment tapé dans l’oreille. C’était à l’occasion de la sortie d’un dérivé de la saga GTA : « Grand Theft Auto : Vice City Stories », une œuvre magistrale du jeu vidéo. Cet opus se situe dans un Miami fantasmé des années 80, et constitue une énorme satire de l’Amérique opportuniste et de son libéralisme sauvage, écrite comme rarement les films de gangsters le sont, et avec une esthétique inspirée par « Scarface » et « Miami Vice ». Les frères Houser du studio Rockstar Games – tout est dans le nom -, producteurs et scénaristes, sont des plumes incroyables… pétris de culture pop.

    Le jeu était habillé d’une quarantaine de titres du meilleur goût. Leurs jeux étaient polémiques, sulfureux, plein de sexe et ultra-violants, avec toujours cette aura de scandale déjà il y a 20 ans. Autant dire que les voyants étaient au vert pour que s’y trouve… »Relax » de Frankie Goes To Hollywood. Il faut dire qu’elle a fait son petit effet. Je me reconnais parfaitement dans l’anecdote où les enfants entonnent ces phrases libidineuses. Et même en 2006, les foyers n’étaient pas tous équipés d’internet (même si on pouvait voir un des clips par chance sur MCM Pop ou MTV) … La BO, tout comme le jeu, relevaient de la vénération chez tous les garçons. On s’imaginait un futur en Lambo roses et des chemises bleues, roulant sur du FGTH les cheveux au vent, sous le soleil orangé de la cité du vice. Le titre était d’une sophistication telle qu’elle vous accrochait le cerveau.

    « Relax » est définitivement un tube exaltant, aussi efficace qu’un rail de poudre, un hymne à la débauche joyeuse et décomplexée, une course effrénée en avant… Ça roule des mécaniques, et à tombeau ouvert, car il faut se rappeler que le sida déboule en Europe même pas un an plus tard, et va brutalement assombrir les 80’s. Vous tapez juste. Avant, tous les hits gay flirtaient gentiment avec le soufre, là il l’embrasse complètement. S’imaginer le clip de Bernard Rose, imbroglio convoquant à la fois du Werner Fassbinder, du « Portier de Nuit » de Cavani et le « Cruising » de Friedkin, avec ses intérieurs cuirs et ses moustachus en casquette appelant à la partouze… c’est hallucinant de se dire que ça a pu passer sur MTV aux US. Petite pensée à Bernard Rose, réalisateur bicéphale incroyablement sous-estimé, un doigt dans le culte avec les magnifiques films « Candyman » et « Paperhouse », entre horreur et poésie morbide, un autre dans le cul avec des bisseries comme « Snuff Movie » et « Sx_Tape », et un 3ème plus « scolaire » sur la création musicale avec « Ludvig Van B. » ou « Paganini ». J’espère qu’on le réhabilitera car il a quelques films cultes à son insu, et pourtant, ces derniers films sont sortis dans la discrétion la plus totale. Espérons que le remake de « Candyman » change la donne. Il a d’ailleurs réalisé le clip de Bronski Beat, mais aussi « Two Tribes », et le meilleur titre de l’album de FGTH : « Welcome To The Pleasuredom » (le nom envoie du steak)!

    L’album est vraiment bon, mais plus encore… il est innovant : notes de synthé excitantes, sonorités froides new wave nerveuses, chœurs tribaux galvanisants. On a des sons d’une froideur métallique, et pourtant euphorisants, tels ceux des premiers albums de Simple Minds période « Sons and Fascination » ou « New Gold Dream (81,82,83,84) ». De l’album, le pétaradant « The Only Star In Heaven » pourrait être d’eux. Quant au reste, il se situe dans ces mêmes couleurs, mélangeant inserts de bruitages lubriques (« The Ballad of 32 »), sampling de discours politiques, titres métamorphes (les 13 minutes de « Welcome To the Pleasuredom ») ou mélopées langoureuses (« San Jose »). La voix d’Holly si pure, la musique omniprésente … mais jamais le discours d’Holly sur les vicissitudes de l’homme passent au second rang (sur le sexe, la guerre, la religion).

    Mais là où « Relax » va fort, c’est qu’il ira encore plus loin avec le cinéma. Il n’y a non pas 2 versions, mais 3 si on accepte… la scène de comédie mi-musicale mi-porno soft dans « Body Double » de De Palma! Une des scènes les plus métas du film – voir même de l’histoire du cinéma – car on y voit le héros s’introduire lors de cette scène délirante dans un cabaret interlope où Johnson chante et conduit le héros à sa femme fatale … et c’est durant celle-ci qu’on y entrevoit le temps de quelques secondes l’équipe de tournage filmer (qui se confond avec celle du film que l’on regarde) le héros de « Body Double ». On a une brisure du 4ème mur total. Ce qui est amusant, c’est que Brian de Palma, honni par toute la profession pour la vulgarité – revendiquée car constitutive du film, et non involontaire – de « Scarface », enfonce le clou en accordant à « Relax » la scène pivot la plus hot et baroque de cette histoire d’obsédé fétichiste…et pendant 4 minutes ! Énorme glaviot (de sperme) lâché par Brian à l’intelligentsia de l’époque l’honnissant. Joussif!

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