I know, but it’s hard to believe
I know that this time you will leave
We’ve tried so many times before
But now I must open the door
I know there is no more to say
I know I must go on my way
I know I should hide all my tears
I know I must face lonely years
And though I know, I know
I just can’t believe
Someone else is holding you
For though I know, I know
That I have to leave
What is left for me to do?
It’s wrong to be envious of
The one who has taken your love
I know that I should wish you well
I know that my life will be hell
And though I know, I know
That I call my friends
With my endless says of war
For now I know, I know
You will leave my life
And you’re all the life I know
I know I should try to forget
I know that it’s wrong to regret
I know I’ll remember the dreams
I know just what losing you means
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a ouvert la grande boîte à fantasmes, libérant des angoisses millénaristes allant d’une guerre prochaine (un moindre mal) à l’effondrement de la place financière londonienne (la vraie catastrophe). Pour les musiques qui nous intéressent, les conséquences du BREXIT ne devraient pas avoir d’influence véritable sur la domination que nous imposent les britanniques. Force est de constater qu’avant ou après leur entrée dans l’Union européenne, les Anglais, les Ecossais, les Irlandais et même les Gallois ont continué de nous en faire voir de toutes les couleurs, écrasant de leur suprématie des décennies de production francophone. Même retirés sur leur île à fantasmes, les britanniques seront toujours les meilleurs lorsqu’il s’agit d’habiller une mélodie à la guitare mais aussi les plus mauvais lorsqu’ils se mettent à chanter en français. Alors, oui, le Brexit est une opportunité aussi, pour nous, de reconquérir des parts de marché, pour acheter plus de disques en livres (pounds), la nouvelle monnaie de singe, et de visiter ce pays exotique qu’on aime tant détester. Avant de (peut-être) exploser ces ingrats en quart de finale du championnat d’Europe, retour en quelques chansons sur 5 idées reçues pop et post-Brexit. Oui, ces salauds ont même forcé Cloclo à chanter dans leur idiome ridicule.
1. LEAVE – Les Anglais n’ont jamais su chanter en français
Le Brexit permettra peut-être de mettre fin à ça :
Parce que oui, Jarvis Cocker qui chante en français sur ce ténébreux et hypnotique Manon, on peut bien le dire maintenant, c’était complètement bidon. Se marier avec des mannequins parisiens ou habiter comme Pete Doherty dans la banlieue de Melun, on en a soupé des Anglais francophiles qui viennent nous retirer le pain de la bouche, boire notre vin, copier notre cuisine et nous refourguer Duran Duran. Et oui, on emmerde les versions françaises de David Gegde et du Wedding Present. On veut Stromae et Maître Gims, des chanteurs polonais et des starlettes autrichiennes qui s’expriment autrement que dans cette langue débile et si simple à apprendre qu’elle détruit notre patrimoine de l’intérieur.
2. REMAIN – Les hymnes à la grandeur de l’Angleterre nous manqueront
https://www.youtube.com/watch?v=0yB4fkVE_QI
Oh zut, ce qu’on aime Londres et les Anglais, leur allure et leur contribution indépassable à notre vie sentimentale ! On est carrément has been, vieux jeu et tout et tout mais les Kinks qui chantent la beauté de Waterloo Sunset et The Jam qui nous font les yeux doux sur English Rose ont longtemps suffit à notre bonheur. Si ces idiots d’Anglais (comme nous, si on nous avait posé la question) n’avaient pas une aussi haute opinion d’eux-mêmes, peut-être auraient-ils échappé à l’envie de se faire la belle et de renouer avec leur glorieuse histoire solitaire. La Reine s’appelle certes toujours Elizabeth mais les riches heures de l’Empire britannique sont bien loin maintenant. Quoi qu’on y fasse, et même si on apprendra peut-être avec le temps à re-détester les Britanniques, on sait bien qu’il suffira de 2 à 3 minutes d’une belle pop song pour que nos cœurs de froggies se transforment en madeleine. Snif, on l’aimait bien la Perfide Albion. Et puis leurs chanteurs sont tellement beaux et chevelus. Vous avez déjà remarqué que les Anglais gardaient tous (ou presque) leurs cheveux après 40 ans. Un signe qui ne trompe pas.
3. REMAIN – Sans l’Angleterre, Notre horizon c’est la guerre
Comme l’exprime si bien Divine Comedy, le plus Anglais des chanteurs d’origine irlandaise, l’Angleterre a toujours été là quand l’Europe était à la peine. Sans les Anglais, nous voici rendus à nos luttes intestines et à notre destinée belliciste. Mais ce n’est pas tout à fait comme si When The Lights Go Out All Over Europe et comme si aucun artiste britannique n’était capable de rendre hommage aux plus grands compositeurs anglais. La preuve en est que si les Anglais ne veulent plus chanter, on a toujours les Allemands et les Autrichiens pour se consoler. Et puis quand Klaus Nomi reprend Purcell chez Patrick Sabatier, c’est bien quand même. Juste un peu… différent, typé et… mmm… intense.
4. LEAVE – Ces imbéciles anglais resteront toujours aux mains des marchés financiers
On a beau adorer Billy Bragg, son rêve post-communiste d’une New England, pour et par le peuple, commence à dater et restera, même après ce Brexit un vœu pieux. Une pétition, déposée par un partisan du Brexit avant le référendum, demande déjà au Parlement qu’un référendum du repentir soit organisé pour que les Britanniques puissent revenir sur leur vote. Cette pétition aurait déjà recueilli plusieurs millions de signataires, ce qui obligera le Parlement à en discuter. Dans les bureaux bruxellois et à la City, des think tanks (pas du tout) improvisés sont déjà en train de plancher sur la manière dont l’Europe pourrait continuer sans que les gens ne s’en aperçoivent. Ce Leave, vendu par UKIP comme un moyen de remettre la main sur les 5 milliards de contribution annuelle de l’Angleterre à l’Union européenne (solde entre le financement et les subventions retenues), est évidemment un leurre. Les principaux leaders du LEAVE s’en sont déjà faits écho. Car, tout cela, c’est de la blague organisée au bénéfice du Complete Banker de Divine Comedy (encore lui!).
5. REMAIN/LEAVE – On s’en fout, on les aime quand même
De toute façon, l’affaire est réglée. Avec ou sans, on sait bien qu’il n’y a pas d’avenir européen de la pop sans les Anglais. Il n’y a qu’à regarder ce vieux machin de Julian Cope pour s’en rendre compte. Impossible de fermer les frontières radiophoniques, de restreindre Internet pour empêcher à ces foutues chansons britanniques de nous apparaître telles qu’elles sont, infiniment supérieures, souvent, à l’oreille, à nos bluettes locales. Alors oui, on se la ferme, on apprécie et on chante en espérant que cette décision ne nous laissera pas en tête à tête avec Johnny et les dinosaures.
She’s singin’ world shut your mouth, shut your mouth
Put your head back in the clouds and shut your mouth
World shut your mouth, shut your mouth
Put your head back in the clouds and shut your mouth
L’Angleterre est éternelle et le mot d’ordre des Television Personalities notre devise depuis toujours. Quand le ciel est gris et que les choses vont mal, quand Pogba joue milieu gauche et que les manifestations se tassent, quand on ne croit plus en rien, quand il n’y a plus d’espoir, il suffit d’allumer la radio ou de mettre un CD dans le poste, de s’arrêter quelques instants pour sentir le parfum des roses. England Made Me, écrivait Luke Haines pour son Black Box Recorder. Et nous, et nous, et nous.
PS : le syndicat des amateurs de rock indépendant nous a imposé de parler au moins une fois de Morrissey et de The Smiths dans cet article. D’où l’illustration sur laquelle figure le sinistre chantre de l’Englishness Morrissey, lové sensuellement dans l’Union Jack à Finsbury Park, en 1992.