Retour vers le futur : Michael Rault, le Canadien et la faille temporelle

Michael Rault - It's A New Day TonightMichael Rault est une star au Canada. Du moins, on l’imagine. Signé chez Wick Records, le label rock de Daptone, il sort son cinquième album, It’s A New Day Tonight (ok, c’est une vanne), dans les prochains jours et a livré récemment le clip de son nouveau morceau, I’ll Be There, un titre impeccable qui colle pile poil au projet qu’il développe maintenant depuis plusieurs années : faire revivre les années 70.

Michael Rault est un type bizarre et pas seulement parce qu’il porte des sous-pulls à col roulé vert, une moustache et des cheveux longs. Il n’est pas certain qu’il soit représentatif du niveau de développement musical du pays, même si on soupçonnait le Canada, à l’oreille, d’être resté bloqué quelque part entre hier et ici. On plaisante évidemment. On sait depuis l’invasion télévisuelle des années 90 et la demande d’asile donnée à Garou que le sirop d’érable a permis à nos cousins d’Outre Atlantique de se projeter dans un futur alternatif où geek attitude (la passion de Rault) et esprit pop se conjuguent au présent. Michael Rault en est une parfaite illustration. Sa musique vise à restaurer la grandeur du rock californien des années 70, quelque part entre le Love d’Arthur Lee et l’esprit sudiste de Big Star et le moins qu’on puisse dire est que c’est réussi. Le clip n’y  est pas pour rien mais on s’y croirait. Michael Rault réussit, soutenu par une production bluffante, à reproduire la qualité d’enregistrement des studios de l’époque et à développer un discours musical totalement anachronique, sans que celui-ci passe pour une copie ou une tentative désuète de ressusciter un passé disparu. I’ll Be There reprend les schémas de composition des classiques de l’époque : l’envie de prendre l’air et de lever le nez au ciel, le mélange de psychédélisme insouciant et de préoccupations existentielles, la prévalence des guitares nourries à la country et au vieux blues. Il y a dans cette musique une respiration caractéristique et typiquement américaine qui correspond parfaitement à la quête d’authenticité de Daptone et de sa tête chercheuse rock qui avait déjà filé la veine garage avec sa première signature, les Mystery Lights.

Avec Michael Rault, c’est une autre voie dans l’histoire du rock US que réinvestit le label dans sa soif d’authenticité, comme s’il était possible de faire du neuf en répétant l’ancien. On n’est pas certains que la stratégie leur permette de vivre pendant des décennies mais la démarche vivificatrice vaut la peine d’être soutenue. On est curieux de voir ce que donnera l’album.

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