Retour aux affaires pour le dandy de Sheffield et c’est un retour en grande forme. On était sorti quelque peu épuisé du dernier opus, Standing At The Sky’s Edge, tentative partiellement réussie de s’aventurer dans des contrées plus électriques et psychédéliques, alors qu’on rêvait secrètement à une suite boisée du sublimissime Truelove’s Gutter, son meilleur disque à ce jour et la consécration du chanteur dans sa capacité à émouvoir avec des merveilles pop évidentes à la première écoute. La venue il y a quelques mois du nouveau single Which Way avait quelque peu inquiété car on retrouvait là les arrangements électriques un peu appuyés qui gênaient justement sur le précédent, mais l’écoute d’Hollow Meadows, huitième album de l’ex-Pulp rassure très vite. Sans être parfait comme son petit frère de 2009, on est une nouvelle fois en présence d’un grand disque de pop rock anglais, façonné à l’ancienne : d’abord par sa forme et parce qu’il sait ingénieusement alterner les ambiances, tout en gardant une véritable identité propre à l’artiste. Ensuite par ses arrangements d’une richesse qu’on ne retrouve désormais que chez très peu de songwriters anglais : guitares sèches vintage, arpèges électriques plongées dans la reverb, chorale de chœurs sur de nombreux titres, orgue, pianos, dobro et une voix volontairement en avant, cette voix qui chante comme personne l’amour et les déceptions sentimentales, la reconquête, la vie quotidienne, cette voix indescriptible parce qu’à la fois si claire et tellement rocailleuse.
Côté songwriting, Richard Hawley a pris son temps et a mis le paquet en composant une poignée de ses meilleures chansons, certaines allant même sans mal rejoindre immédiatement les déjà nombreux classiques de son répertoire : dès l’introduction I Still Want You (dont les paroles donnent nom à l’album), mais aussi Nothing Like A Friend, Tuesday Pm et surtout les deux monuments incontournables que sont Long Time Down et Welcome The Sun, qui devraient tous deux faire tirer quelques larmes aux prochains concerts du chanteur.
Richard Hawley a encore beaucoup de choses à nous raconter et on sent un artiste en totale possession de son talent, en totale maturité artistique. Prendre de l’âge lui va vraiment bien. Seule déception au tableau, le morceau achevant l’album, un peu moins réussi (on fait la fine bouche car cela reste une bonne chanson !) quand on attendait un final chargé d’émotions, comme il a pu le faire par le passé. Mais ne boudons pas notre plaisir, on sait déjà qu’on tient là une des pépites de l’année 2015, et sans doute un des meilleurs disques de Richard Hawley.
02. The World Looks Down
03. Which Way
04. Serenade Of Blue
05. Long Time Down
06. Nothing Like A Friend
07. Sometimes I Feel
08. Tuesday PM
09. Welcome The Sun
10. Heart Of Oak
11. What Love Means