Voilà une bonne semaine que les abonnés aux réseaux du plus merveilleux des trios londoniens sont sérieusement teasés par quelques extraits de vidéos où de beaux et jeunes gens se prélassent dans des univers paradisiaques au son de mélodies électro-lounge particulièrement planantes et accrocheuses et cette phrase mystère en exergue : « I’ve Been Trying To Tell You ».
N’étant pas nés de la dernière pluie, on a vite compris que ce que Saint Etienne essayait de nous dire c’est qu’I’ve Been Trying To Tell You serait le titre de son nouvel et dixième véritable album qui sortira le 10 septembre sur leur label de toujours, le bien nommé Heavenly, 30 ans tout juste après le séminal Foxbase Alpha. Après le discret (sans doute parce que quelque peu décevant) Home Counties sorti en 2017, le trio renoue avec des sonorités plus électroniques, à base de samples, qui redonnent vie à des ambiances estivales dignes des années 1990 dont le souvenir a nourri les inspirations dans la confection de l’album. Le disque, qui sortira comme il se doit maintenant dans une multitude de formats plus ou moins collectors sera accompagné d’un film réalisé par le vidéaste et photographe Alasdair McLellan, responsable de toute l’imagerie autour d’I’ve Been Trying To Tell You, un peu gâchée, signe des temps sans doute, par un grossier placement-produit.
Premier extrait du film et de l’album, Pond House, nous entraine à faire des ricochets sur les rives du Southampton Water, des jongles et des ongles dans un univers retro futuriste où le portable n’existerait pas, rendant ses lettres de noblesses aux mythiques cabines publiques rouges, comme il y a 30 ans en somme. Le morceau, d’une grande sensualité, est une collision de beats lancinants, de nappes atmosphériques et de sonorités dubisantes sur lesquels la voix, non pas de Sarah Cracknell mais, ô surprise, de Natalie Imbruglia (un sample de son morceau Beauty On The Fire de 2002) tourne en boucle, telle une sirène sur l’ile de Wight.
S’il faut reconnaitre que Saint Etienne n’a pas toujours été complétement au rendez-vous au fil de productions parfois inégales, difficile de le considérer autrement que comme un maitre-étalon en matière de pop électronique anglaise, d’autant que le groupe a toujours su agrémenter sa musique de divers travaux visuels et artistiques s’appuyant notamment sur la géographie londonienne, se faisant volontiers témoins des évolutions de leur époque. Nul doute qu’I’ve Been Trying To Tell You en offrira un nouveau chapitre.