Tristan Roma invite l’Italie à la maison

Tristan Roma - Primo ScenarioL’histoire du premier EP et de l’entrée en variété du chanteur Parisien Tristan Roma est assez singulière mais racontera mieux sa musique qu’une longue biographie. Musicien à Paris, le garçon est depuis longtemps tombé sous le charme du cinéma italien, des années 60 et 70 notamment, soit une période d’âge d’or où la France et sa voisine transalpine entretenaient culturellement des liens autrement plus étroits et proximes qu’aujourd’hui. Qu’est-il advenu des fameuses collaborations d’alors ? Qu’est-ce qui a pu faire que les productions françaises et italiennes dans le domaine culturel aient fait le choix de s’ignorer à ce point depuis ? En 2022, à de rares exceptions près, les communications sont rompues ou diluées dans le bouillon/substrat anglo-saxon dominant. C’est peut-être une explication un peu courte mais nous vivons à part, partageant uniquement quelques sourires à l’Eurovision et évidemment des recettes de cuisine.

Exposé à la culture italienne au cours de nombreux voyages là-bas, Tristan Roma a été bercé par les BO des films d’alors, auxquelles il a choisi de rendre un hommage en musique à travers ce EP genré baptisé Primo Scenario. Le EP, en 5 morceaux, constitue ainsi la bande-son d’un film d’antan imaginaire, dont la fréquentation nous projette dans un passé en partie fantasmé où la Francitalie nous enchantait. Magnolia est un bel exemple clippé à l’ancienne de cet esprit qui irrigue le projet, rétro mais pas trop, kitsch mais aussi tourné vers la sécheresse du recours aux instruments synthétiques, la relative rudesse du dispositif, n’est pas que clin d’œil dans le rétroviseur mais s’impose comme une vision presque cruelle et sombre de l’insouciance d’hier. Il y a dans ces morceaux une sophistication qui peut agacer et être prise pour de l’afféterie (Vision Mer est très discutable), mais globalement un enthousiasme, une fraîcheur et une approche assez lo-fi qui rappellent les débuts stylés d’un Katerine. Cette Italie là n’est pas tant bourgeoise que ça. Elle est très codifiée mais aussi en pièces détachées et tenue à distance de son propre fantasme. On n’est pas certains de savoir où et vers quoi Tristan Roma ira après ça mais l’antipasti est savoureux et délicat. On ne va pas s’en priver, même si on n’en finira pas pour autant de ne jurer que par la Batteria.

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