Il y a d’abord cette magnifique pochette, à la fois sensible (ce n’est pas fréquent de montrer deux hommes qui s’enlacent avec compassion) et désabusée, si ce n’est cynique (l’habile photomontage met en scène Sindri Sigfússon se réconfortant lui-même !).
Le ton est donc affiché : l’heure est à la mélancolie tenace pour Sin Fang. Et pour écarter définitivement tout malentendu, l’Islandais a baptisé son cinquième album solo Sad Party. Mais pas d’inquiétude néanmoins, le protégé de Morr Music ne verse pas dans le misérabilisme. Il offre même une virée panoramique du catalogue du label allemand.
Tout d’abord, Planet Arfth est une ambitieuse introduction instrumentale, qui démontre toute les qualités d’écriture de celui qui a fricoté avec Sóley et Örvar Smárason (Múm) le temps de l’album Team Dreams (Morr Music – 2018). C’est une véritable symphonie électro-organique qui démontre les aspirations (tr)hip-hop du jeune homme. D’ailleurs la vidéo du single No Summer confirme la passion du tatoué pour l’imagerie hip-hop et skater. Il s’agit d’une bonne chanson à la coule, malicieuse, irradiée par un doux soleil légèrement voilé comme le chant : un exercice que maîtrise parfaitement Broken Bells avec qui les ressemblances sont multiples, à ceci près que Sigfússon a enregistré cet album en seulement 3 semaines et sans l’aide de quiconque.
L’Islandais a décidément plus d’un tour dans son sac et il excelle dans le mid-tempo, lui qui préfère les chansons « pas trop rapide ni trop lente, pas trop puissante ni trop calmes« , ce qu’il met en pratique sur Hollow, Smother ou encore Happiness. Une belle triplette de dream-pop funky. ailleurs, il injecte une petite dose de tropicalisme à Goldenboy Is Sleeping, exercice d’electronica / EDM façon Four Tet. Dans le même esprit le conclusif Constellation voit des notes de sitar et même des trompettes à la The Boo Radleys s’immiscer dans un chausse-trappe vocale sur une rythmique cheesy. Et là, on pourrait citer quelques représentants de la galaxie Anticon comme Why? ou Alias. Avouons-le, de prime abord cela fait donc un sacré namedropping élogieux pour un seul album et même un seul bonhomme qui interprète tout ou presque, en plus des compositions, paroles comprises, et toutes les étapes de production. Mais c’est dire le talent du garçon qu’on avait quelque peu minoré jusqu’alors.