L’album, le troisième du groupe, s’appellera Visages et sortira en mai 2020. Dans la France déchirée et troublée d’aujourd’hui, il aura des allures de mirage, tant il est fait d’harmonie et de paix, quand tout s’ébroue et explose autour de lui. Le duo parisien Sunshade fait partie des groupes qui proposent à l’auditeur un univers alternatif, une forme de voyage hors du monde qui peut faire penser à une illusion ou à un échappatoire. Avec la délicatesse pop d’un Eels, la poésie onirique d’un Blonde Redhead, éthéré et vaporeux, ou la grâce 90s d’un Piroshka, le duo composé de Mathieu Rivalan et Jean-Christophe Valleran évolue dans un registre qui s’apparente à une dream pop enchantée. Son single, magnifiquement servi par son animation, Magic Kid, en est le signe et la trace. La mélodie est gracile, marquante et effaçable à la fois, entêtante aussi et légère comme une plume. Le morceau parle de l’enfance, de l’innocence supposée et perdue, mais aussi des souvenirs qu’on garde.
I was lost in paradise
Left alone and sad sometimes
It sucks to be that small!
With the cold and up the swing
I’ve done questionable things
But I’m not sure if I knew.
Le groupe part à la recherche de ce qui a changé et de ce qui perdure comme si la musique visait à capturer l’instant et les signes d’hier. La musique et le temps se perdent, s’enfuient et s’évaporent. Le souvenir reste quand la chanson s’éteint. Il y a une chimie savante qui s’applique ici et qui est délicate et précise comme tout bonne pop. On y est sans y être. Et puis l’on n’y est plus. Magic Kid sonne comme l’histoire d’une vie et puis non. Sous le soleil exactement, on ne voit plus les ombres.
Lire aussi :
Sunshade rêve d’un printemps à l’italienne