C’est à peine croyable qu’on puisse, à l’heure du tout puissant Google, penser appeler son projet musical The Day. Même en orthographiant correctement le nom du groupe, en ajoutant le nom de l’album (Midnight Parade), il faut encore savoir que le disque parait sur le label Sinnbus pour en trouver trace sur les internets. C’est un cauchemar de référencement, un défi à la puissance des algorithmes. Même dans notre boite email, le message annonçant la mise en ligne d’un nouveau single (We Killed Your Hearts) est difficile à retrouver alors que la mélodie nous trotte toujours en tête. Du coup, dans ce marasme de marketing, on n’avait pas même relayé le précédent single Where The Wild Things Are.
Pourtant le duo allemand présente nombre de qualités pour qu’on s’en entiche avec gourmandise. C’est typiquement le genre de groupe discret et sans prétention qui parvient à toucher sans artifice. Déjà, alors que la plupart des duos masculin-féminin se contentent d’une formule « producteur autiste aux machines » et « belle qui roucoule », The Day sonne comme un véritable groupe de rock. Ils balaient d’un revers de main l’imagerie « pop à guitares fleur bleue » ou dreampop qu’on pourrait facilement leur accoler sur la foi d’une photo de presse : elle, les traits fins, un air distancié de femme fatale et lui, nous fixant de ses grands yeux bleus avec un air d’amoureux éconduit.
Pour trouver une filiation à The Day, il faudrait plutôt aller chercher du côté des groupes américains qui savent se mettre à poil sans que ce soit indécent. C’est toujours sur le fil, car il ne faudrait pas grand chose pour que le pathos prenne le dessus et que cela vire au grossier, au pompier. Mais, même si parfois les refrains sont mus par un souffle adolescent, que la production alterne entre un son clinquant (en particulier sur Grow qui subit un traitement digne de Simple Minds) et des plans en ligne directe formatés pour les college-radios, que les guitares peuvent être bavardes comme aux plus heures du rock héroïque si on y prête attention, Laura Loeters et Gregor Sonnenberg sont d’une spontanéité confondante, d’une sincérité jamais prise en défaut. Au final, The Day pourrait prétendre à reprendre le flambeau de L’Altra avec la velléité de séduire le public de Death Cab For Cutie. C’est reconnaître là que derrière un patronyme qui lui ouvre les portes de l’anonymat, The Day distille un fort pouvoir de séduction qui motivera l’écoute de Midnight Parade – de préférence en solitaire, en bagnole de nuit. Et si on doit bien avouer qu’il y aurait mille et une raisons rationnelles pour dénigrer ce projet qui s’efforce à occuper un espace « middle of the road », au contraire, on s’en délecte.
02 Where The Wild Things Are
03 Grow
04 The Golden Glow
05 Yet To Come
06 Exit Sign
07 We Killed Our Hearts
08 Gravity Has Played Its Part
09 Berlin
10 I Drew A Map
11 The Years
12 Illuminate
13 Folded Paper Planes