Il faut se rendre à l’évidence à l’écoute de ce deuxième album : ce groupe est indéfendable. Parce que The Paper Kites verse dans un romantisme que certains qualifieront de mièvre ou de pompier. Dommage. Mais en ouvrant On the Corner Where You Live, par une petite introduction jazzy saxo-piano qui aurait pu faire un interlude dans un épisode de Mike Hammer, les Australiens plantent le décor. Ambiance tamisée, volutes de fumée, sourires capiteux et regards ténébreux. The Paper Kites conçoit sa musique comme un jeu de séduction. Au risque de paraître putassier ou cul-cul. Ils ne reculent devant aucun poncif : plan de lead-guitar un rien métallique, chant enfiévré et chœurs fervents, batterie gonflée comme une Ford Mustang, production taillée pour les stades. Pour qui voue un certain dégoût pour les sonorités et le rock épique des années 80, The Paper Kites est un cauchemar. Pour les autres, c’est un aller sans retour.
Le quintette de Melbourne captive par ses compositions vibrantes incarnées par Sam Bentley, dont la tessiture et l’amplitude vocale ne sont pas sans évoquées Paul Buchanan (ce qui est un grand compliment vu le talent de The Blue Nile). Le chanteur en chef, qui joue aussi de la guitare et des claviers, partage la vedette avec Christina Lacy, l’autre pilier historique du groupe depuis dix ans déjà. La troublante jeune femme love la plupart du temps son chant dans les entrelacs de la mélodie. Elle se dévoile même seule sur Mess We Made (on dirait The Sundays en version soft-rock). Avec deux chanteurs de cette trempe là, on tiendrait déjà de quoi faire de belles chansons. Mais The Paper Kites compte également en ses rangs un excellent guitariste (David Powys) et une section rythmique (Josh Bentley – Sam Rasmussen) aussi efficace qu’inventive. La force de frappe est probante et c’est le très courtisé Peter Katis (crédité, notamment, sur tous les albums de The National) qui s’est chargé d’enregistrer ce troisième album dans son studio aux États-Unis.
Pour retrouver les origines de l’inspiration de The Paper Kites, il faudrait certainement remonter vers des sources dont on ne saurait garantir la qualité dans son exhaustivité. Alors plutôt que de mentionner Supertramp (qu’on réservera pour The War On Drugs), on citera les plus hauts faits d’armes de Simple Minds. On pourrait aussi évoquer Tears For Fears ou les très mésestimés This Picture (un jour, il faudrait qu’on se penche sur le cas de A Violent Impression). Le groupe joue avec ses tripes, se met à nu, ne cache pas sa ferveur, fait preuve même d’incandescence. Peut-être est-ce trop narcissique et à fleur de peau pour certains, mais cela ne manque pas de panache et de sincérité.
02. Give Me Your Fire, Give Me Your Rain
03. Deep Burn Blue
04. Mess We Made
05. Flashes
06. Red Light
07. On the Corner Where You Live
08. Midtown Waitress
09. When It Hurts You
10. Does it Ever Cross Your Mind
11. Don’t Keep Driving