Il est quasiment impossible de trouver un mauvais album de Ty Segall. La productivité du musicien californien qui a atteint désormais l’âge canonique de 35 ans est telle qu’on fait souvent la fine bouche pour trouver ses disques trop rapidement troussés, trop punk, trop psyché ou trop machin chose. Mais c’est quand même une vaste blague tant il y a à chaque fois de quoi se réjouir et s’étonner.
Hello, Hi, à l’échelle du type, amorce une sorte de virage, vaguement radical, vers un territoire musical plus calme, paisible et en tout cas occupé principalement par une voix haute à la T-Rex et une guitare acoustique. Autant dire que ce n’est pas tout à fait ce pour quoi le bonhomme était connu. Les chansons sont superbes et l’exécution remarquable. Hello Hi respire et inspire une forme de sérénité typique des années 60, vaguement inquiète et fragile, mais paisible et décontractante/décontractée qui ne fait pas disparaître les caractéristiques éternelles d’un Ty Segall, compositeur adroitement maladroit, lo-fi et bricolo.
Depuis le lumineux démarrage sur un Good Morning enchanteur, jusqu’au titre éponyme, explosif et psyché-rock, tout ici est destiné à nous faire fondre et à nous faire voyager dans le temps. On pense aux Sparks par moment, à ces groupes psychédéliques californiens des années 60-70 qui alllaient verser dans le prog, mais encore et surtout à un Bolan au meilleur de sa forme, svelte et aux pupilles dilatées. Blue est divin et comme décalqué d’un hit du T-Rex jusque dans la façon de chanter. Looking At You est génial et anachronique, grésillant et passionnant en mode instrumental. Dont Lie sonne comme du John Lennon cueilli au bas du lit et ça enchaîne ainsi de façon sublime, simplissime jusqu’au bout.
On ne sait pas si on doit ce disque intime et apaisé au confinement (Ty Segall avait sorti un Harmonizer plus sonique l’été précédent, et on ne sait jamais quand il enregistre), mais Hello Hi est le disque rêvé pour passer l’été, un disque inspiré, solaire et brillant. Saturday Part 2 est une chanson tout simplement fabuleuse d’équilibre et d’harmonie. Distraction qui suit et referme l’album est, en cinq minutes avec sa conclusion cachée en forme de chœur, une autre prouesse. On peut écouter Ty Segall les yeux fermés. C’est un enchantement ici.