GoGo Penguin ou la spontanéité du concert par procuration

Gogo Penguin live
L’enregistrement de prestations en condition « live » est devenu un nouveau produit marketé très en vogue en 2020, année du confinement (en espérant que cela ne devienne pas notre quotidien). Ce n’est souvent qu’un palliatif à l’effet placebo mais dans le cas présent, on est quand même bien content d’entendre et de voir les nouvelles compositions de GoGo Penguin comme si on y était depuis le fond du canapé.

Direction donc les studios Abbey Road, temple sacralisé de la musique anglaise (il y a les musiciens qui ont franchi le pas de la porte et les autres qui restent parmi la plèbe). Si vous ajoutez à cela que le dernier album en date du trio paru il y a seulement quelques mois a été réalisé pour le compte du label Blue Note, et on peut imaginer que c’est à peu près comme si la reine Elisabeth avait érigé les trois musiciens au rang de « lords ». Avec tous les a priori dont on est capables à l’égard des jazzeux, ce titre de noblesse vaut la peine de scepticisme éternel.

Fort heureusement, GoGo Penguin transcende les codes du genre qui même, quand il se dit « free », laisse les émotions à l’orée de la maîtrise technique. C’est même tout l’inverse. Certes ces trois musiciens sont des virtuoses, champions de solfège et capables de faire des trucs de dingues avec leurs instruments. Des trucs qu’on n’est pas incapables d’apprécier et qui sont aux antipodes de ce qu’on recherche en musique. Mais à la différence de nombre de leurs congénères, ils restent attachés à la musicalité, à l’émotion distillée. Si le doute reste permis sur un album produit en studio, en revanche, il n’y a nul doute possible en concert : on saurait discerner l’incarnation des compositions. A vous donc de juger en conditions réelles ou presque.

Les sept compositions interprétées devant les caméras dégagent une énergie palpable où l’interaction est la force motrice du groupe. Le tout sans effet avec un piano, une batterie et une contrebasse. A part Jaga Jazzist, il n’y a pas grand monde qui parvienne à briser ce plafond de cristal.

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