Dans le genre peine-à-jouir, Yndi Halda en impose. Le groupe anglais, déjà auteur de deux albums n’a aucune conscience du temps. Ou, si, tout au contraire, l’utilise comme une composante de son approche artistique.
Après avoir réalisé un premier disque en en 2005, le second (Under Summer), n’est paru qu’en…2016. C’est dire le niveau de maturation des compositions. Et chacune de ces compositions (chanson ?) est une odyssée, une épopée. Jamais le groupe n’est descendu en dessous des dix minutes pour s’exprimer et donc le single (?!) A Sun-Coloured Shaker occupe à lui toi seul la plage unique d’un CD (réalisé sur le précieux label artisanal grec Sound In Silence Records) ou l’unique face d’un vinyle 12″ (coréalisé par Burnt Toast Vinyl et Big Scary Monsters).
L’espace, les mises en perspective, l’étirement, les vues panoramiques constituent en quelque sorte le sixième membre du groupe qui, a contrario, déteste la redondance, la répétition. Pour eux, la structure couplet-reflet est un non-sens. A Sun-Coloured Shaker s’ouvre sur une orchestration délicate (guitares électro-acoustique, violon), une rythmique aussi puissante qu’aérée et un chant pur, qui porte une mélancolie ascensionnelle qui va haut, incroyablement haut. Ça fait à peine 5 minutes que Yndi Halda tisse sa toile qu’on ne touche plus terre, qu’on a depuis déjà longtemps fermé les yeux, qu’on a lâché prise. On monte, on monte, portés, emportés… et puis la rythmique desserre son étreinte, le chante s’apaise, pour nous libérer, nous permettre de flotter. Moment d’apesanteur. Avant de regarder les hommes en contrebas dans leur quotidien mesquin. On espère que Yndi Halda nous tire encore plus haut, mais rien, plus d’énergie, il ne reste que des cordes tristes, un synthétiseur en mode mineur. Pour l’ascension et la tête qui tourne par manque d’oxygène, il faudra appuyer sur la touche « repeat ».
Peut-être, tient-on là l’un des meilleurs groupes de post-rock ou de post-pop entendu depuis Firekites ou Early Day Miners. On pourra aussi citer L’Altra pour la dramaturgie, The Rachel’s ou encore Halifax Pier pour les sonorités, le Tarentel de la première heure pour l’énergie. Autant dire que les gens pressés passeront à côté, mais les quelques-uns qui prendront le temps de se laisser transporter, feront un beau voyage en compagnie de Yindi Halda.