On doit avouer avoir cessé d’écouter les disques de Beth Orton après Daybreaker, c’était son troisième album (quatrième en réalité) et il y a tout juste vingt ans. Cela s’est fait ainsi, un peu à l’image de la musique proposée par l’ancienne princesse du folktronica, ce mélange de folk et d’électronica qui la caractérise : passer comme une caresse ou la brise après avoir déposé au creux de l’oreille un souvenir affectueux et durable.
La musique de Beth Orton ne déchaîne plus les foules depuis longtemps. Elle n’a jamais rempli les stades ni remué les passions. C’est une musique de l’attention à soi et aux éléments qui est à la fois simple et sophistiquée, intime et précieuse, immédiate et en même temps extrêmement travaillée sur le plan sonore et qui a pu, à son apparition, faire figure de musique pionnière puisque le folk à guitare acoustique s’y frottait alors, pour la première fois, aux machines et à la singularité trip-hop.
De l’eau a coulé sous les ponts comme on dit, et Beth Orton annonce aujourd’hui son nouvel album (n°7 ou n°8 selon la comptabilité) qu’elle présente au monde à travers un premier extrait, Weather Alive (titre éponyme donc), qui impressionne par son ambition et sa durée. De l’ancienne Beth Orton, on retrouve à peu près tout : la mélancolie, la capacité à chanter la tristesse et à laisser filer le temps, mais aussi l’aisance mélodique et cette manie de prendre plus de temps qu’il n’en faut pour étirer les notes.
Composé dans son home studio à Londres, le disque a amené à son chevet un certain nombre de musiciens collaborateurs parmi lesquels le batteur Tom Skinner (récemment mis en avant par le projet The Smile), ou encore Tom Herbert, le bassiste de The Invisible. Ces musiciens viennent enrichir la texture d’un disque qui impressionne par son épaisseur et sa beauté. Beth Orton y parle comme souvent d’elle, des épreuves qu’elle a traversées et de ce qui fait le quotidien. L’Anglaise passe par Bercy mi-juin en première partie d’Alanis Morrissette, une association étrange et comme revenue du passé, qui ressemble au mariage de la carpe et du lapin. Beth Orton a toujours eu ce côté décalé et presque 70s dans son jeu de guitares. Elle brille par la modernité de sa désuétude. Avec la canicule qui s’annonce, courir nu sur la plage (ou la pelouse en l’occurrence) avec la belle Anglaise est une option qui s’impose :
In the half light, almost moonlight
We’ll run naked ‘cross the lawn
All is rising
All transpiring
And our shadow breathes the day
Avec le temps, Beth Orton est devenue audacieuse et coquine. Ses ombres sont sensuelles et ses soupirs suggestifs.
Weather Alive sortira le 23 septembre chez Partisan.