Porté par un accueil critique très favorable, ce premier album de The Smile, projet parallèle de Johnny Greenwood et Thom Yorke de Radiohead, a commencé par nous ennuyer. N’étant pas d’immenses fans du groupe d’Oxford (du moins pas depuis… 20 ans), on a été cueillis à froid par l’interminable (4 minutes 23 seulement) The Same qui ouvre le bal, sorte de chute de studio un peu ratée de Kid A, et par le match rock jazzy plus brouillon qu’expérimental de The Opposite. L’idée selon laquelle le travail de The Smile allait peu à peu s’imposer comme un manuel d’audace pop pour les nuls (et les branchés) nous a traversé l’esprit, avant que le groupe, porté par l’excellent batteur Tom Skinner, ne s’ébroue une première fois sur le plus électrique et punk, You Will Never Work In Television Again. Choisi pour représenter le disque, c’est le single le plus évident et probablement l’un des 2 meilleurs morceaux de l’album.
Voilà que l’espace d’un instant, Radiohead renouait avec sa grande époque, incandescent, brillamment satirique et simple comme bonjour. Ca tabasse, la rythmique est excellente (Greenwood est un bassiste prodigieux) et Thom Yorke fait ce qu’il fait de mieux : brailler le mal-être par dessus le tumulte. C’est avec ce titre qu’on est entré dans l’album et qu’on a commencé à apprécier sa nature joueuse. Mais cela n’a pas duré malheureusement. La mise en sons (assurée par Nigel Godrich) est souvent plus complexe et sophistiquée qu’elle en a l’air, créant un climat très caractéristique du travail de Radiohead. Greenwood y poursuit son travail avant-gardiste sur le rapport entre les sons, entrelaçant picking organique et recours à des soutiens électro. A Light For Attracting Attention sonne ainsi assez vite comme un vrai faux album de Radiohead, plutôt ralenti et affecté (donc raté dans les grandes largeurs) mais qui nous offre quelques beaux moments de grâce comme Speech Bubbles ou le joli Free In The Knowledge, morceau qui fait (pour le meilleur) passer Radiohead pour des admirateurs absolus de… Coldplay. Leur postérité critique a fait des Oxfordiens un groupe pointu et moderne alors que leurs meilleurs morceaux sont mièvres et souvent très proches de la variété. On en a encore la démonstration ici.
A l’inverse, la prétention ne les mène jamais très loin. Le disque est empli de morceaux qui ne tiennent que sur des tics ou des coquetteries de production. On n’éprouve pas grand chose à l’écoute d’un Thin Thing faussement tordu, ou d’un truc aussi bidon que The Smoke. Si la texture du son et les arrangements fonctionnent comme un mirage et peuvent parfois impressionner, tout ceci sonne quand même bien vain et toc. A Hairdryer ne rime à rien et Waving The White Flag semble endormir jusqu’au chanteur lui-même. Il n’y a que les morceaux un peu plus uptempo qui gagnent à être écoutés à notre sens : le musculeux (mais assez bateau) We Don’t Know What Tomorrow Brings ne suffit pas à contrer la relative indifférence que soulève en nous le final Srkting on the Surface. C’est bien fait, il y a de la trompette et un petit mouvement sympa mais on ne se relèvera pas la nuit pour écouter ça.
Il a beau être porté par les membres forts de Radiohead, ce disque a du vide qui lui sort par tous les orifices. C’est une coquille creuse et remplie de vieux souvenirs qui ont un certain charme mécanique et nostalgique, mais qui n’a rien du joyau annoncé, l’équivalent d’un disque pour pizzéria CSP++ chic et tic.
02. The Opposite
03. You Will Never Work In Television Again
04. Pana-Vision
05. The Smoke
06. Speech Bubbles
07. Thin Thing
08. Open The Floodgates
09. Free In The Knowledge
10. A Hairdryer
11. Waving A White Flag
12. We Dont Know What Tomorrow Brings
13. Skrting on The Surface
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