On va mettre carte sur table, certains albums transcendent les styles et réussissent à prendre le meilleur pour aboutir à une quinte flush royale. Bring Backs d’Alfa Mist est de cette trempe-là. On trouve dans celui-ci avant tout un album de jazz avec de prime abord des cousinades en compagnie du hip hop. Le résumé ainsi est bien réducteur tant ce quatrième album d’Alfa Mist dégage un groove qui dépasse les genres. Les neuf titres relèvent d’un savoir-faire digne d’un orfèvre.
Dès l’introduction qui dure six courtes minutes, toute la richesse de cet album est susurrée à nos oreilles. Teki joue le rôle de premier catalyseur sans en avoir l’air. Du groove instrumental qui de-ci lâche des cuivres qui donnent du corps et de-là libère des cordes qui énergissent. Lui succède deux morceaux (People / Mind The Gap) où des voix jouent les compagnons de route. Que ce soit le timbre sans heurts de Kaya Thomas-Dyke, les scansions nu-soul de Lex Armor ou le débit spoken word d’Alfa Mist lui-même, l’addition se fait à bon escient. Le britannique amoncelle les blue note et crée une exploration musicale personnelle qui part dans différentes directions sans jamais oublier son point de départ. Même la dernière dose faite de mélancolie (Organic Rust) se veut paisible et spontanément profonde.
Comme pour les plus fins gourmets, Bring Backs relève des délices du monde. Il s’évertue à être un album pour les personnes atteintes de mélomanies. A cet égard, Alfa Mist rappelle avec ce patchwork sonore que le jazz reste un centre de gravité historique pour bon nombre de musiques noires anglo-saxonnes (ce qui englobe bien évidemment aussi le rock). Une belle œuvre qui mérite des écoutes attentives redondantes.