Parfois, il suffit de peu, un prénom partagé, pour éprouver pour un artiste une saine admiration, devenue un peu lointaine, mais sincère. On a appris ce 29 septembre la disparition forcément trop tôt, beaucoup trop tôt à 57 ans, d’Olivier Libaux, cheville ouvrière du collectif Nouvelle Vague et pionnier avec Jérôme Rousseaux d’une pop décomplexée qui tentait de rivaliser avec ses armes et dans sa langue avec les anglais au tout début des années 1990 au sein des Objets. A l’heure où Nouvelle Vague aurait dû achever une n-ième tournée américaine de nouveau annulée mais venait d’annoncer la reprise (pour de bon) de sa tournée anglaise pour début 2022, il laisse subitement Marc Collin, l’ensemble des chanteuses du collectif et plus largement famille et nombreux amis à leur peine, immense.
Nouvelle Vague, le sommet d’une carrière couronné d’un succès planétaire vraiment pas volé. Un concept simple : Nouvelle Vague = New Wave = Bossa Nova. Si la reprise de standards essentiellement britanniques (puis un peu américains) en mode bossa/easy listening sur les deux premiers albums apportait au milieu de la première décennie du siècle une jolie fraicheur véritablement iconoclaste, le concept, plutôt attrayant au début, semblait toutefois s’essouffler sur les albums les plus récents malgré quelques écarts stylistiques, quelques compositions originales ou encore l’usage abusif de madeleines francophones sur Couleurs Sur Paris, conviant la fine fleur de l’interprétation (Vanessa Paradis, Olivia Ruiz, Cœur de Pirate, Yelle, Emily Loizeau ou Julien Doré) à des reprises de standards cette fois bien de chez nous. Une touche française idéale pour l’export qui confirmait le statut international du groupe.
Mais avant d’en arriver là, Olivier Libaux aura d’abord été le compagnon de route de Jérôme Rousseaux, à présent plus connu sous le nom d’Ignatus, auteurs de deux formidables albums avec Les Objets, La Normalité en 1991 et Qui Est Qui ? en 1994. Une époque où l’on croyait encore dur comme fer qu’il était définitivement impossible de sonner comme les Smiths ou les Field Mice en français dans le texte. Une époque où cette musique de niche ne pouvait sortir au mieux que sur un gros indépendant mais qui voyait cet attelage débarquer sur l’immense Columbia avec un improbable titre plein de finesse et d’humour digne du Monochrome Set, La Saison Des Mouches. Une patte rigolote qui n’occultera jamais, fort heureusement, la grande finesse d’écriture et de composition du duo à qui l’on doit quelques-unes des plus belles chansons pop écrites en français.
30 années d’une vie musicale riche de rencontres et de réalisations, de compositions et d’arrangements soignés, d’idées bankables et de concepts osés comme cet album solo de reprises toute en finesse des balourds de Queen Of The Stone Edge. Olivier Libaux a rangé son tabouret et sa guitare, s’est couvert de son inséparable casquette et a rejoint le monde libre des morts pour devenir l’amant de l’infiniment grand. Mais ici, il manquera.
La publication hommage de Nouvelle Vague
Crédit image : © Facebook Nouvelle Vague
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