Armani Caesar / The Liz 2
[Griselda Records]

7.6 Note de l'auteur
7.6

Armani Caesar - The Liz 2Si de nombreuses voix critiquent maintenant ouvertement le label Griselda pour s’en prendre à sa manière si professionnelle et mécanique de fabriquer des artistes, des albums et du son autour d’une esthétique vaguement standardisée, ne pas s’arrêter sur le deuxième album de la princesse du nu rap, Armani Caesar serait une erreur.

Liz 2, suite de Liz paru en 2020, disque assemblé à peu près avec les mêmes acteurs, figurants et featurings, est l’un des meilleurs albums de rap de l’année. Les producteurs sont les mêmes mais la rappeuse sexy conduit le jeu et le flow avec une assurance et une détermination qui donne envie de se soumettre à ses désirs. Comme Armani Caesar est ici chaude comme la braise, on n’a pas de mal à se laisser faire et à se prendre ses punchlines de femme forte en pleine face avec les yeux écarquillés. Survival of The Littest est un fabuleux exercice d’affirmation, balancé sur un beat dark et répétitif. Armani Caesar n’a pas besoin de beaucoup d’effets spéciaux pour poser son flow et faire monter la température.

Sur Queen City, l’un des titres les plus smooths du disque, elle évolue avec grâce dans un écrin mi-funk mi-soul qui lui sied à merveille. La production pétille et la jeune femme brille entre sensualité et malice. Liz 2 parle sans surprise de sexe (pas mal), d’oseille (partout) et de célébrités. Ce n’est ni un grand pas en avant pour le rap US, ni pour l’image de la femme, mais la qualité des productions est telle qu’on ne s’ennuie jamais. Meth & Mary est délicieusement uptempo, relevant un cœur d’album tout de même un peu morne et parfois indistinct. La sophistication Griselda masque peut-être une tendance à la redite mais rend cette balade en plus de quinze temps tout à fait admirable et distrayante. Les cuivres sur First Wives Club sont sublimes et contrastent avec la crudité du lancement : « Nigger, i am not your bitch. » Le reste est à la fois hilarant et carrément porno avec des histoires de cunnilingus et de pipi dans la bouche. Gloups.

C’est dans cette liberté d’écriture que Armani Caesar surprend parfois, dissimulant sous une forme relativement apaisée et classique des punchlines vraiment vachardes ou très sèches. Quand Conway The Machine, le patron et fondateur du label, vient faire un tour, cela donne l’impeccable El Puro, chanson bravache et parfaite du début à la fin, où l’homme vient réclamer, sans grand succès, sa propriété sur la belle. C’est à la fois assez ambigu dans l’intention mais révélateur des mécanismes à l’œuvre. Griselda instrumentalise-t-il ce genre d’artistes ou leur permet-il d’exprimer leur personnalité ? On se gardera bien de répondre. Ce Liz 2 milite en faveur de la seconde réponse : c’est un remarquable exercice de style et un album bien léché et fabriqué, qui pourra aussi s’adresser à ceux dont les oreilles débutent dans le genre. Rien que pour ça, on le recommandera.

Sike, le final, n’est pas forcément représentatif du tout mais est tout bonnement irrésistible. « Cul doux comme du Play-Doh / La chatte sucrée comme du Banga… » C’est le retour du twerk et des culs « si gros qu’ils claquent des fesses quand on marche!« . Bienvenue en 2022.

Tracklist
01. Intro
02. Paula Deen
03. Diana
04. Skit
05. Mel Gibson
06. Hunnit Dolla Hiccup
07. Survival of The Littest
08. Queen City
09. Liz Clairborne Jr 1 & 2
10. Meth & Mary
11. Ice Age
12. First Wives Club
13. Big Mood
14. El Puro
15. That Money Maka
16. Snowfall
17. Sike
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