Bill Ryder-Jones / West Kirby County Primary
[Matador]

La musique n’est pas universelle mais les émotions qu’elle procure le sont. Entrer dans l’intimité d’un artiste qui sache, selon l’humeur d’une chanson ou d’un texte, chuchoter à son interlocuteur une histoire, son histoire ou celle d’autres, anonymes ou pas, en tout intimité, s’emportant, parfois, à bon escient, afin d’appuyer le propos… parce qu’il n’est pas toujours facile de garder son calme face aux écueils et intempéries de la vie…

Bienvenue dans l’univers de Bill Ryder-Jones, aussi Anglais que son nom l’indique mais dont le cœur a de toute évidence traversé les plaines arides du songwriting américain. Point ici de poésie exubérante, juste un storytelling simple, direct et touchant (Daniel). Sensible, personnel, tranchant, son répertoire n’est en rien un coup d’essai, juste un autre acte de bravoure musicale comme on les aime, au regard de son parcours déjà bien chargé. Comment passer à côté de l’exemplaire You Can’t Hide A Light In The Dark qui attaque comme une ballade syncopée, faussement bancale, le refrain entre en planant avant que le cœur ne s’emballe sans prévenir et reprendre son souffle avant de mettre un point final, sans effusion, à une histoire de cœur.

Aucune redite, aucune recette abusivement dupliquée. Chaque morceau emporte l’adhésion tant chaque piste est finement calibrée.

Inutile donc d’argumenter plus en citant ses frères d’armes au sein de The Coral ou aux côtés d’Alex Turner dans The Last Shadow Puppets car il ajoute ici un mélanges d’arômes à la Lou Barlow, Bill Callahan, Elliot Smith même (Wild Roses).

Plus intimiste et pourtant plus électrique, West Kirby County Primary se pare d’une tension émotionnelle là où A Bad Wind Blows In My Heart était plus éthéré, encore sous l’emprise de l’exercice de type B.O. (If… et A Leave Taking).

Bref l’antithèse d’un Destroyer en carton pâte naviguant dans l’auto contemplation et la pause orchestrée.