On faisait, il y a quelques jours à peine, la fine bouche devant le nouveau single des New-Yorkais d’Interpol. Toni laisse la place aujourd’hui à un deuxième titre, Something Changed, qui, tout en se situant dans une continuité (graphique et artistique) immédiate au premier morceau, nous amène déjà à réviser notre jugement.
S’il n’y a pas plus de mélodie et d’enjeux dans ce nouveau titre, il se passe de toute évidence quelque chose dans la façon dont Paul Banks chante, évolue et tourne autour d’une texture sonore hypnotique et étrangement mélancolique, qui (comme on dit) ne laisse pas indifférent. Something Changed est un titre downtempo qui rappelle l’univers cafardeux et abstrait des productions solo du chanteur sous le pseudonyme de Julian Plenti. La musique est habitée et l’ensemble hanté par des fantômes et des spectres qui confèrent aux longs aplats de guitares et de batterie syncopée une sorte de séduction brouillonne. Le texte ne livre, comme souvent chez Interpol, pas de clés immédiates à la compréhension du morceau :
Something changed / Oh I’ve got in / You may wanna stay back /
It’s not the same/ No sense in running/ For the sake of the old path /
No parade/ Nobody’s coming /
We’re all part of the same path
On pense à la poésie énigmatique d’un Michael Stipe des débuts, à ces phrases sibyllines mais à cette intuition que le message est fédérateur et nous réunit à… quelque chose de commun. Avec ce deuxième titre, Interpol nous remet, si pas dans sa poche, de son côté, comme si nos destins pouvaient à nouveau être liés. On espère presque découvrir le reste de l’album d’une traite et à sa sortie. Mais on est à peu près sûr que le plan média ne nous laissera pas sans nouvelles pendant trois mois. On y reviendra peut-être, mais pour ce The Other Side of Make-Believe, on est pas plus avancés.
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