Blaubird éclaire les champs de Niagara

Blaubird - Pendant que les champs brûlentC’est une reprise élégante et bien tenue qu’offre la chanteuse Blaubird, aka Laure Slabiak, de Pendant que les Champs Brûlent du groupe Niagara. Enregistrée et clippée pendant le confinement, cette reprise de cette chanson de 2010 est presque romantique et apaisée. L’originale avait été censurée (selon la légende) après sa sortie, parce qu’elle diffusait un sentiment d’angoisse et d’insécurité désagréable et contraire au sentiment national au moment de la Guerre du Golfe (la première). On ne se souvient plus de cet épisode.

A trente ans de distance, le texte sonne toujours juste et beau, qu’il soit interprété par Muriel Moreno ou d’autres de ses repreneurs, Gallus, Izia, Therapie Taxi ou Brigitte Fontaine. Blaubird y ajoute une délicatesse infinie et une sensibilité maternelle subtile qui renvoient aux sentiments de l’artiste : «  L’idée de cette chanson est venue pendant le confinement ; cette période d’étrangeté totale, me concernant en tous cas. Une période où le “présent” était étrangement très fort puisqu’on ne pouvait pas se projeter … je n’avais pas envie d’écrire ni de composer. L’important était d’être là ; juste là, disponible pour mes enfants ; et recréer un quotidien rassurant pour traverser cette période ; dealer avec les inquiétudes, l’ennui, l’insécurité, trouver la confiance, prendre des nouvelles, rassurer, inventer la suite …Alors, chanter une chanson qui fasse du bien. Redessiner d’autres contours. Pas mes mots mais avec ma voix. Pas notre musique mais les arrangements d’Olivier. Notre sensibilité dans une chanson qui n’est pas à nous. Oser vibrer à nouveau. Interpréter.Pourquoi cette chanson ? Une sorte de légèreté en première écoute. Un goût de fin d’adolescence. La chanson de mes 20 ans. Une histoire d’amitié. D’amour. De rires. Mais aussi de lutte. de larmes. de feu. de pulsions. De vie. »

Blaubird fait passer l’abri du cocon avant le danger qui l’entoure, l’idée que l’amour peut racheter le trouble et que l’issue serait favorable… ce qui n’était pas nécessairement la lecture première du titre. C’est l’apanage des grands morceaux de pouvoir se prêter avec une telle facilité aux interprétations multiples. Celle-ci n’est pas loin d’être la plus belle qu’on a entendue.

Des arbres se penchent
C’est plus fort, plus fort que tout
Accrochée aux branches
L’air me semble encore trop doux
Dans l’herbe écrasée, à compter mes regrets
Allumette craquée et tout part en fumée
Pendant que les champs brûlent
J’attends que mes larmes viennent
Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m’atteigne
Ce soir-là on s’est embrassés sans se parler
Autour de nous, le monde aurait pu s’écrouler
Les yeux cernés, des poussières dans les cheveux
Au long de mes jambes, la caresse du feu
Pendant que les champs brûlent
J’attends que mes larmes viennent
Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m’atteigne

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