On mentirait en disant qu’on tenait Richard H. Kirk pour l’un des génies musicaux de ces dernières quarante années. Mais tant au sein de Cabaret Voltaire, dont il était l’unique membre permanent depuis 1974, qu’à travers ses projets électro solo, dont l’indispensable Sandoz dont on a toujours été fan, le natif de Sheffield avait contribué à façonner par sa science des mélodies et son goût pour l’innovation synthétique (puis numérique) les sonorités cold wave et indus qui allaient imprégner durablement l’univers post-rock qui constitue notre fond de commerce depuis des décennies.
Premier groupe à sortir un disque sur l’alors tout jeune label Factory Records, Cabaret Voltaire passe au format LP chez Rough Trade/ Mute Records où il poursuit son activité jusqu’en 1982-83, avant d’y revenir ensuite pour un dernier round ces deux dernières années. Musicien et vidéaste, rouquin d’exception, Richard H. Kirk était un bidouilleur de génie et un précurseur des métissages entre musique et vidéo. Sur le plan strictement musical, il avait réussi à jongler avec une trentaine de pseudos et alias, multipliant en marge de Cabaret Voltaire, les projets collaboratifs, pour explorer tous les genres et sous-genres des musiques électroniques, de l’électro-funk, à l’electronica (il signa un excellent disque pour Warp Records) en passant bien sûr par la techno dont il est considéré comme l’un des précurseurs.
Le label Mute Records a annoncé le décès de Kirk, il y a quelques heures maintenant. Notre chanson préférée du groupe était Seconds Too Late. Trop tôt, cette fois-ci. Mais c’est toujours le cas.
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