Camp Claude chante (dirty) Old Downtown ou la malédiction divine

Camp Claude - Double DreamingHistoire de différer le plaisir, on s’était retenus jusqu’ici d’évoquer le futur album de Camp Claude, deuxième essai de la bande menée par Diane Sagnier, composée de Mike Giffts aka Rocket Mike et de l’ancien chevelu Suédois Léo Hellden. La sortie d’un premier véritable extrait accompagné d’un clip au charme contenu et assez irrésistible nous a fait craquer.

Double Dreaming sortira le 8 mars 2019. Il avait déjà été confirmé par un teaser à l’esthétique proche de la perfection et témoignant d’un contrôle artistique redoutable mais où les extraits musicaux nous laissaient plutôt en attente, trop enlevés ou criards, trop pop presque pour ce qu’on était prêts à recevoir. C’est cette déclinaison image, très américaine et conquérante, qu’on retrouve au cœur de l’assez génial et contemplatif Old Downtown. Camp Claude y apparaît sûr de ses forces. La chanson est magnifique. La mise en place bluesy est redoutable de simplicité et de force; la voix de Diane Sagnier écorchée y sonne d’un grain si riche qu’on en frissonne de plaisir. L’arrangement est sobre mais impeccablement travaillé pour épaissir le trait d’une couleur roots qui renvoie aux univers de Lynch (sur le plan esthétique) et d’un Chris Isaak féminin pour le son.

Côté clip, Sagnier qui réalise la chose joue avec beaucoup d’intelligence sur la fonction cinématographique en arrêtant littéralement le film pour en faire une succession de photos en mouvement. Sa beauté extraordinaire partout ailleurs est placée ici négligemment au centre du sujet telle une nature morte ou une pin-up historique, posée à l’arrêt et sans volonté de hâter la monstration. Le chemisier est boutonné haut, le short pas si court, les mollets coupés par le bain mais l’effet produit inversement proportionnel à ce qui est affiché. La guitare est arrêtée tandis que toute l’attention se concentre sur la mèche de cheveux qui se soulève dans le vent. Avec une sobriété exemplaire dans le traitement, l’effet érotique est aussi stupéfiant qu’intense, rapprochant (avec le soleil et les effets de lumière), la séquence du meilleur film américain de l’an dernier, Under The Silver Lake. Une femme, une piscine et c’est tout un univers qu’on active. C ‘est toute cette bizarrerie angelena qu’on retrouve ici : la sécheresse des déserts, des zones pavillonnaires (le fameux downtown) urbain et désolé, qui est rendu à la perfection.

Il aura suffi de très peu finalement pour qu’on se remette en tension et à espérer beaucoup d’un groupe au pouvoir de séduction quasi incontrôlable. Camp Claude est une malédiction divine.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots clés de l'article
, , ,
More from Benjamin Berton
Let’s Go : Tristesse Contemporaine fait sa (belle) rentrée
« I got all my friends and my people with me/ Everywhere I...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *