A chacun son BTS. On laissera donc à d’autres le soin de d’extasier devant une bande de beaux gosses coréens aux chorés endiablées pour se focaliser sur notre BTS à nous, vieux rockeurs indécrottables car c’est bien d’un autre bon vieux rocker indécrottable qu’il s’agit, Doug Martsch, seul à la tête de son inusable Built To Spill qui revient, 8 ans déjà après le presque pop et aérien Untethered Moon avec un nouvel album, When The Wind Forgets Your Name à paraitre à la rentrée. Un 8ème album studio qui sera son premier pour le légendaire label de Seattle, Sub Pop, comme une évidente rencontre et même un rêve de teenager pour le quinquagénaire qui a hanté des années durant de sa grande carcasse grunge les salons et les cocktails de chez Warner qui espérait sans doute refaire le coup de Nirvana chez Geffen. Pari osé, pas complétement gagné mais loin d’être perdu car si Built To Spill n’a jamais vraiment explosé, il faut souligner la fidélité de la major envers un groupe qui a pu y réaliser 7 albums (plus un solo de Doug Martsch) dans une grande liberté de ton pour s’imposer comme un incontournable du rock américain que l’on peut difficilement nommer « indépendant » après 20 années passées chez le géant d’Hollywood. Comme quoi, les étiquettes…
Gonna Lose est une de ces petites bombes punk rock dont Doug Martsch connait le secret de fabrication par cœur : une petite ritournelle facile à retenir soulignée par sa voix toujours aussi haut perchée sur laquelle se déchainent guitares et rythmique lourde comme un orage tropical. Ça tombe bien, le backing band pour ce nouvel album est brésilien. Seul aux commandes de son projet, Martsch prend néanmoins soin à chaque album de faire de Built To Spill une impeccable machine collaborative qui explore des variantes du rock sans cesse renouvelée dans la forme tout en conservant par son chant, son écriture et son jeu de guitare une véritable unité disque après disque. C’est donc à Rio de Janeiro qu’il a été retrouver en 2018 Le Almeida et João Casaes, membres du groupe psyché jazz Oruã dont il venait de tomber littéralement amoureux. Un retour aux racines de la production indépendante pour une collaboration stoppée nette par la pandémie mais de laquelle est né cet album qui s’annonce particulièrement dense.
La vidéo de Gonna Lose nous entraine d’ailleurs dans un univers incroyablement luxuriant et psychédélique. Film d’animation réalisé par Jordan Minkoff et Lee McClure, il nous transporte sous acide jusqu’au cœur de la forêt amazonienne à la rencontre d’incroyables créatures qui ravivent le souvenir d’une autre authentique folie psychédélique, le célébrissime Love Is All de Roger Glover And Guests.
When The Wind Forgets Your Name sortira le 9 septembre sur Sub Pop.