Death In Vegas / Transmission
[Drone]

8 Note de l'auteur
10 Note de Matthieu Malon
9

Death in Vegas - TransmissionDepuis le premier album de Death In Vegas (Dead Elvis, 97), Richard Fearless est le plus punk des électroniciens. Pas tant à cause de sa musique (terriblement accessible, même dans ses nombreux retranchements) que dans une sempiternelle nécessité à casser la machine, à remettre les compteurs à zéro, à envoyer chier les apôtres de Aisha et Dirge (morceaux les plus célébrés de Richard). Un disque de Death In Vegas n’en fait qu’à sa tête, selon des humeurs n’ayant rien d’autarcique.

Avec Richard Fearless, le fan ne sait à quoi s’attendre. Ce dernier n’est pourtant jamais surpris : le virement à 180° signifiant la clause sine qua non de chaque production estampillée Death In Vegas.

Sans étonnement, Transmission, après l’assez aguicheur Trans-Love Energies (aguicheur, dans un contexte Fearless), reproduit l’effet Satan’s Circus (également sur Drone) : un disque d’enfermement qui revient sur des bases house et tech, comme un besoin de se désolidariser des intimidantes louanges, comme un souhait visant à retrouver le seul home valable : la solitude.

Cloisonné entre-soi et avec soi-même, Transmission, comme de coutume chez Richard Fearless, ne possède rien d’hermétique. Le compositeur a beau s’abreuver dans une source très disciplinée, très pointue (le minimalisme intransigeant, l’épure électro à fonction berlinoise), rien à faire : le corps domine toujours l’intellect. Pas un hasard si Sasha Grey (meilleure actrice de cul des quinze dernières années) squatte vocalement la quasi-intégralité des nouveaux titres : Transmission est une œuvre de chambre close, d’intimité sexuelle.

En ouverture, Metal Box (l’anti PIL) ressemble à une longue (onze minutes) tentative d’approche hormonale. Consequences Of Love, comme indiqué, décrit le premier stade du consentement mutuel : les préliminaires, chauds, précis, biologiques. Le titre Transmission (lui aussi explicite dans son intitulé) renvoie à la pénétration ; et Mind Control (se concentrer pour faire durer le moment) retarde l’orgasme et l’éjaculation. Ensuite ? La pause clope, la petite demi-heure nécessaire avant de remettre le couvert de façon plus ludique, moins stressée (Sequential Analog Memory).

Chez Death In Vegas, le calcul stratégique, la logistique des modes, la moindre conscience d’une quelconque discographie exemplaire, tout cela n’existe pas. Richard Fearless est typiquement le genre de névrosés craignant les dithyrambes, l’exposition culte, l’halo légendaire comme la reconnaissance encyclopédique. À l’abri du « qu’en dira-t-on », il compose comme il le sent, avec une honnêteté permettant à Death In Vegas, bientôt vingt années depuis sa création, de toujours caracoler en tête des « plus grands groupes du monde » (mais de cela, Richard s’en fout ; et il a bien raison).

Tracklist
01. Metal Box
02. Consequences of Love
03. Transmission
04. Mind Control
05. Flak
06. Sequential Analog Memory
07. Arise
08. Strom
09. You Disco I Freak
10. Transwave
Ecouter Death In Vegas - Transmission

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